LAVAL VIRTUAL : l’expert incontesté de la réalité virtuelle
Laval Virtual fête ses 20 ans. Quelle a été la genèse du projet ?
Dites-nous en plus sur le chemin parcouru pendant cette vingtaine d’années ?
Le projet est né de l’initiative du maire de la ville de Laval, François d’Aubert, qui était aussi ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur de l’époque à la fin des années 90.
Laurent Chrétien (87)
©Jean-Charles Druais
Laval était alors une petite ville rurale, axée sur l’industrie agroalimentaire où l’innovation n’était pas une véritable priorité, même si le territoire accueillait plusieurs industries de sous-traitance mécanique et automobile. François d’Aubert pour développer et promouvoir l’innovation dans la ville a décidé de se focaliser sur une technologie émergente de l’époque : la réalité virtuelle.
Ainsi, à la fin des années 90, et avec le soutien continu depuis du Département et de la Région, il a créé une première association, CLARTÉ, qui est un Centre de Ressources Technologiques et un pôle d’experts et d’ingénieurs spécialisés en réalité virtuelle, et une seconde association, Laval Virtual, qui est l’outil de valorisation, de communication, de notoriété et d’attractivité en lien avec les technologies de réalité virtuelle.
En fait, c’est un véritable triptyque de développement économique qui s’est mis en place avec ces deux associations et la technopole existante qui a pour mission d’accompagner et d’incuber des start-ups.
L’association CLARTÉ a été inaugurée par le Président Chirac et a été le premier lieu en Europe à être doté d’un « cave », le premier outil qui permet de faire de la réalité virtuelle en Europe.
Très rapidement, ces changements ont impulsé une dynamique qui a permis l’implantation sur le territoire d’autres laboratoires de recherche et d’écoles d’ingénieurs comme celle des Arts et métiers avec un programme de master dédié, l’ESIEA, l’ESTACA… À cela se sont progressivement ajoutées des entreprises qui ont fait le choix de venir également s’implanter sur le territoire de Laval.
Aujourd’hui, notre écosystème compte plus de 30 entreprises qui opèrent et travaillent dans le domaine de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Cette combinaison d’acteurs et d’organisations diverses confère à Laval la plus forte concentration d’acteurs, d’expertise et de talents pour ces deux technologies dans le monde.
Laval est de plus en plus attractive et, d’ailleurs, au cours des derniers mois, nous avons attiré quatre nouvelles entreprises internationales : deux chinoises, une canadienne et une tunisienne. En effet, notre stratégie de développement s’est fortement appuyée sur notre choix de nous hyperspécialiser en nous positionnant sur ces technologies émergentes et hautement innovantes.
Mais Laval, c’est également un salon professionnel, qui fête ses 20 ans en 2018…
Le salon a vu le jour en 1999. Au fur et à mesure des années et des développements, nous nous sommes imposés comme le salon de référence mondiale pour les usages des technologies du virtuel.
Au départ, la mission de l’association Laval Virtual était uniquement d’organiser le salon. Depuis 3 ans, le périmètre d’action de Laval Virtual s’élargit et couvre désormais l’organisation d’autres activités événementielles en France et à l’international (Chine), ainsi que la gestion et le développement du Laval Virtual Center.
Laval Virtual est le plus ancien et le plus important salon au monde dédié à la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Plus de la moitié des surfaces du salon sont occupées par des exposants étrangers : l’an dernier 45 pays étaient représentés. Laval Virtual est un salon international dont la langue est évidemment l’anglais.
Pour l’édition 2017, nous avons accueilli plus de 240 exposants et 18 000 visiteurs. Et pour 2018, nous savons d’ores et déjà que nous allons dépasser la barre des 300 exposants et des 20 000 visiteurs.
Que faut-il attendre de la prochaine édition qui aura lieu début avril 2018 ?
La stratégie de développement du salon est basée sur la réunion de l’ensemble de l’écosystème international de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Afin de réunir et d’agréger ces acteurs, nous organisons différentes compétitions et sous-événements pour pouvoir toucher tous ceux qui font, feront et utilisent ces technologies.
Le monde académique avec une compétition annuelle, « Révolution », dédiée aux laboratoires et aux universités à laquelle participent de brillants thésards du monde entier et qui présentent des projets de recherche aboutis avec un prototype fonctionnel qui pourra être commercialisé à horizon 5 ou 7 ans.
Il y a aussi un concours pour les start-ups pour sélectionner les meilleurs éléments qui pourront exposer au salon.
À cela s’ajoute un concours de studio de production avec des contenus en réalité augmentée et virtuelle et un forum d’investissement, une place de marché facilitant la mise en relation avec des investisseurs. Enfin, participent aussi à l’événement de grands comptes comme HTC, Sony, Samsung, Microsoft et nous devrions accueillir également Google et Facebook cette année.
Pour mettre l’eau à la bouche, nous allons accueillir aussi la première expérience de réalité virtuelle sous-marine (en piscine bien réelle !) et nous lançons le premier festival d’art au Monde dédié à ces technologies avec au moins une vingtaine d’œuvres d’artistes internationaux qui seront exposées.
En parallèle, aujourd’hui, ces technologies — réalité virtuelle et réalité augmentée — sont en train d’atteindre une véritable maturité. Qu’en est-il exactement ?
En effet, elles sont de plus en plus utilisées dans divers domaines d’activités : la santé, l’industrie, la formation, la communication, l’immobilier, l’automobile, l’aéronautique, les énergies et infrastructures…
Nous couvrons ces domaines grâce à un riche programme de conférences et de tables rondes durant tout le salon Laval Virtual pour aider les entreprises et leurs décideurs à mieux comprendre les valeurs ajoutées de ces technologies dans leurs métiers.
Concrètement, comment cela se traduit-il ?
Les premiers « caves » dans les années 2000 étaient dédiés aux industries qui avaient besoin de s’appuyer sur un prototype pour valider un concept comme l’automobile ou l’aéronautique.
Parce que le prototype physique était extrêmement onéreux pour ces industries, elles se sont tournées vers la simulation numérique 3D temps réel, qui permet très facilement de changer le design, la couleur, la texture, la forme, une alternative infiniment plus compétitive et rapide que la maquette réelle.
Il en est de même dans le monde de l’immobilier. Il est plus facile pour un architecte, par exemple, de concevoir ou présenter en utilisant des modèles 3D temps réel. Cette technologie offre la possibilité de réduire les erreurs de conception qui peuvent impacter de manière critique les coûts. Et dans le domaine de la promotion immobilière, les commerciaux peuvent se passer d’un appartement- témoin pour vendre avant la finalisation d’un projet.
La réalité augmentée ouvre des perspectives immenses en termes de formation. Par exemple, Orange a recours à la réalité augmentée pour former ses techniciens dans le déploiement de la fibre très haut débit. Cette technologie permet de gagner significativement du temps de formation, de déployer massivement les contenus de ces formations sur des tablettes ou smartphones et de les utiliser également en intervention pour « réviser ».
Dans le monde du sport, la réalité virtuelle permet de s’intéresser aux gestes du sportif pour les analyser et les améliorer, aux tactiques pour les répéter à l’infini.
Enfin, elle est aussi appliquée au monde de la santé et plus particulièrement, elle est utilisée lors d’opérations chirurgicales : grâce aux lunettes de réalité augmentée, le geste du médecin est amélioré et la préparation de l’intervention optimisée.
LA RÉALITÉ VIRTUELLE EST AUSSI UTILISÉE DANS LE MONDE DE LA SANTÉ ET PLUS PARTICULIÈREMENT LORS D’OPÉRATIONS CHIRURGICALES. GRÂCE AUX LUNETTES DE RÉALITÉ AUGMENTÉE, LA PRÉPARATION DE L’OPÉRATION EST OPTIMISÉE ET LE GESTE DU MÉDECIN EST FACILITÉ.
Dans un contexte d’accélération des usages de ces technologies, quel est le rôle du Laval Virtual Center ?
Le Laval Virtual Center est un bâtiment de 3 200 m2 dédié à l’innovation : même si nous faisons de l’innovation software, hardware, notre principale mission est d’accompagner les entreprises et d’augmenter leur capacité à intégrer les technologies de réalité virtuelle et réalité augmentée dans leur processus.
Nous développons 4 grands services pour les entreprises et organisations : veille technologique et sectorielle, sessions de créativité, formation continue et conseil et assistance à maîtrise d’ouvrage. Destinés aux formateurs et managers des entreprises, nos modules de formation continue permettent aux stagiaires de parfaitement appréhender les applications de ces technologies dans leurs métiers, d’en comprendre la valeur ajoutée, de calculer les ROI, de rédiger les spécifications, et de connaître les acteurs en présence. Nous organisons aussi des sessions de créativité.
Elles se déroulent sur une journée. Accompagnées d’animateurs et d’experts en VR-AR, les entreprises ont la possibilité de s’approprier rapidement ces technologies, et de générer des pistes concrètes d’utilisation à mettre en oeuvre.
À cela s’ajoute un service de conseil ou d’accélération technologique à travers lequel nous accompagnons les entreprises en assistance à maîtrise d’ouvrage ou direction technique déléguée pour le développement de leurs projets.
En fonction du niveau de complexité du projet, nous pouvons les accompagner à travers la mise en place d’une preuve de concept (POC), l’élaboration d’un cahier des charges spécifiques ou encore la conduite des appels d’offres, et ce, en toute neutralité vis-à-vis des fournisseurs de solutions.
Enfin, nous disposons d’un service de veille allant de la constitution d’états de l’art importants à la diffusion de newsletters très pointues chaque semaine sur plus d’une vingtaine de thématiques sectorielles différentes avec des cas d’usage, les dernières nouveautés…
Et pour conclure ?
Alors que la réalité augmentée et la réalité virtuelle deviennent de plus en plus matures, que les outils sont de moins en moins chers (un bon casque de réalité virtuelle coûte environ 1 000 euros et de bonnes lunettes de réalité augmentée coûtent entre 2 500 et 3 000 euros), leur diffusion va s’accélérer dans toutes les entreprises, tous les métiers et tous les secteurs d’activité… Les fournisseurs proposent de plus en plus de solutions clé en main.
Dans ce cadre, le Laval Virtual Center dispose d’acteurs neutres, d’experts spécialisés, qui aident les entreprises à générer et concevoir les bons usages et faire les bons choix en termes d’équipements, de solutions logicielles, de prestataires pour les applicatifs.
CHIFFRES CLÉS
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Créé en 1999
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20 éditions
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19 collaborateurs
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Un chiffre d’affaires de 2,8 M€ HT
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25 partenaires
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Le nombre de participants et d’exposants est en hausse de +20 % par an depuis 5 ans
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En 2018, 300 exposants et 20 000 visiteurs
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Des exposants emblématiques : HTC, Microsoft, Dassault Systèmes, Samsung, Thales, Immersion, Barco, Christie, Dell, HP, EON Reality, GIE VR Connexion