L’aviation régionale, un marché aux multiples facettes
ATR est aujourd’hui reconnu comme le leader incontesté du marché de l’aviation régionale. Dites-nous-en plus sur votre positionnement ?
Nos avions turbopropulseurs sont opérés par plus de 200 compagnies dans une centaine de pays. Les ATR sont, par ailleurs, les avions de moins de 90 places les plus vendus au monde. Nos appareils sont reconnus pour leurs per formances environnementales, économiques, ainsi que leur flexibilité opérationnelle.
En comparaison à un jet régional de même capacité, l’ATR 72 va, par exemple, consommer moitié moins de carburant et rejeter ainsi 50 % de CO2 de moins dans l’atmosphère, étant moins bruyants, ils sont exploitables dans les aéroports urbains.
Autre particularité de nos avions : ils sont capables de se poser là ou des jets régionaux ou d’autres turbopropulseurs ne peuvent pas atterrir. En 2017, nos avions ont permis la création de plus de 150 nouvelles routes dans le monde entier.
Depuis votre arrivée à la tête d’ATR Aircraft en 2016, quels sont les principaux sujets qui vous ont mobilisés ?
Notre défi quotidien est essentiellement commercial. Depuis 2016, nous avons connu de beaux succès avec une commande de 50 appareils passée par IndiGo, la principale compagnie indienne privée. Nous avons aussi réussi à pénétrer le marché iranien post-embargo avec une commande de 20 appareils pour Iran Air.
Et après plus de 20 ans, nous sommes sur le point d’introduire les premiers ATR neufs sur le sol nord-américain.
L’innovation est l’autre axe stratégique. En 2017, au-delà de l’amélioration permanente du produit et des services, nous avons lancé le seul avion régional neuf en configuration cargo. Nous livrerons les premiers dès 2020 à FedEx qui en exploitera à terme des dizaines. Avec l’accélération du e‑commerce, l’ATR cargo sera un succès !
D’autres innovations majeures sont en préparation, notamment une version adaptée aux pistes ultras courtes ainsi que l’utilisation de la réalité augmentée, technologie directement issue des avions de chasse permettant d’opérer dans des conditions de visibilité réduite.
Sur ce marché en pleine croissance, quels sont vos principaux axes stratégiques ?
Le turbopropulseur est l’outil de transport le plus socialement responsable. Nous devons ancrer cette perception. Ainsi, sur les deux prochaines décennies, nous prévoyons un marché pour 2 800 turbopropulseurs.
Par ailleurs, la Chine est en passe de devenir le 1er marché de transport aérien or, le transport régional y est encore sous-développé. Beaucoup d’obstacles demeurent, à nous de les vaincre ou de les surpasser pour pénétrer ce marché d’1,4 milliard d’habitants au potentiel de développement économique, surtout dans les régions les plus reculées.
Qu’en est-il des enjeux qui persistent ?
La pénurie de pilotes, indéniablement ! Conscients de cet enjeu, nous investissons massivement dans les outils de formation au travers de l’achat de nouveaux simulateurs à Paris, Toulouse et Miami. Fin 2018, une vingtaine de simulateurs d’ATR — 600 seront disponibles à travers le monde.
En parallèle, nous travaillons avec l’ENAC sur un programme de formation de cadets pour permettre aux pilotes débutants d’atteindre la qualification de type ATR en 2 ans.
Enfin, contrairement à une perception bientôt obsolète, les avions à hélices turbopropulsés sont déjà le futur ! L’hélice est le moyen de propulsion le plus efficient et c’est cette efficience qui demeure l’objectif majeur des recherches entreprises sur les technologies disruptives comme l’hybridation ou le tout électrique qui permettront à terme de propulser l’avion régional de demain.
Et oui, les hélices sont le futur !