Le bâtiment des bachelors sort de terre
Alors que la première promotion des bachelors est en deuxième année, le bâtiment qui leur est destiné arrive à la fin de sa première année de chantier. La Jaune et la Rouge est allée visiter ce chantier aux défis multiples dont celui de la livraison pour la rentrée 2019.
C’est un chantier serré en termes de planning, mais passionnant aux dires de nos hôtes Alix Miron, conductrice principale du chantier, et Sébastien Roze, de la direction du patrimoine immobilier (DPI) et conducteur d’opérations de l’École. Fin 2015, décision est prise de lancer la construction d’un bâtiment pour les bachelors. En avril 2016, le projet est lancé, et, après les phases de négociation de septembre 2016 à juillet 2017, c’est le projet Legendre qui est retenu.
Tout pour des bachelors heureux
L’ouvrage qui nous est présenté relève fièrement plusieurs défis, tant du point de vue technique qu’écologique, sans oublier un objectif important, le bien-être des étudiants. Jugez plutôt. Au rez-de-chaussée sont prévus un grand foyer, lieu convivial et festif, un studio de musique avec trois studios de répétition et un studio d’enregistrement, des bureaux associatifs pour les futurs « binets » des bachelors, des locaux techniques et administratifs pour le BDE, la scolarité des bachelors… Aux étages suivants – il y en a six en tout –, on trouvera des chambrées conçues comme des appartements de colocation de quatre élèves, où chaque chambre a ses propres sanitaires autonomes. Chaque appartement a une cuisine que les élèves se partageront et dans laquelle ils pourront se retrouver. Parmi ces chambrées sont prévus aussi quinze espaces collaboratifs de rencontre : sept fermés, des salles de travail ; huit ouverts, dans le prolongement du couloir, avec des fauteuils pour permettre aux étudiants de discuter entre eux, en plus du grand foyer. Ces espaces collaboratifs auront accès à deux niveaux, pour permettre les relations entre les étages, pour limiter au maximum l’isolement des étudiants, défaut qui a été un peu souligné pour les premiers bâtiments des X. Tout est pensé pour favoriser le brassage des étudiants.
Originalité et performance
Le chantier a été contraint par la proximité immédiate du radar de l’aviation civile de Palaiseau : cela a obligé à limiter la hauteur des bâtiments (six étages quand même…) et a aussi obligé à limiter la hauteur des grues de chantier. En termes d’architecture, les panneaux préfas qui sont des prémurs sont un parti pris architectural original. Ils arrivent déjà lasurés et déjà aux bonnes couleurs. Les ensembles sanitaires des chambres arrivent eux aussi préfabriqués. Il n’y a plus que les raccordements à faire. Bien que partiellement en kit, cette maison n’est pas en carton. L’isolation phonique et l’acoustique ont été étudiées pour que le foyer ne gêne pas les étudiants à l’étage supérieur. Les panneaux préfabriqués comportent une isolation thermique très poussée. Pour arriver aux garanties de performance énergétique, de nombreux dispositifs ont été mis en place. Les eaux de pluie seront réutilisées pour l’arrosage, pour les sanitaires communs et pour la laverie. Toutes les eaux grises (les eaux qu’on fait couler dans le lavabo) serviront à chauffer les eaux chaudes sanitaires. Toutes ces options ne sont pas des obligations dues à des normes en vigueur mais sont un vrai choix de la conception, un contrat avec une garantie de performance énergétique. Enfin, un parking souterrain est prévu sur l’ensemble de l’emprise des bâtiments.
Objectif maintenu
Sur le chantier, soixante ouvriers sont à pied d’œuvre. Le planning serré est un facteur de complexité mais aussi une opportunité qui demande de beaucoup anticiper les phases de la construction. Et pour Sébastien Roze, pas question de surseoir à la livraison prévue pour la rentrée 2019 : « C’est un challenge, il faut finir le programme initial qui a été pensé, réfléchi et il faut que tout le monde soit satisfait d’avoir un bel équipement qui réponde à toutes les demandes. » Rendez-vous en septembre pour l’inauguration.
Entretien avec Alix Miron, conductrice principale de travaux chez Legendre
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le bâtiment ?
Ça fait huit ans maintenant, six ans chez Legendre.
Ça vous plaît ?
Beaucoup, c’est un métier qu’on ne peut faire que par passion. Le fait de monter un bâtiment comme ça à partir d’un terrain vide, de se dire que c’est un bâtiment qui va être un lieu de vie, j’aime beaucoup.
Est-ce que le fait d’être une femme sur le chantier pose problème ?
Aujourd’hui aucun. Le monde du bâtiment a évolué. En réunion, les femmes sont bien présentes, à mon poste, un peu moins, mais des plus jeunes que moi, il y en a beaucoup, je suis un peu dans le début de la génération. Je suis une femme avec une vie de famille, je gère très bien les deux. Et en relations humaines sur le chantier, si on connaît bien son métier, ça se passe bien. J’ai des défauts et des qualités comme n’importe qui. Mais ça n’est pas moi qui fais les travaux physiques.
Quel est votre parcours, quelles études avez-vous faites ?
Je suis allée en prépa PCSI puis j’ai intégré une école d’ingénieurs, dans le bâtiment, l’ESTP. Après deux ans dans une première entreprise, je suis entrée chez Legendre.
Donc le bâtiment vous intéressait depuis longtemps ?
Je voulais aller dans le bâtiment mais avec le recul, je me rends compte que j’ai découvert ce que c’était sur le terrain. Quand j’ai commencé dans le bâtiment, je pensais y travailler deux ans en me disant que ce ne serait pas conciliable avec une vie de famille, mais finalement, ça s’équilibre. Et cet équilibre est très important car il me permet de garder la tête froide pour coordonner les phases du chantier, car si moi je n’ai pas de recul, personne ne l’a. Je suis celle qui est censée avoir le plus de recul.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ?
Les relations humaines. La technique, c’est très important mais pour moi, un chantier, c’est une histoire d’hommes. C’est avec l’intelligence humaine qu’on arrive ou pas au résultat ; on voit progresser les gens, je vois se transformer des jeunes. Je rencontre le maître d’ouvrage, l’architecte qui ne va pas avoir le même profil, les peintres sur le chantier, etc. C’est très riche humainement.
Ça ne vous dérange pas le froid, la pluie, l’hiver, le mauvais temps ?
On se couvre ! Je ne pourrais pas être dans un bureau toute la journée de toute façon. Et être à l’extérieur, ça fait partie de mon équilibre.
Y a‑t-il d’autres femmes sur le chantier ?
Non, pas dans mon équipe. Mais une stagiaire va venir en février. Chez Legendre, il y en a d’autres, plutôt plus jeunes que moi.
Propos recueillis par Alix Verdet