Le biodiesel au Brésil

Dossier : Le BrésilMagazine N°626 Juin/Juillet 2007
Par Diogo SILVA (01)

Le secré­taire d’É­tat adjoint amé­ri­cain char­gé des Amé­riques, et l’am­bas­sa­deur bré­si­lien auprès de la Mai­son-Blanche, Anto­nio Patrio­ta, annon­çaient début mars 2007 à Washing­ton la créa­tion d’un Forum inter­na­tio­nal des bio­com­bus­tibles incluant les États-Unis, le Bré­sil, la Chine, l’Inde, l’A­frique du Sud et l’U­nion euro­péenne. En prin­cipe pen­dant un an, le Forum sera un lieu d’é­change d’in­for­ma­tions et d’ex­pé­riences. Il se pen­che­ra sur l’é­la­bo­ra­tion de stan­dards inter­na­tio­naux pour l’u­ti­li­sa­tion de bio­com­bus­tibles comme éner­gie de sub­sti­tu­tion par­tielle du pétrole. […] Source : LatinReporters

Qu’est-ce que le biodiesel ?

Le bio­die­sel est le com­bus­tible obte­nu à par­tir d’une mix­ture entre le die­sel d’une part et l’es­ter d’huiles végé­tales d’autre part : voir ci-des­sous la réac­tion chi­mique entre l’al­cool (éthanol/méthanol) et une huile végé­tale cata­ly­sée par un acide.

Les alter­na­tives pour la pro­duc­tion de l’huile végé­tale sont diverses et peuvent être obte­nues en fonc­tion des espèces culti­vées dans chaque région du Bré­sil. Actuel­le­ment, 90 % de la pro­duc­tion d’huile végé­tale au Bré­sil pro­vient du soja. Pour­tant, il existe d’autres cultures qui peuvent être uti­li­sées pour la pro­duc­tion de l’huile végé­tale telles que : tour­ne­sol, caca­huète, coton, den­dê, coco, baba­çu, mano­ma, colza.

Pour l’al­cool, le plus uti­li­sé est l’é­tha­nol qui est fabri­qué à grande échelle à par­tir de la canne à sucre avec un coût très compétitif.

Le bio­die­sel peut être uti­li­sé comme com­bus­tible pur ou comme com­plé­ment au die­sel extrait du pétrole : la nomen­cla­ture BX est uti­li­sée pour indi­quer la quan­ti­té de bio­die­sel dans le com­bus­tible, par exemple B5, B20 et B100 sont des com­bus­tibles avec 5 %, 20 % et 100 % de bio­die­sel pur. L’un de ses avan­tages par rap­port aux autres com­bus­tibles éco­lo­giques, comme le bio­gaz, est sa ver­sa­ti­li­té pour s’a­dap­ter aux moteurs des voitures.

Avantages et désavantages du biodiesel

Le bio­die­sel est une alter­na­tive aux com­bus­tibles obte­nus à par­tir du pétrole car il est un com­bus­tible renou­ve­lable. Et son uti­li­sa­tion nous offre des avan­tages éco­lo­giques, éco­no­miques et sociaux.

Du point de vue éco­lo­gique, l’un de ses prin­ci­paux avan­tages est la réduc­tion des émis­sions de gaz pol­luants. D’a­près des études de l’u­ni­ver­si­té de São Pau­lo, le rem­pla­ce­ment de l’huile die­sel miné­rale par le bio­die­sel entraîne une réduc­tion de 20 % du soufre et 9,8 % de l’an­hy­dride carbonique.

L’u­ti­li­sa­tion des huiles végé­tales comme source d’éner­gie et la pro­duc­tion de bio­die­sel apportent des avan­tages à la socié­té, car ils génèrent des oppor­tu­ni­tés dans l’in­dus­trie. Du point de vue tech­nique, le bio­die­sel pré­sente un risque d’ex­plo­sion très faible puis­qu’il néces­site une source de cha­leur supé­rieure à 1 500 ºC ; ceci faci­lite son trans­port et son sto­ckage. De plus, un autre point en sa faveur est l’aug­men­ta­tion de l’offre des espèces d’huiles végé­tales, qui sont très impor­tantes dans l’in­dus­trie alimentaire.

Le bio­die­sel pos­sède une vis­co­si­té plus éle­vée que le die­sel, ce qui peut cau­ser des pro­blèmes au moment de l’in­jec­tion du com­bus­tible. Un autre pro­blème est que le coût de pro­duc­tion du bio­die­sel est plus éle­vé que le coût de pro­duc­tion du die­sel : le prix du bio­die­sel est esti­mé à R$ 1,76/litre tan­dis que le die­sel est à R$ 1,45/litre.

La mise en œuvre du biodiesel au Brésil

À cause de son exten­sion ter­ri­to­riale et ses bonnes condi­tions cli­ma­tiques, le Bré­sil est le pays plus appro­prié à l’ex­ploi­ta­tion de la bio­masse pour la pro­duc­tion d’éner­gie. Ain­si plus de 140 mil­lions d’hec­tares peuvent être uti­li­sés pour l’agriculture.

Plu­sieurs espèces d’huiles végé­tales qui sont culti­vées au Bré­sil peuvent être uti­li­sées comme matière pre­mière dans la pro­duc­tion du bio­die­sel, par exemple le soja, le tour­ne­sol, le mamo­na et le den­dê. Le tableau sui­vant contient quelques carac­té­ris­tiques de la pro­duc­tion d’huile végé­tale en uti­li­sant diverses espèces.

Actuel­le­ment le soja est res­pon­sable pour 90 % de la pro­duc­tion bré­si­lienne d’huile végé­tale. Pour cette rai­son, le soja est aujourd’­hui le prin­ci­pal moyen de satis­faire la demande de biodiesel.

Espèces Ori­gine Quan­ti­té d’huile (%) Cycle Max (année) Mois de moisson Ren­de­ment (tonne/surface)
Den­dé (Pal­ma) Amande 20 8 12 3,0 – 6,0
Avo­cat Fruit 7 – 35 7 12 1,3 – 1,5
Coco Fruit 55 – 60 7 12 1,3 – 1,9
Baba­çu Amande 66 7 12 0,1 – 0,3
Tour­ne­sol Grain 38 – 48 Annuel 3 0,5 – 1,9
Colza/Canola Grain 40 – 48 Annuel 3 0,5 – 0,9
Mamo­na Grain 43 – 45 Annuel 3 0,5 – 0,9
Caca­huète Grain 40 – 43 Annuel 3 0,6 – 0,8
Soja Grain 17 Annuel 3 0,2 – 0,4
Coton Grain 15 Annuel 3 0,1 – 0,2

L’avenir et pour conclure

Il existe une ten­dance crois­sante à aug­men­ter la consom­ma­tion du bio­die­sel. Les trai­tés inter­na­tio­naux pour la réduc­tion de l’é­mis­sion de pol­luant et la prise de conscience des pays ont contri­bué à la crois­sance de la pro­duc­tion du biodiesel.

L’a­gri­cul­ture est le deuxième sec­teur au Bré­sil ayant la capa­ci­té d’en­gen­drer des emplois. D’a­près le BNDES, envi­ron 200 000 emplois peuvent être créés grâce au capi­tal qui pour­rait être investi.

Le bio­die­sel repré­sente la créa­tion d’un nou­veau mar­ché pour les huiles végé­tales et l’al­cool. La créa­tion d’un mar­ché alter­na­tif pour ces pro­duits entraî­ne­ra une sta­bi­li­té du prix de l’al­cool et des huiles végétales.

Le coût de pro­duc­tion du bio­die­sel, plus éle­vé que le die­sel, est encore un pro­blème. Pour rendre viable sa pro­duc­tion, il est néces­saire que le gou­ver­ne­ment inter­vienne avec des subventions.

Pour conclure, à cause de son coût de pro­duc­tion encore éle­vé, le bio­die­sel ne peut pas rem­pla­cer le die­sel mais son uti­li­sa­tion comme com­plé­ment du die­sel (par exemple les B5, B20 qui ont un coût moins éle­vé que le bio­die­sel pur) peut appor­ter des béné­fices remar­quables au pays avec une réduc­tion de la consom­ma­tion du die­sel et un déve­lop­pe­ment de l’agriculture.

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