Le Bistrot d’à côté
Pour une fois je ne m’en remets pas aux recommandations de vos camarades pour vous suggérer une bonne adresse, je me suis aventurée, seule, dans les estaminets locaux. À une enjambée de la Boîte à Claque, au Louis Vins, une adresse faite pour ceux qui sont désireux de se restaurer raisonnablement à proximité de l’AX et dans une ambiance bien parisienne.
Chez Louis Vins, ne vous attendez pas à un restaurant dans la tradition monarchique du comte de Paris. Non, nous sommes chez Louis, restaurateur de son état et collectionneur d’art éclectique, loufoque ou populaire, vous en jugerez lorsque vous irez vous y sustenter.
Grand amateur de vins aussi, la preuve en est la magnifique cave vitrée ouvrant directement sur la salle du restaurant. Je vous recommande de venir à pied ou par les transports en commun, car vous ne résisterez pas à l’envie de goûter quelques-unes de ces gracieuses bouteilles qui nous narguent derrière leurs barreaux.
L’aubergiste saura vous conseiller. Et le prix incite à la consommation.
La salle, celle d’un vieux bistrot populaire, façon bouillon, revue et joliment corrigée au goût du jour pour y apporter confort, élégance et qualité.
Le décor du bistrot – baroque décalé – est le cadre idéal pour un patron amateur d’art et d’humour : un tabouret en panneaux signalétiques recyclés avec dérision, une croix sulpicienne déclinant ses ornements en pain de mie embossé de Mickey mouse, une femme à la Hopper, des amours, tout un bric-à-brac qui pourrait surprendre mais qui, étonnamment, s’harmonise et amuse l’œil du client.
Les plats sont de qualité et plutôt légers. La fraîcheur des produits est irréprochable, ici pas de surgelé, la cuisine n’est pas un orgue de fours à micro-ondes, on épluche les légumes, on coupe les viandes, on cuit même le pain : on mitonne. C’est raffiné, inventif, et copieux.
Et la preuve en est cette camionnette qui, dès le matin, livre des cageots de légumes et autres denrées périssables, barrant la route à vos serviteurs.
Cette maison perpétue une tradition du vieux Quartier latin, un service volontairement gouailleur qui aime bousculer affectueusement ses hôtes dans une atmosphère très « Vieux Paris ». Et si l’on s’y perd, c’est la faute à Voltaire.
L’ambiance donc, le mobilier, le décor aussi, ont su garder la chaleur et la bonhomie de nos bonnes vieilles brasseries de quartier. La cuisine, quant à elle, nous bouscule aussi un peu, mais pour notre plus grand plaisir : j’ai consommé sans culpabilité excessive les coquilles saint-jacques sur lit de choucroute, le croquant aux poires et la petite mousse au chocolat qui accompagnait le café (très bon).
L’ardoise proposait ce jour-là des plats très « terroir » comme la morteau aux pommes de terre et des assiettes végétariennes pour petits gabarits, dont je ne suis pas, vous le savez déjà.
Le menu est à 16 euros avec le café et son ballon. Rien qui fasse perdre la tête, et, comme l’a écrit le patron : « Puisqu’il faut périr, nous paierons. »