Le capital humain, la clé de la réussite d’un retournement d’entreprise
Pour François-Denis Poitrinal, fondateur de Neopar, la réussite d’un retournement ne repose pas uniquement sur des critères financiers. Le succès repose aussi et surtout sur les hommes et les femmes qui vont porter ce projet, ainsi que sur un alignement lucide des ambitions, des contraintes et des énergies. Pour garantir la réussite d’une telle opération, l’enjeu stratégique est de pouvoir s’appuyer sur les bons partenaires.
Le capital humain, avant tout !
« Spécialiste de la reprise d’entreprises en difficulté, le capital humain est notre premier critère d’investissement », explique François-Denis Poitrinal. « Nous avons, en effet, la particularité d’investir aux côtés des managers historiques de ces entreprises en difficulté, afin de leur permettre de renouer avec la croissance et la création de valeur ».
Sur le marché du restructuring, alors que les sociétés ou fonds d’investissement vont généralement détacher des dirigeants de crise ou des experts spécialisés dans la gestion de ce type de situation, Neopar a fait, dès le départ, le choix de prendre le contre-pied de ce mode opératoire, en travaillant main dans la main avec le management historique de ces entreprises, des hommes et des femmes qui ont une fine connaissance de l’ADN, des métiers et du secteur d’activité de l’entreprise.
« Nous avons toujours considéré qu’il est plus pertinent d’échanger avec l’équipe dirigeante qui était à bord du navire pendant la tempête. À partir de là, nous ne nous intéressons qu’à des entreprises dont le management historique est susceptible, prêt et volontaire pour travailler avec nous. En effet, pour garantir le succès d’une telle opération, le management doit être lucide et conscient des difficultés, mais aussi en mesure de tirer les leçons du passé pour réinvestir et s’impliquer à nos côtés et contribuer ainsi à la renaissance de l’entreprise », précise François-Denis Poitrinal qui ajoute, « au-delà, toujours dans une logique de bienveillance vis-à-vis de ces entreprises, nous accordons une attention particulière à l’accompagnement et à la participation des équipes qui sont des leviers essentiels à la création de valeur dans la durée ».
D’un point de vue éthique et humain, ce parti-pris permet aussi de donner une seconde chance aux managers historiques de l’entreprise. La reprise d’une entreprise constitue à la fois une rupture sur tout ce qui pèse et entrave, et une continuation par la poursuite de l’activité et de l’aventure entrepreneuriale. En parallèle, cela implique un diagnostic lucide et partagé de la situation, ainsi qu’un consensus autour de la stratégie de retournement et de la mise de fonds, qui est généralement comprise entre 1 et 5 millions. Cela demande bien évidemment une confiance mutuelle et un engagement de toutes les parties prenantes, y compris les équipes sur le terrain.
De très belles opérations de reprise
Entreprise à taille humaine, Neopar s’engage chaque année dans une à deux opérations. « Nous nous intéressons essentiellement à des entreprises dont nous appréhendons clairement les causes des difficultés et qui opèrent sur des marchés porteurs, que nous comprenons et qui nous plaisent », précise François-Denis Poitrinal. « Au-delà de la dimension financière et économique, nous attachons aussi une importance particulière à l’impact environnemental, social ou sociétal de l’entreprise en question. Nous allons ainsi prendre en compte l’empreinte carbone et environnemental des entreprises, dans un contexte où les transitions, notamment écologique et énergétique, s’accélèrent ».
De manière générale, Neopar reprend des PME et des ETI avec un chiffre d’affaires compris entre 10 et 250 millions d’euros. Ainsi, depuis 2014, Neopar a notamment repris le groupe PARISOT, une opération pour laquelle l’investisseur en retournement avait reçu le prix Ulysse de l’Association pour le Retournement des Entreprises (ARE) en 2018. En 2017, Neopar avait aussi repris la société d’ingénierie routière Vectra qui depuis a été développée via une augmentation du capital, puis grâce à l’acquisition d’autres entreprises (build-up). Aujourd’hui, l’entreprise, renommée NextRoad poursuit sa croissance et son développement.
En 2018, Neopar avait également repris l’Étude Généalogique Guénifey, alors en difficulté, dont le cœur de métier est la recherche d’héritiers. Après 4 ans d’efforts et le triplement du chiffre d’affaires, cette participation a été récemment cédée par Neopar.
“En tant qu’investisseur en retournement, Neopar donne véritablement les moyens à des entreprises de rebondir et de renouer avec la croissance, de créer de la valeur et de se développer.”
Investir dans les entreprises en difficulté pour redynamiser le tissu économique national
En tant qu’investisseur en retournement, Neopar donne véritablement les moyens à des entreprises de rebondir et de renouer avec la croissance, de créer de la valeur et de se développer. « Dans l’environnement actuel, il est important de promouvoir cette activité d’investissement en retournement afin d’en faire un outil vertueux et efficace au service de la reprise économique et de la création de valeur de notre pays. Cela demande des efforts communs en termes de transparence et d’éthique pour que l’utilité de ce métier sur le plan économique, social et humain soit reconnue », note François-Denis Poitrinal.
Dans le contexte actuel marqué par un regain économique et l’inflation, c’est une réalité et une nécessité encore plus marquées. « Aujourd’hui, le marché du restructuring est porteur de belles opportunités. Au-delà des signaux économiques, les dernières évolutions règlementaires et législatives ont des impacts positifs sur cette activité. L’Ordonnance du 15 septembre 2021, qui transpose en droit français la directive européenne Restructuration et Insolvabilité, est venue pérenniser un certain nombre de règlementations et de dispositifs mis en place pendant la pandémie et qui sont relativement favorable aux entreprises. Elle renforce, par ailleurs, le pouvoir des juges dans le cadre d’une conciliation et apporte des modifications assez techniques sur les classes de créanciers, qui ne sont dorénavant plus distinguées en fonction de la nature de la créance, mais au regard du niveau du risque pris par ces derniers : c’est le système des classes de parties affectées. Enfin, on assiste aussi à un recours au prépack cession dès que les conditions sont réunies, un dispositif de reprise d’actifs qui est apprécié pour sa rapidité d’exécution et le fait que cette procédure ne pèse pas sur l’activité de l’entreprise », explique François-Denis Poitrinal.
Développer une culture de la gestion des difficultés et des crises
Si nous disposons en France d’outils très efficaces pour prévenir les difficultés, les dirigeants ne sont pas suffisamment formés et préparés à la gestion des difficultés et des crises en école de commerce ou à l’université. « Une crise est une situation à laquelle tous les dirigeants et entrepreneurs devront faire face au cours de leur carrière. Et c’est une réalité encore plus probable à l’heure actuelle ! Il conviendrait donc de « normaliser l’exceptionnel » et que les dirigeants d’entreprise connaissent et utilisent plus facilement l’ensemble des dispositifs concernant les préventions des difficultés des entreprises dont nous disposons en France », estime François-Denis Poitrinal qui conclut, « c’est un constat que j’ai fait depuis de nombreuses années. J’y consacre, par ailleurs, un chapitre dans mon livre, Le Capital Investissement – Guide Juridique et Fiscal1 ».