Le chercheur, entre géographe et ingénieur
REPÈRES
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À la fin des années soixante-dix, l’ingénieur géographe Yves Egels a conçu un logiciel 3D précurseur, appliqué ensuite jusqu’à l’orée des années quatre-vingt-dix pour faire des modèles de villes françaises en 3D. Les chercheurs de l’IGN s’impliquent activement dans les sociétés savantes en organisant des événements scientifiques ou en participant à divers comités de programmes. Ses laboratoires sont impliqués dans de nombreux projets partenariaux. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer (tutelle de l’IGN) ont ainsi récemment confié à l’IGN l’animation d’une étude de diagnostic et de recommandations relatives au secteur de la R&D en information géographique.
Il n’existe pas de profil type du chercheur en information géographique, domaine très interdisciplinaire, et pour lequel on trouve encore peu de formations dédiées avant le niveau mastère. Ces chercheurs sont souvent d’abord des mathématiciens, des géographes ou des informaticiens, voire des ingénieurs venus à ce domaine : de nombreux ingénieurs fonctionnaires à l’IGN choisissent ainsi de faire de la recherche, au moins dans une première phase de leur carrière, par goût de la réflexion scientifique.
Cinq ans de recherche, par goût de la réflexion scientifique
Dans certains cas, au bout de cinq ans environ, peu après la thèse, l’ingénieur quitte la recherche pour prendre un poste dans le domaine de la formation (par exemple, dans un département de l’École nationale des sciences géographiques ou, in fine, la direction de l’École supérieure des géomètres et topographes), ou encore en production ou en gestion.
La formation par la recherche
Franck Taillandier (95) a effectué sa thèse au laboratoire des méthodes d’analyse (Matis) sur la reconstruction automatique de scènes urbaines à partir de multiples images aériennes puis est resté pendant deux ans responsable du groupe de chercheurs travaillant sur la reconstruction de bâtiments au sein du laboratoire.
Ensuite, après un poste de chef de service au sein d’une direction régionale de l’Équipement, il est devenu directeur général adjoint pour l’économie et le développement au Conseil général des Bouches-du-Rhône.
Selon lui, » la formation par la recherche permet de développer non seulement la faculté à appréhender des problématiques complexes mais également l’autonomie et la capacité d’organisation. » Dans d’autres cas, l’ingénieur poursuit une carrière dans la recherche, ce qui implique tout d’abord davantage d’encadrement scientifique.
Les labos de l’IGN
Les domaines de recherche de l’IGN font écho à ses missions de production, diffusion et utilisation de l’information géographique. Quatre laboratoires sont en activité : le Lareg (Laboratoire de recherches en géodésie), axé sur les systèmes de référence et qui maintient le système de référence international, le Loemi (Laboratoire d’optique et de micro-informatique), axé sur l’instrumentation, le Matis (Méthodes d’analyse et de traitement d’images pour la stéréorestitution), centré sur l’acquisition d’informations à partir d’images et de nuages Lidar et sur les environnements images immersifs ; et le Cogit (Conception objet et généralisation de l’information topographique), actif sur la modélisation, l’intégration et la généralisation. Chaque année, leurs travaux donnent lieu à des journées de présentation et de débat avec les chercheurs et partenaires extérieurs.
Une diversité d’interlocuteurs
Isabelle Panet (97), après une thèse en géophysique au laboratoire de recherches en géodésie, Lareg, de l’IGN, sur la modélisation mathématique du champ de pesanteur en ondelettes à base sphérique, a poursuivi par un séjour postdoctoral de deux ans au Geographical Survey Institute of Japan à Tsukuba, où elle a approfondi son travail de doctorat sur le champ de pesanteur des îles japonaises.
À son retour en France à l’IGN, elle a pris la tête de l’équipe de chercheurs travaillant sur la modélisation du champ de gravité et l’exploitation des données des missions spatiales tout juste lancées.
Isabelle Panet apprécie dans ce travail » d’explorer avec [ses] collaborateurs la chaîne allant du concept mathématique initial à ses applications scientifiques ou plus opérationnelles – puis sa transmission par l’enseignement et de travailler avec une grande diversité d’interlocuteurs. »
Un réseau scientifique
Entretenir un réseau scientifique de grande qualité
Anne Ruas a fait une thèse en généralisation automatique au laboratoire Cogit de l’IGN, qu’elle dirige à présent.
Ses mandats dans plusieurs sociétés savantes, notamment internationales, sa participation à de nombreux jurys (diplômes ou recrutements) et conseils scientifiques lui permettent d’entretenir un réseau scientifique actif et de grande qualité nécessaire à la direction d’un laboratoire.
Au service du développement durable
Plus généralement, face à des questions aussi essentielles que l’environnement, l’évaluation des risques, le changement climatique, les énergies renouvelables, abordées lors du dernier Grenelle, il y a un besoin croissant d’une recherche en information géographique appuyée sur des connaissances objectives, au service du développement durable.
Les réseaux de recherche
Le groupement de recherche Magis rassemble de nombreux laboratoires. Il est structuré en quatre axes : capteurs, modèles, analyses et décision. Son colloque annuel dénommé Journées Cassini est devenu, en 2006, un colloque francophone (Sageo).
Le groupement Modys rassemble des laboratoires au croisement des sciences historiques et de la géographie. Il a pour objet la formalisation et la modélisation de phénomènes localisés dans l’espace et dans le temps.
ISIS (Information, Signal, Images et ViSion) rassemble une centaine de laboratoires publics et privés dans le cadre du CNRS. Ce groupement traite de sujets tels que géométrie et image, reconstruction 3D, et plus fondamentalement, méthodes et modèles en traitement du signal.
Le groupement I3 (Information-Interaction-Intelligence) travaille sur les grandes bases de données, compte tenu de l’importance de ces thèmes en information géographique.
Le Groupement de recherche en géodésie spatiale s’attache à la mécanique spatiale (satellites), aux systèmes de référence (céleste et terrestre), à la rotation de la Terre, son champ de gravité, ainsi qu’à la métrologie ad hoc.
En matière de coordination internationale, citons simplement comme exemples en Europe l’Association of Geographic Information of Laboratories in Europe (Agile), le Groupement de recherche sur la simulation spatiale pour les sciences sociales, l’association EuroSDR, Euref, etc.