Le courrier des lecteurs
Louis Kreitmann au Japon du 7 février 1876 au 20 mai 1878
À la suite de l’article paru dans le numéro 527 (août-septembre 1997) sous la signature de Pierre Kreitmann (32) et intitulé “ Des polytechniciens au Japon au siècle dernier ”, notre camarade nous signale qu’une exposition a eu lieu au Musée historique de Yokohama sous le titre “ Le Japon de Meiji photographié par un officier français. Collection Louis Kreitmann ”.
Louis Kreitmann au Japon du 7 février 1876 au 20 mai 1878
À la suite de l’article paru dans le numéro 527 (août-septembre 1997) sous la signature de Pierre Kreitmann (32) et intitulé “ Des polytechniciens au Japon au siècle dernier ”, notre camarade nous signale qu’une exposition a eu lieu au Musée historique de Yokohama sous le titre “ Le Japon de Meiji photographié par un officier français. Collection Louis Kreitmann ”.
Nos lecteurs trouveront ci-dessous un article de M. Christian Polak consacré à Louis Kreitmann, à l’occasion de cette exposition.
Mission… impossible ?
Au début des années 1860, le gouvernement shogunal des Tokugawa (Tokugawa-Bakufu) engage une politique de modernisation du pays dans les domaines économique et militaire. Deux raisons stratégiques urgentes, d’abord l’éventualité d’une menace étrangère sur le territoire et ensuite la montée d’une opposition interne de plus en plus rétive au pouvoir shogunal décident le Bakufu à renforcer et réorganiser en premier ressort une armée de terre et une marine pratiquement inexistantes.
En 1864, le Consul général de France et ministre plénipotentiaire Léon Roches (1809−1900) réussit à convaincre le Bakufu de choisir, pour cette tâche, la France, alors à l’apogée de sa fortune militaire grâce aux glorieuses victoires de la guerre d’Italie. Le Bakufu demande alors l’envoi d’experts (une cinquantaine) pour construire l’arsenal (chantiers navals) de Yokosuka sous la direction de Léonce Verny (1837−1908) entre 1865 et 1876.
La modernisation de l’armée de terre est confiée à une mission militaire de France composée de 18 membres des trois armes (infanterie, cavalerie et artillerie), dirigée par le capitaine Charles-Jules Chanoine (1835−1911) arrivant à Yokohama le 13 janvier 1867.
Cependant, les événements de la Restauration Meiji obligent cette première mission militaire de France à quitter prématurément le Japon un an et demi plus tard, l’œuvre de modernisation à peine ébauchée. En 1871, le nouveau gouvernement impérial, malgré la défaite de la France face à la Prusse, n’hésite pas à faire appel de nouveau aux Français, pour reprendre et poursuivre la modernisation de la nouvelle armée impériale, réunion des troupes de toutes les anciennes seigneuries abolies.
Louis Kreitmann : un lieutenant français sous le charme du Japon
Cette deuxième mission militaire de France, deux fois plus importante que la première, arrive au Japon en mai 1872 sous la direction du colonel d’état-major Marguerie (remplacé en mars 1874 par le lieutenant-colonel d’état-major Munier) et y reste jusqu’en juin 1880.
Le lieutenant Louis Kreitmann (1851−1914), reçu à l’École polytechnique en 1870 et diplômé de l’École d’application du Génie en 1874, arrive à Yokohama le 6 février 1876, après cinquante-trois jours de voyage, accueilli et pris en charge par les capitaines Orcel et Vieillard, qui l’installent ensuite à Yeddo (Tokyo), où réside et travaille la mission militaire de France, avec pour tâche de former les cadres de l’armée japonaise, dans les armes de cavalerie, d’artillerie et dans le service du Génie.
Le quartier général de la mission siège dans le Kammon Sama Yashiki (ancienne résidence d’un seigneur daimyiô) et fonctionne dans les écoles d’Owari (officiers), Ichigaya, Kyododan (sous-officiers) ; les terrains de manœuvre se concentrent à Shiro (Polygone du Génie) et à Toyama (école de tir et de gymnastique) ; le camp de Narashino-hara près de Chiba est utilisé deux fois par an, au printemps et à l’automne. La mission militaire loge à Yeddo, dans un lotissement de la concession étrangère de Tsukiji (tout près de l’actuel marché aux poissons).
Kreitmann est placé sous les ordres de Vieillard, chef du service du Génie ; puis ce dernier repartant pour la France en mars 1876, c’est le capitaine Jourdan qui le remplace, Kreitmann restant son adjoint, chargé des cours de topographie et de fortification à l’école d’Owari (officiers du Génie). Kreitmann rédige un cours de topographie de 79 pages, avec des instructions pour chacun des exercices.
Jourdan lui confie, de plus, le cours de chimie pour lequel il rédige un manuel de 80 pages. Tous ces cours, rédigés en français, sont traduits par son interprète attitré Ota Tokusaburo. Les dessins et plans originaux de Kreitmann sont reproduits à l’atelier de lithographie de l’école installée pour les militaires français.
L’école d’Owari est en congé chaque année pendant un mois, en avril-mai, et quarante-cinq jours en août-septembre. Pendant ses temps de repos, Kreitmann visite la capitale et ses environs, sympathise avec les habitants, s’intégrant facilement à la vie japonaise. Il fait de nombreuses excursions, Hakone, Izu, Nikko, Shimonoseki, Nagasaki, Kobe, Kyoto, Osaka, et, photographe amateur, en rapporte de nombreux clichés.
Il voyage souvent avec son camarade et lieutenant Billet. Ils se déplacent tous deux à cheval ou à pied, parfois en jinrikisha (pousse-pousse), accompagnés d’un serviteur et d’un mulet portant les bagages, dormant dans des auberges japonaises.
Kreitmann tient un journal et écrit souvent à sa famille, contant ses aventures dans ce pays dont il s’imprègne. Il note dans ses carnets de nombreuses réceptions officielles auxquelles il doit assister mais qui l’ennuient. Il signale les tremblements de terre, les incendies fréquents. C’est avec regret qu’il termine son service en mai 1878 et rentre en France en embarquant le 19 mai à Yokohama.
En plus des photographies prises par Louis Kreitmann, le musée offre de nombreux autres documents conservés par son petit-fils, Pierre Kreitmann, que nous remercions chaleureusement pour ses précieuses informations, et que nous aurons le plaisir d’accueillir au Japon en avril 2000.
Christian POLAK
Musée de Yokohama
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Voies nouvelles et faux prophètes
Commentaires sur les articles de La Jaune et la Rouge de février 2000
Les articles de la série “Défricher des voies nouvelles” du numéro 552 font référence à “ l’économie ” dans une acception étroite et négative.
Michel Berry cherche comment “remédier aux effets funestes de l’économie” tandis que Philippe d’Iribarne s’interroge sur “ la cohérence entre la gestion de l’économie et celle du social”, le “social” ne pouvant être que distinct de “ l’économie ” comme le dit Patrick Viveret. Bien entendu, il convient de rechercher “ une vie sociale riche qui n’est pas régie uniquement par l’économie ” en admettant que “ les besoins ne sauraient être réduits à leur seule dimension économique ou matérielle ”, comme le demande Jacques Nikonoff.
Toutes ces positions procèdent d’une vision réductrice de l’économie, hélas trop répandue. La dérive scientiste issue de Walras et accentuée par les macroéconomistes héritiers de Keynes, pour pouvoir se livrer à des raisonnements mathématiques apparemment rigoureux, a cantonné la réflexion économique à un monde imaginaire où d’innombrables exemplaires de l’homo œconomicus omniscient, rationnel et maximisateur échangent des biens matériels dans un marché “ pur et parfait ” où règne “ l’équilibre économique général ”. Si on croit qu’un tel monde existe, il est normal de croire que c’est un monde distinct du monde réel et de lui opposer le “ social ”.
Mais ce n’est pas la seule conception de l’économie. D’autres auteurs parmi les plus grands ont toujours insisté pour que l’économie soit l’étude des actions réelles d’hommes réels1 échangeant en particulier des services. Cette tradition issue des écoles française et écossaise des XVIIe et XVIIIe siècles a été longtemps dominante jusqu’à ce qu’elle soit submergée au XXe siècle par l’économie scientiste (malgré les réserves de Marshall), mais elle est restée entretenue par l’école “autrichienne”, dont les plus grands représentants (Menger, Mises, Hayek2) sont autant philosophes et sociologues qu’économistes, et récusent toute discontinuité et a fortiori toute opposition entre l’économie et les autres sciences sociales. Si, comme le dit Pierre Calame, “l’urgence est au remembrement de la pensée ”, c’est vers ces auteurs qu’il faut se tourner.
Pour cette école de pensée, l’économie concerne l’ensemble des activités réelles des hommes en société, sans se limiter aux biens matériels ni aux relations “ marchandes ”, et sans exclure l’immatériel ni “ ce qui relève du lien social, de la culture, de la vie collective ”. La discipline économique peut alors être définie comme “ l’étude des dispositions par lesquelles les hommes se rendent mutuellement des services ”, tant il est vrai, comme le disait Bastiat, que “ L’action humaine, laquelle ne peut jamais arriver à créer de la matière, constitue seule le service que l’homme isolé se rend à lui-même ou que les hommes en société se rendent les uns aux autres ”. L’analyse économique ainsi élargie éclaire un certain nombre de questions soulevées dans la série “ Défricher des voies nouvelles ”.
Entreprises et associations
Chacun de nous, réduit à ses seuls moyens, ne peut satisfaire qu’une infime partie de ses désirs. L’organisation économique de la société nous permet, en nous rendant mutuellement des services, d’en satisfaire une plus grande part. À l’inverse, un individu isolé, quelle que soit sa bonne volonté, touche vite les limites de ce qu’il peut faire pour ses congénères s’il est réduit à ses propres forces. Pour se rendre mutuellement service de façon efficace, les hommes doivent s’associer dans des “ organisations ”.
Les entreprises et les associations sont deux formes différentes d’organisation3, ayant toutes deux pour objet de produire des services qu’un homme seul ne pourrait pas produire, et visant toutes deux à être efficaces dans cette production. Quelle est alors la différence fondamentale entre les deux et pourquoi l’une peut-elle rendre des services dont l’autre est incapable ?
La caractéristique distinctive de l’entreprise est qu’elle tire ses moyens d’existence exclusivement des bénéficiaires de ses services. Certains acteurs, notamment ses actionnaires, peuvent lui consentir des avances, mais dans le but de les récupérer avec intérêts. L’entreprise ne peut survivre qu’en trouvant un assez grand nombre d’acheteurs qui accordent à ses productions une valeur suffisante, et qui concrétisent ce jugement en en payant le prix sous forme de monnaie, ce qui suppose qu’eux-mêmes se procurent de la monnaie en échange de leurs propres services.
Quant aux associations, elles se rangent en deux catégories bien distinctes : celles qui ne rendent de services qu’à leurs membres, comme les clubs de loisirs ou les associations de copropriétaires, et celles dont la raison d’être est de rendre des services à des tiers. Il est tout à fait abusif de parler des associations en général comme si toutes avaient un but altruiste. Dans leur immense majorité, elles n’ont aucun but ni aucun effet de solidarité en dehors de leurs membres, et sont d’une certaine façon encore plus égoïstes que les entreprises.
La caractéristique distinctive des associations “ altruistes ” est qu’elles tirent leurs moyens d’existence d’autres sources que les bénéficiaires de leurs services (ce qui n’est pas nécessairement le cas des associations “ fermées”). Donc, alors que les ressources des entreprises, donc leur survie et l’existence même des productions de chacune d’entre elles, dépendent entièrement du jugement et de la solvabilité de leurs clients, les associations “altruistes” peuvent produire des services dont la valeur aux yeux de leurs bénéficiaires est inférieure à la valeur de ce qu’elles consomment, ou que les demandeurs n’ont pas les moyens d’acheter.
La survie de chacune ne dépend pas du jugement des bénéficiaires de ses services, mais exclusivement des donateurs qui lui fournissent, en nature ou en espèces, les ressources dont elle a besoin. Il en résulte que l’entreprise ne sert que des bénéficiaires solvables, mais cherche à en servir le plus grand nombre possible, alors que l’association “ altruiste ” peut servir des bénéficiaires non solvables, mais en nombre limité par les apports de ses donateurs. C’est en ce sens que les associations sont plus souples dans la nature des services qu’elles peuvent produire et de la population qu’elles peuvent servir, tout en étant plus limitées dans le nombre de leurs bénéficiaires potentiels, et qu’en un sens leur existence même est plus arbitraire et plus aléatoire que celle des entreprises.
Les vraies causes du chômage
La même analyse des organisations éclaire la question du chômage, qui est au centre des problèmes sociaux actuels, et aide à comprendre pourquoi le chômage cœxiste avec des besoins non satisfaits. Dans les sociétés avancées, où la plupart des désirs des hommes ne peuvent être satisfaits que par des organisations ad hoc, chacun ne peut être utile aux autres et produire la contrepartie de ce qu’il reçoit qu’en trouvant sa place dans une organisation où son apport est complété par les apports d’autres individus dotés d’autres capacités, et par des équipements de toutes sortes qui forment ce qu’on appelle du “ capital ”.
Or toute organisation est un assemblage particulier de facteurs bien précis en proportions bien déterminées, et ce qui est vrai de chaque entreprise et de chaque association est également vrai pour le système productif dans son ensemble. À chaque instant, l’emploi effectif de chacun des facteurs, en particulier l’emploi tout court, s’ajuste sur la disponibilité du facteur le plus rare. Dans le court terme, les différents facteurs de production sont complémentaires beaucoup plus que concurrents ; ce n’est que dans le moyen et long terme que les combinaisons de facteurs peuvent être modifiées, ou que de nouvelles combinaisons peuvent naître, qui permettront de remplacer un facteur rare ou coûteux par un autre facteur plus abondant et moins cher, ou à la limite inutilisé.
Or il est clair que les désirs des hommes sont illimités. Le chômage, c’est-à-dire l’excès d’offre de travail sur la demande de travail, ne peut donc avoir que trois sources : un délai d’ajustement de l’offre de travail à la demande4, le mauvais fonctionnement du système qui rapproche les offres des demandes, c’est-à-dire du marché, ou enfin la pénurie d’un autre facteur de production nécessaire pour que le travail offert par le chômeur puisse être effectué. Ce facteur manquant peut être une autre forme de travail dont la demande se trouve être supérieure à l’offre : si les cuisiniers viennent à manquer, les serveurs de restaurant se retrouvent au chômage5. Ce facteur manquant peut aussi être des outils : s’il n’y a pas assez de pelles (c’est-à-dire de capital), il n’y a pas de travail pour tous les terrassiers.
C’est la fonction des entrepreneurs d’inventer et de faire fonctionner des organisations qui utilisent au mieux les facteurs de production, notamment les facteurs que les organisations existantes laissent disponibles. L’apport spécifique des associations est ici d’ajouter à la variété de ces organisations, tant en apportant de nouvelles façons d’associer des offres à des demandes qu’en autorisant des combinaisons originales de facteurs de production, et donc d’utiliser une plus grande quantité d’une plus grande variété de ces facteurs, tout en satisfaisant des gens qui ne pourraient pas payer certains services.
Les bienfaits de l’économie marchande
Le marché est le moyen le plus perfectionné que les hommes aient inventé pour associer les offres de services des uns aux désirs de services des autres, en ne limitant pas les échanges possibles à l’entourage immédiat de chacun. Quant à la monnaie, c’est le moyen le plus perfectionné que les hommes aient inventé pour lubrifier ce système d’échanges. Dans une économie de troc, le chanteur affamé devrait trouver un boulanger mélomane ; dans une économie monétaire, il peut d’abord obtenir de la monnaie en chantant pour des amateurs qui ne sont pas boulangers, puis acheter du pain chez un boulanger qui déteste sa musique.
L’exemple des réseaux d’échange de savoirs cité par Michel Berry illustre à merveille les limites d’un système de troc : les échanges y sont limités à des personnes physiquement proches, et à des services d’une nature particulière : “ N’importe qui peut s’adresser à un réseau pour y apprendre quelque chose, à condition d’y enseigner autre chose”. Si c’était une entreprise, on pourrait y apprendre sans y enseigner et y enseigner sans y apprendre. En multipliant et en fluidifiant les échanges possibles, le marché et la monnaie augmentent les chances qu’un désir particulier soit satisfait et qu’une offre de services particulière soit utilisée.
Le même exemple confirme combien il est universellement admis que celui qui veut obtenir quelque chose doive donner autre chose en échange. Le propre d’une économie monétaire est que ce quelque chose peut être de la monnaie. Il suffit alors d’avoir de la monnaie pour se procurer n’importe quel facteur de production ; la monnaie est en quelque sorte un facteur générique, un joker qui peut se substituer à tous les autres.
Il en résulte que, pour un acteur donné, individu ou organisation, la variété des processus de production auxquels il peut participer n’est pas limitée par les ressources en nature dont il dispose directement. Dans une économie non marchande, une association qui veut héberger les sans-abri ne peut pas fonctionner si elle ne trouve pas de donateur pour lui offrir un local : les bénévoles restent inemployés et les sans-abri restent dehors. En économie marchande, elle peut recueillir des fonds auprès de gens généreux mais qui ne peuvent pas ou ne veulent pas donner de leur temps, et avec cet argent louer un local.
Halte aux faux prophètes
Le but de toute organisation sociale doit être de procurer le plus possible de satisfactions au plus grand nombre possible. Pour cela, elle doit avant tout favoriser tous les mécanismes qui permettent à la demande des services et à l’offre de services de se rencontrer, et aux facteurs de production de s’associer, et encourager toutes les innovations susceptibles d’y contribuer. Or, de toutes les organisations envisageables, le marché réel, celui de Hayek et non la fiction théorique des économistes néoclassiques, est le mécanisme le plus efficace et donc le plus socialement satisfaisant.
Cela ne veut pas dire pour autant que ce mécanisme soit parfait. Il n’existe pas d’organisation sociale, réelle ou imaginaire, qui puisse donner intégralement satisfaction à chacun des êtres humains. La société “marchande” produit de la pauvreté, mais plutôt moins que les autres, comme toute personne de bonne foi peut le constater expérimentalement, et comme on peut le montrer par le raisonnement. Elle a en plus le très grand avantage de donner la possibilité de lutter contre les inégalités, voire les exclusions qu’elle crée. Pour cela, les autres formes d’échange et d’organisation peuvent être utilisées comme des solutions locales à utiliser dans les interstices où l’économie marchande produit des effets pervers, mais doivent être considérées comme complémentaires et non en conflit.
Pour pouvoir corriger les effets négatifs de la société de marché, il faut d’abord la faire fonctionner le mieux possible.
Toutes les tentatives de construire une société ou une contre-société qui échapperait à “ l’économie ” n’ont abouti qu’à la dictature policière et à la misère généralisée.
C’est pourquoi il faut faire la guerre aux faux prophètes qui voient dans le marché et l’argent des incarnations du mal, alors que ce sont les premiers outils de la prospérité des hommes.
Gérard DRÉAN (54)
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1. Alfred Marshall : “L’Économie politique ou Économie est une étude de l’humanité dans les affaires ordinaires de la vie” et “(les économistes) traitent de l’homme tel qu’il est : pas d’un homme abstrait ou économique, mais un homme de chair et de sang ” (Principles of Economics).
Ludwig von Mises : “L’économie étudie les actions réelles d’hommes réels. Ses théorèmes ne se réfèrent ni à l’homme idéal ni à des hommes parfaits, et pas davantage au mythique homme économique (homo œconomicus) ni à la notion statistique de l’homme moyen” (L’action humaine).
2. Ces auteurs et leurs rares émules ont été ostracisés pendant presque tout le vingtième siècle à cause de leurs positions farouchement libérales. Je laisse au lecteur le soin de décider si cet aspect de leur pensée est indépendant de leur épistémologie réaliste, ou si l’étude de la société réelle des hommes réels conduit nécessairement au libéralisme.
3. Les “ alliances ” de Calame pourraient en être une autre.
4. Ce qu’on appelle le chômage “ frictionnel ”.
5. C’est ainsi que les 35 heures rendues uniformément obligatoires créeront nécessairement du chômage.