Le directeur financier, d’une fonction corporate vers une fonction stratégique
En plus de 35 ans de carrière au sein du groupe Michelin, vous avez occupé diverses fonctions. Quels en sont les moments charnières qui ont modelé votre carrière au sein du groupe ?
Ma carrière, au sein de Michelin, a débuté par une phase technique qui a duré une quinzaine d’années. J’ai ainsi occupé différentes fonctions au sein de l’organisation technique de l’entreprise notamment en tant que responsable du développement des gammes de produits pour les poids-lourds.
Durant cette période, j’ai également passé trois ans aux États-Unis. Cette première expérience m’a permis d’avoir une certaine visibilité sur les marchés internationaux du groupe.
“Au-delà de cet aspect social, c’est une formation d’excellence qui valorise la rigueur et l’effort que l’on retrouve d’ailleurs dans le volet militaire et sportif de la formation.”
Pendant les sept années suivantes, j’ai rejoint la direction de la division pneumatique pour poids-lourds et occupé le poste de responsable du marketing stratégique. Au bout de 3 ans, j’ai pris la tête de cette division pour la zone Asie dans les années 2000.
Cela m’a conduit à une seconde expatriation à Singapour, alors que le groupe entamait son implantation en Chine, en Thaïlande, au Japon et en Inde.
De retour en France, à Clermont-Ferrand, j’ai repris la responsabilité du contrôle de gestion au niveau du groupe. En 2007, lors de l’arrivée de Jean-Dominique Senard à la cogérance de Michelin, j’ai été nommé Directeur financier du groupe.
Mon parcours a été marqué par deux étapes structurantes, en lien avec mes goûts et mon intérêt à découvrir de nouveaux horizons qui ont donné un virage décisif à ma carrière au sein de Michelin.
La première a été ma décision de quitter la direction technique au bout de 15 ans et donc de sortir de ma zone de confort afin de m’ouvrir à de nouveaux domaines (management, finance…).
Et la seconde a été mon arrivée au contrôle de gestion, une fonction qui m’intéressait plus particulièrement.
Pendant 3 ans, en plus d’assurer mes fonctions de direction financière, j’ai pris la charge d’une des divisions opérationnelles du groupe dédiée aux produits de spécialité. Depuis janvier 2018 suite à la réorganisation du groupe, j’ai lâché la partie opérationnelle au profit des services propres au fonctionnement interne de l’entreprise (les grands projets des systèmes d’informations…). De nouvelles activités à découvrir !
Aujourd’hui, en tant que Directeur Financier et membre du Comité Exécutif du groupe Michelin, quels sont les principaux sujets qui vous mobilisent aujourd’hui ?
Parce que nous évoluons dans un contexte économique très volatile, le pilotage de nos activités est un sujet central au sein de la direction financière. L’enjeu est de faire preuve d’agilité et de rester en veille permanente pour accompagner nos différentes filiales et entités business à travers le monde.
En parallèle, nous venons de modifier notre organisation afin de passer d’une organisation relativement hiérarchisée à une organisation qui favorise la coopération entre les différentes entités. Cette évolution va notamment permettre d’optimiser la prise de décision et de la rendre plus réactive ; de déployer une matrice plus interdépendante en créant des régions commerciales, des entités mondiales, comme la R&D ou l’industrie, et des entités business axées sur le pilotage tactique et stratégique.
Ces changements impliquent une certaine responsabilisation des différentes parties prenantes, des nouveaux modes d’interactions afin de gagner en agilité et de booster notre développement.
À l’occasion de ce fort changement, je me dois d’assurer que chaque entité a bien compris son rôle et participe de façon agile au pilotage du Groupe.
Depuis déjà de nombreuses années, le directeur financier est de plus en plus un Business Partner au sein des organisations.
Qu’en est-il ?
Cette évolution est une évidence ! J’ai démarré en tant que contrôleur de gestion, mais mon périmètre de responsabilité a évolué pour couvrir une dimension plus stratégique qui me permet aujourd’hui de me positionner comme un Business Partner.
Le directeur financier a, en effet, un certain recul sur les événements. Même si je ne suis pas en charge des différentes business units, j’en ai une très bonne connaissance qui me permet d’identifier les points de focus ou de souligner les tendances business.
Il faut ajouter que ce pilotage permet de valoriser l’entreprise aux yeux de ses actionnaires, ses employés et l’ensemble de son écosystème tout en conservant une certaine indépendance. Enfin, il y a également le pilotage des projets de croissance externe. Pour cela, le directeur financier doit pouvoir s’appuyer sur des prévisions précises et pertinentes.
Camaraderie, rigueur, discipline…
Au-delà de ces valeurs, que retenez-vous de votre passage à Polytechnique ?
EN BREF
Activités : Le groupe Michelin, dont le siège est à Clermont-Ferrand (France), est présent dans 171 pays, emploie 114 070 personnes dans le monde et dispose de 70 sites de production implantés dans 17 pays difffférents. Michelin possède un centre de technologie en charge de la recherche, du développement et de l’industrialisation implanté en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.
Compétences : Michelin a pour ambition d’améliorer la mobilité de ses clients, durablement. Leader dans le secteur des pneumatiques, Michelin conçoit, fabrique et distribue les pneumatiques les plus adaptés à leurs besoins et à leurs usages ainsi que des services et des solutions pour améliorer l’effifficacité de la mobilité. Michelin propose également des offffres qui font vivre à ses clients des moments uniques au cours de leurs voyages et de leurs déplacements. Michelin développe aussi des matériaux de haute technologie destinés aux industriels de la mobilité.
J’en garde de très bons souvenirs ! J’ai conservé de très forts liens d’amitié avec plusieurs de mes camarades. Au-delà de cet aspect social, c’est une formation d’excellence qui valorise la rigueur et l’effort que l’on retrouve d’ailleurs dans le volet militaire et sportif de la formation.
Polytechnique, c’est également la qualité du corps professoral et des enseignements qui nous pousse aiguiser notre curiosité et à aller de l’avant pour nous dépasser.
Autant de valeurs clés qui m’ont permis de progresser et de réussir dans ma vie professionnelle.
Un dernier mot à adresser à notre lectorat ?
Une carrière est tributaire de différents éléments. D’abord des choix d’orientation : si je n’ai pas changé d’entreprise, j’ai néanmoins changé de métiers.
Il est essentiel de se poser les bonnes questions et de se remettre en question pour choisir vraiment ce que nous aimons et ce qui nous intéresse.