LE DOSSIER PYTHAGORE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°669 Novembre 2011Par : Pierre Brémaud (64)Rédacteur : Takis Konstantopoulos professeur, département de mathématiques, université d’Uppsala, SuèdeEditeur : Paris – Ellipses Édition Marketing 32, rue Bargue, 75740 Paris Cedex 15.

Couverture du livre : Le dossier PythagoreAu vu de la lit­té­ra­ture bon mar­ché sur Pytha­gore, le lec­teur poten­tiel a lieu de s’inquiéter et de se deman­der si on ne lui pro­pose pas ici une nième hagio­gra­phie du grand sage ? Heu­reu­se­ment, il se ren­dra rapi­de­ment compte que le sujet est abor­dé sérieu­se­ment, après exa­men d’un grand nombre de sources, et que le titre de l’essai, Le dos­sier Pytha­gore, est judicieux.

Bré­maud fait une remar­quable syn­thèse des faits his­to­riques et des mythes épar­pillés dans la lit­té­ra­ture. Il nous rap­pelle que les pytha­go­ri­ciens for­mèrent une secte, avec une ini­tia­tion et des rituels, mais aus­si une école avec un pro­gramme poli­tique et phi­lo­so­phique qui pros­pé­ra pen­dant un mil­lé­naire, de la fin du VIe siècle avant notre ère au début du VIe siècle après le Christ, lorsque l’empereur Jus­ti­nien ordon­na la fer­me­ture de l’Académie d’Athènes.

L’auteur replace la vie de Pytha­gore dans le contexte his­to­rique et reli­gieux de l’époque, qui est celui de la tran­si­tion de la Grèce archaïque à la Grèce clas­sique. Il dis­cute éga­le­ment de la pos­si­bi­li­té d’une connexion du pytha­go­risme et de la reli­gion égyp­tienne, et il attire l’attention du lec­teur sur le paral­lé­lisme éton­nant entre les vies de Pytha­gore et du Bouddha.

Il pointe sur le ral­lie­ment de Coper­nic, de Kepler et de New­ton à la ban­nière de Pytha­gore, et sur les liens entre le pytha­go­risme et la Cab­bale. Un cha­pitre est consa­cré aux rela­tions entre pytha­go­risme et orphisme, et un autre aux rap­ports ambi­gus de l’Église avec le pytha­go­risme, mélange de fas­ci­na­tion et de rejet. L’auteur nous rap­pelle l’existence de l’extraordinaire basi­lique sou­ter­raine de la Por­ta Mag­giore à Rome, expres­sion du pytha­go­risme romain du début de notre ère, qui pré­cède de deux siècles les basi­liques chré­tiennes. Il en pro­fite pour nous plon­ger dans un cli­mat de conspi­ra­tion, met­tant en relief, à l’occasion de la visite de cet incroyable monu­ment sou­ti­ré à la vue du public, l’occultation selon lui loin d’être inno­cente de la mémoire de Pytha­gore, et qu’il attri­bue de façon convain­cante à l’antagonisme mil­lé­naire entre chré­tiens et pythagoriciens.

Alors que les pre­miers croient en la pré­séance de Dieu sur le Cos­mos, les seconds affirment le contraire.

La der­nière par­tie du livre (près de la moi­tié) contient une dis­cus­sion plus tech­nique, mais faci­le­ment com­pré­hen­sible par un public non spé­cia­li­sé, des idées pytha­go­ri­ciennes en musique, en théo­rie des nombres, en géo­mé­trie et en astro­no­mie. On y aborde en par­ti­cu­lier l’histoire du théo­rème de Pytha­gore, de l’Inde à la Grèce en pas­sant par la Mésopotamie. 

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