LE GÉNÉRAL ANDRÉ
Louis André (1838−1913), X1857, sorti premier de l’École de l’artillerie de Metz en 1861, a commandé l’École polytechnique de 1893 à 1896. Ministre de la Guerre de 1900 à 1904, il quitte le pouvoir en novembre 1904 à la suite de l’affaire des fiches. Depuis, il fait l’objet d’un étonnant ostracisme. Aucun historien ne s’était penché sur ce militaire atypique très apprécié dans les milieux scientifiques. La biographie que Serge Doessant vient de consacrer au général André est donc une première. L’auteur livre des informations inédites, souvent passionnantes, sur ses origines familiales et sur son évolution idéologique que rien ne pouvait laisser prévoir. Il rappelle qu’il a été l’un des rénovateurs de l’artillerie française après 1870.
Commandant de l’École polytechnique, Louis André s’est affirmé ouvertement républicain lors des cérémonies du Centenaire. D’abord antidreyfusard, il est devenu un partisan de la vérité dans l’affaire Dreyfus. Son rôle comme ministre de la Guerre dans la proclamation de l’innocence du capitaine ne lui sera pas pardonné par les milieux conservateurs et nationalistes, et l’affaire des fiches est arrivée à point nommé pour le contraindre à quitter le pouvoir.
L’auteur montre, de façon convaincante, que les réformes menées de 1900 à 1904, sur lesquelles d’ailleurs personne ne reviendra, ont bien préparé l’armée, dix ans avant 1914, aux épreuves qui l’attendaient. Le rappel de la carrière de nombreux officiers est édifiant : la grande majorité des généraux qui ont contribué à la victoire de 1918 avaient été promus par le général André entre 1900 et 1904. Et il a été, à La Belle Époque, un ministre très populaire par l’attention qu’il a portée à la condition du conscrit.
Écrite dans un style vivant et agréable, cette biographie a le grand mérite de toujours essayer de comprendre l’époque et ses contradictions.