Le porte-conteneur CMA CGM Jacques Saadé, propulsé au GNL et le navire souteur Gas Agility, tous deux équipés des technologies à membranes développées par GTT. © CMA CGM

Le GNL : énergie d’aujourd’hui et de demain

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°772 Février 2022
Par Jean-Baptiste BOUTILLIER (98)

Expert des sys­tèmes de confi­ne­ment à mem­branes dédiés au trans­port et au sto­ckage des gaz liqué­fiés, GTT conçoit et com­mer­cia­lise depuis plus de 50 ans, des tech­no­lo­gies de pointe pour une meilleure per­for­mance éner­gé­tique. Entre­prise à la fois inter­na­tio­nale et à taille humaine, GTT se posi­tionne à la pointe de la tech­no­lo­gie et offre à ses col­la­bo­ra­teurs un envi­ron­ne­ment enri­chis­sant avec un fort esprit d’équipe et une très forte cohé­sion où il est pos­sible, pour cha­cun, d’avoir un vrai levier d’action en ima­gi­nant les tech­no­lo­gies de demain.
Jean-Bap­tiste Bou­til­lier (98), VP Deve­lop­ment, Inno­va­tion, Tech­ni­cal Stra­te­gy de GTT, nous fait décou­vrir le groupe…

Le GNL est une énergie d’avenir. Quelle place occupe-t-il dans le mix énergétique ?

Le GNL repré­sente aujourd’hui 24 % des éner­gies pri­maires. C’est une éner­gie qui joue un rôle majeur pour accé­lé­rer la tran­si­tion vers une éner­gie bas car­bone. Rem­pla­cer le fuel ou le char­bon (qui repré­sentent res­pec­ti­ve­ment aujourd’hui 33 % et 27 % du mix éner­gé­tique mon­dial) par du GNL, per­met­trait de réduire de manière signi­fi­ca­tive et rapide les émis­sions de CO2.

Par ailleurs, le GNL a un rôle impor­tant à jouer dans la tran­si­tion éner­gé­tique mon­diale pour accom­pa­gner l’essor des éner­gies renou­ve­lables inter­mit­tentes puisqu’il est uti­li­sable en relais de celles-ci. En effet, c’est une bonne alter­na­tive lorsqu’il n’y a ni vent, ni soleil, et que nous avons besoin d’énergie, parce qu’il est mobi­li­sable rapi­de­ment. Ce com­plé­ment éner­gé­tique est d’ores et déjà uti­li­sé et le sera encore plus à moyen et à long terme.

En paral­lèle, le GNL peut aus­si être uti­li­sé comme car­bu­rant pour les navires et per­met, dès leur mise en ser­vice, de réduire les émis­sions de CO2 de 20 à 25 %. Cela réduit de façon très signi­fi­ca­tive les émis­sions de pol­luants néfastes loca­le­ment pour la san­té publique comme les oxydes d’azote, les oxydes de soufre et les par­ti­cules fines.

L’Organisation mari­time inter­na­tio­nale (OMI) a d’ailleurs fixé une tra­jec­toire de réduc­tion des émis­sions de CO2 à l’horizon 2050. La seule éner­gie capable d’être conforme à ces objec­tifs est le gaz natu­rel liqué­fié (GNL), ce qui démontre le carac­tère indis­pen­sable du GNL comme car­bu­rant pour l’industrie maritime.

Le trans­port et l’utilisation de cette éner­gie existent depuis de nom­breuses années et a fait ses preuves en terme de sécurité.

Le GNL est une éner­gie en tran­si­tion qui conti­nue­ra à réduire son empreinte car­bone, en évo­luant vers le bio GNL, et à plus long terme, en GNL syn­thé­tique renouvelable.

Comment GTT appréhende-il cette dimension au travers de ses activités ?

Nous anti­ci­pons une aug­men­ta­tion de la demande de gaz et de GNL dans les pro­chaines années. Cela entraî­ne­ra natu­rel­le­ment une hausse de la demande de trans­port et de sto­ckage, deux domaines dans les­quels GTT est d’ores et déjà un acteur recon­nu. Nous devrions éga­le­ment assis­ter à une aug­men­ta­tion signi­fi­ca­tive de l’utilisation du GNL en tant que car­bu­rant dans le sec­teur maritime.

Nous avons d’ailleurs enre­gis­tré 27 com­mandes sur ce seg­ment en 2021. Ce mar­ché est en très fort déve­lop­pe­ment, notre solu­tion devient la réfé­rence au moins pour les navires avec réser­voirs de grandes capacités.

Ensuite, le GNL est une solu­tion drop-in fuel1. Nos tech­no­lo­gies sont déjà com­pa­tibles avec les fuels de demain à savoir le bio GNL, et le GNL syn­thé­tique renou­ve­lable alors que les autres gaz syn­thé­tiques ne sont pas dis­po­nibles aujourd’hui, et qu’il n’y a pas de solu­tions, à ce jour, pour les conver­tir en éner­gie ou les stocker.

Pour accom­pa­gner encore cette tran­si­tion, GTT déve­loppe des solu­tions digi­tales (smart ship­ping) dans le but d’optimiser l’efficacité opé­ra­tion­nelle des navires et leur per­mettre de réduire leur consom­ma­tion, leurs émis­sions et leur impact carbone.

Au-delà du GNL, GTT tra­vaille aus­si sur des aspects plus larges, en inves­tis­sant dans des acti­vi­tés liées par exemple à l’hydrogène vert. Nous avons dans ce contexte acquis fin 2020 la socié­té Elo­gen (ex Are­va H2Gen) qui déve­loppe des élec­tro­ly­seurs à tech­no­lo­gie PEM (Pro­ton exchange membrane).

Quels vont être selon vous les grands défis à relever pour les prochaines années, et comment y contribuez-vous ?

La rai­son d’être de GTT, contri­buer à l’invention d’un monde durable, fait de notre socié­té le par­te­naire idéal de l’industrie mari­time pour rele­ver ce défi à la fois dans le monde des métha­niers, où nous avons une part de mar­ché très signi­fi­ca­tive, et sur le mar­ché du GNL en tant que car­bu­rant, où notre acti­vi­té se déve­loppe très fortement.

Sur les métha­niers, les tech­no­lo­gies déve­lop­pées par GTT ont per­mis de réduire de 50 % le taux d’évaporation jour­na­lier de GNL ces 10 der­nières années, ce qui a contri­bué à réduire de 22 % les émis­sions totales du navire. Sur le GNL en tant que car­bu­rant, dès la mise en ser­vice du navire, on note une réduc­tion de 20 à 25 % des émis­sions de CO2 avec, en corol­laire, la réduc­tion des émis­sions d’oxydes d’azote et d’oxydes de soufre.

Pour les pro­chaines années, nous conti­nue­rons à déve­lop­per des tech­no­lo­gies afin d’améliorer l’empreinte car­bone des navires. Notre pro­chaine tech­no­lo­gie, GTT Next1, sera encore opti­mi­sée et per­met­tra de réduire de 40 %, par rap­port à nos tech­no­lo­gies actuelles, les émis­sions de CO2 liées à la cuve (10 % sup­plé­men­taires sur les émis­sions totales du navire).

Nous tra­vaillons aus­si sur de nou­veaux desi­gns de métha­niers qui seront plus effi­caces, et sur le déve­lop­pe­ment d’électrolyseurs de grande capa­ci­té pour accom­pa­gner la tran­si­tion vers la pro­duc­tion mas­sive d’hydrogène vert.

Pour relever tous ces défis, attirer et fidéliser les talents est primordial. Quelles sont les actions que vous mettez en place dans ce cadre ?

Pour atti­rer les talents, GTT four­nit à ses équipes des moyens R&D très impor­tants et se situe à la pointe de l’innovation tech­no­lo­gique, tout en étant au ser­vice de la tran­si­tion énergétique.

Plus concrè­te­ment, 10 % de notre chiffre d’affaires est alloué à la recherche et à l’innovation, et un tiers de nos effec­tifs tra­vaille pour l’innovation.

D’autre part, GTT inves­tit dans des moyens d’essais impor­tants pour ses labo­ra­toires, et ce, pour les maté­riaux ou les simu­la­tions. Nous inci­tons for­te­ment les col­la­bo­ra­teurs à par­ti­ci­per à cette dyna­mique et cela porte plu­tôt ses fruits dans la mesure où nous avons été la pre­mière ETI en nombre de bre­vets dépo­sés en France en 2019 et en 2020.

Ensuite, pour fidé­li­ser nos col­la­bo­ra­teurs, l’évolution et la mobi­li­té pro­fes­sion­nelle sont très encou­ra­gées. Nous sommes tou­jours à l’écoute des aspi­ra­tions de nos sala­riés. Ain­si il y a beau­coup d’évolution trans­ver­sale, hié­rar­chique, et inter­na­tio­nale. À titre d’exemple, il y a eu 32 mobi­li­tés internes en 2021 au sein de GTT, soit plus de 6 % des effec­tifs totaux. Par ailleurs, nos col­la­bo­ra­teurs sont satis­faits, ce qui se tra­duit par une ancien­ne­té moyenne élevée !

Pour conclure, nous accom­pa­gnons le chan­ge­ment par la for­ma­tion afin de sou­te­nir la crois­sance et le déve­lop­pe­ment des col­la­bo­ra­teurs pour qu’ils aient les com­pé­tences et pour qu’ils par­ti­cipent à bâtir le monde de demain !

Quels sont les profils que vous recherchez ? et quelles perspectives de carrière leur offrez-vous ?

Nous recher­chons des pro­fils divers et variés qui soient moti­vés pour rejoindre l’aventure et contri­buer ensemble à rele­ver les défis de demain. Il s’agit notam­ment de jeunes ingé­nieurs géné­ra­listes ou spé­cia­li­sés dans les domaines de pré­di­lec­tion de GTT (la ther­mo­dy­na­mique, la science des maté­riaux et la cryo­gé­nie). Mais nous recher­chons aus­si des pro­fils plus expé­ri­men­tés, à la fois d’un point de vue scien­ti­fique et busi­ness dans la rela­tion avec les clients, qui soient capables de mener des pro­jets com­plexes et/ou de gérer les rela­tions avec les grands comptes.

Ces talents pour­ront notam­ment avoir des oppor­tu­ni­tés à l’international dans nos filiales et nos bureaux de repré­sen­ta­tion dans plu­sieurs régions du monde, notam­ment à Sin­ga­pour, en Corée, en Chine, aux États-Unis…

Ils pour­ront ain­si évo­luer dans un groupe au cœur des enjeux éner­gé­tiques mon­diaux et être acteur de cette trans­for­ma­tion. C’est d’ailleurs pour cette rai­son que j’ai choi­si de rejoindre le Groupe GTT l’année der­nière et je me réjouis de par­ti­ci­per acti­ve­ment à la tran­si­tion éner­gé­tique mondiale.


1 Solu­tion qui per­met de chan­ger de fuel sans inves­tis­se­ment supplémentaire.

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