Le grand déclassement
Le grand déclassement de Philippe d’Iribarne nous rend plus lucides sur les maux dont souffre la société française. Il met en lumière aussi les ressources dont elle dispose mais que l’on semble ne pas voir.
Beaucoup se souviennent des deux classiques – La logique de l’honneur et L’étrangeté française – dans lesquels l’auteur révélait les lois qui régissent l’univers culturel français. Il en montrait la marque aussi bien sur les politiques publiques que sur le système éducatif ou la gestion des entreprises. Reprenant son analyse, l’auteur considère un ensemble d’évolutions qui, depuis trente ans, affectent tant notre société que le fonctionnement interne des entreprises. Ces évolutions pourtant heurtent nos logiques culturelles.
L’auteur en donne de multiples exemples : ici, une simple relecture de la Constitution européenne se révèle lourde de sens quant à l’avenir ; ailleurs, l’auteur décrit les mécanismes qui nous font créer toujours plus de formations de « haut niveau », avec à la clé une accumulation de frustrations professionnelles ; plus loin, il narre le cauchemar triste d’un pompier contraint de « vendre » ses services ; ou encore, l’illusion des juges se vouant à la chimère d’un monde « zéro-risque » et ignorant les devoirs qui nous viennent de l’honneur d’un métier.
Vouloir soigner nos maux avec des idéaux venus d’autres mondes (le contrat à l’américaine ou la participation à l’allemande) relève d’une ignorance têtue de ce qui, chez nous, fait la vitalité du lien social.