Le grand public mène la danse
Tous les pays sont engagés dans une compétition farouche pour développer leur économie numérique, c’est-à-dire l’ensemble des relations sociales, économiques, culturelles, personnelles au-delà du seul secteur des sciences et des technologies de l’information (STIC). Aucun pays doté d’un État et d’une société civile consistante n’y a renoncé. La dynamique de cette compétition se révèle forte et impitoyable. La révolution numérique n’est pas une soirée de gala, mais elle demeure globalement pacifique, bien que de nombreux indices et quelques actes de guerre montrent que la confiance et la coopération entre les États restent à mieux construire pour combattre la criminalité et écarter le risque de guerre.
Cette dynamique respecte deux des grandes lois du monde numérique : les leaders conservent leur hégémonie selon le principe « le gagnant rafle toute la mise » (winner-take-all) et certaines puissances moyennes progressent avec rapidité, comme le Mexique, la Corée ou l’Allemagne, selon le principe « rien n’est jamais acquis ».
Par ailleurs, la Chine dispose aujourd’hui d’une gamme complète d’équipements et de services, d’entreprises globales présentes partout dans le monde. Grâce à un potentiel de recherche et développement que l’on peut qualifier d’énorme, elle offre aussi dès à présent des solutions de pointe dans de nombreux domaines.
La France occupe dans l’économie numérique mondiale une place moyenne, variable selon les classements – entre le 15e et le 30e rang – mais que l’on peut juger améliorable au regard du potentiel humain et économique de notre pays.
Le théâtre du développement de l’économie numérique mérite un panorama et une tentative de quantification pour mieux comprendre les mouvements qui l’affectent. Le secteur des STIC, au cœur de l’écosystème, regroupe les activités de biens et de services pour l’économie numérique, des composants aux services de communications électroniques. En France, il pèse environ 4 % du PIB, 75 milliards de chiffre d’affaires et 650 000 salariés.
Si les usages professionnels, dont le fameux B2B, sont certainement le point faible du développement de l’économie numérique comparativement aux autres pays, notamment européens, les usages des particuliers sont, eux, un des points forts de l’économie numérique dans notre pays, et plus généralement, du caractère innovant des Français dans ce domaine. Tous les indicateurs le montrent : près de 40 milliards de ventes en ligne en 2011, 20 millions de blogs dont 10 millions d’actifs, etc. Les moteurs des usages sont multiples, la banque en ligne et la e‑administration se distinguent, en particulier relativement à nos voisins, ainsi que l’usage massif des réseaux sociaux et des blogs dont les experts de l’UIT constatent qu’ils sont partout dans le monde des moteurs de l’économie numérique.
* Association française pour le nommage Internet coopératif.