Les pratiques de bien-être contribuent à l’hygiène de vie.

Le leader porteur de sens

Dossier : RH et révolution digitaleMagazine N°727 Septembre 2017
Par Marianne ROBERT de MASSY

À l’heure de la révo­lu­tion digi­tale, les aspects humains res­tent pri­mor­diaux. Le lea­der­ship dépend de l’énergie et de la confiance déga­gées au quo­ti­dien auprès de vos col­la­bo­ra­teurs. L’at­ti­tude a sou­vent plus d’im­pact que les mots employés. 

Un ami DRH me parle d’un de des diri­geants de son groupe : « Excellent pro­fil, n’est-ce pas ? Et pour­tant, je me rends compte que, sur le ter­rain, il ne passe pas auprès des col­la­bo­ra­teurs. Il a tout en théo­rie mais il ne sait pas por­ter un sens, déve­lop­per l’envie auprès de ses équipes. » 

Plus que la com­pé­tence tech­nique, l’expérience ou le savoir-faire, c’est bien la pos­ture au quo­ti­dien qui va faire la dif­fé­rence et être por­teuse de sens ou pas. 

C’est ain­si que j’ai pu ren­con­trer des diri­geants conscients de l’importance de por­ter un sens, une direc­tion auprès de leurs col­la­bo­ra­teurs, mais qui ne savaient pas faire. 

REPÈRES

Avoir les meilleures stratégies, les meilleurs réseaux, savoir élaborer une vision pour le futur de son entreprise, tout en dégageant une énergie et une confiance en cohérence avec sa vision, c’est se donner les moyens de voir les actions mises en place aboutir, et de gagner l’adhésion de ses collaborateurs.

IL NE S’AGIT PAS DE FAIRE MAIS D’ÊTRE

L’attitude au quo­ti­dien fait la dif­fé­rence. Encore faut-il avoir conscience du sens que l’on porte au tra­vers de sa pos­ture et de son atti­tude intérieure. 


Les pra­tiques de bien-être contri­buent à l’hygiène de vie. © FIZKES / FOTOLIA.COM

Si dans votre dis­cours, vous cher­chez à por­ter votre vision mais que votre atti­tude laisse trans­pa­raître un mal-être, des doutes vont naître dans l’esprit de vos collaborateurs. 

Sur quoi reposent leurs impres­sions ? Sur l’énergie déga­gée au quo­ti­dien. Aujourd’hui, les neu­ros­ciences nous démontrent l’importance du lan­gage non ver­bal. Dès 1967, Albert Meh­ra­bian, cher­cheur à l’université de Cali­for­nie (UCLA), a démon­tré que l’impact de la com­mu­ni­ca­tion est beau­coup plus lié aux gestes (55 %) et à la voix (38 %) qu’aux mots (7 %).

À la fin de la jour­née, vos col­la­bo­ra­teurs auront donc rete­nu avant tout votre atti­tude, por­tée par vos gestes et votre voix, somme toute, le non-ver­bal véhi­cu­lé par votre corps. Votre corps doit être ali­gné et cohé­rent avec votre dis­cours et votre vision. 

TENIR UN DISCOURS COHÉRENT AVEC SON ATTITUDE

La qua­li­té de votre rayon­ne­ment dépend de trois fac­teurs clés : votre pos­ture phy­sique, vos pen­sées et votre hygiène de vie. 

“ L’impact de la communication est beaucoup plus lié aux gestes et à la voix qu’aux mots ”

Ces trois fac­teurs déter­minent l’état de votre sys­tème ner­veux et donc votre réelle pro­po­si­tion de sens au quo­ti­dien. L’idée est de créer un cercle ver­tueux de réus­site en ali­gnant vos actes et vos pen­sées. Cela sera res­sen­ti immé­dia­te­ment par vos équipes. 

Ain­si, pilo­ter, décli­ner des stra­té­gies et appli­quer les bonnes recettes du mana­ge­ment ne suf­fit pas. C’est la manière dont vous allez gérer les trois fac­teurs clés qui va créer votre réelle « pro­po­si­tion de sens ». 

UN MENTAL QUI CONSTRUIT DES SOLUTIONS

Au niveau des pen­sées, ce qui va être déter­mi­nant, c’est d’être tour­né solu­tion. De mettre plus de temps à construire une solu­tion qu’à cri­ti­quer les échecs. Cela ne veut pas dire ne pas regar­der et ana­ly­ser les échecs, au contraire, mais avec comme objec­tif de reti­rer le fruit, le feed-back de l’expérience. C’est ce mind­set qui va faire la différence. 

UNE HYGIÈNE DE VIE ANTI-STRESS

Lorsqu’on parle hygiène de vie, il s’agit de tout ce qui relève de l’alimentation, hydra­ta­tion, som­meil, res­pi­ra­tion, sport, pra­tiques bien-être (yoga, qi gong, médi­ta­tion…). Je ne suis pas dans le mythe du sur­homme qui doit être tou­jours au top. 

GARDER LE CAP

Lors de la prise de fonction d’un poste de dirigeants, c’est le début d’une course de fond durant laquelle il faudra savoir être au top chaque jour et savoir gérer les hauts et les bas rencontrés dans la fonction.
Il faudra gérer les frustrations liées à tout ce qui ne se passera pas comme on le souhaiterait, garder le cap. Pour ce faire, il faut croire soi-même à sa vision, au projet que l’on porte et développer une conscience sur chaque facteur clé du sens.

L’objectif est d’avoir une hygiène de vie qui pro­pose le meilleur équi­libre selon les cir­cons­tances. À cer­tains moments, le mieux est de ne rien faire, de se ressourcer. 

À d’autres moments, il faut pré­fé­rer une bonne fête entre amis et quelques excès ali­men­taires à la stricte dis­ci­pline. Sub­til équilibre ! 

Ce qui est impor­tant, c’est la conscience que vous déve­lop­pez de votre état phy­sio­lo­gique. Acqué­rir la capa­ci­té de sen­tir lorsque votre corps demande plus d’attention, un peu de rigueur ou quand il a besoin de repos, de relâchement. 

UNE POSTURE PHYSIQUE QUI FAVORISE LA RESPIRATION

Cette dimen­sion est aujourd’hui par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante. Les déjeu­ners d’affaires qui n’en finissent pas, les réunions à répé­ti­tion, nos têtes pen­chées sur nos télé­phones qui sont deve­nus de mini-ordi­na­teurs bran­chés 24 heures sur 24…, rien ne favo­rise la pos­ture physique. 

Déjeuner d'affaires
Appre­nez à man­ger léger même lors de vos nom­breux déjeu­ners d’affaires. © NEJRON PHOTO / FOTOLIA.COM

Il y a donc là une vigi­lance à déve­lop­per sur nos habi­tudes pos­tu­rales. Celles-ci vont finir par influer sur le sens dont nous sommes por­teurs. Ain­si, être un diri­geant por­teur de sens, c’est déve­lop­per une conscience de ce que l’on dégage mal­gré soi. 

De quoi êtes-vous por­teur dans les pen­sées que vous nour­ris­sez chaque jour ? Que véhi­cule la pos­ture que vous adop­tez face à vos équipes ? Que dit de vous votre hygiène de vie ? 

C’est cette conscience qui vous per­met­tra de vous ajus­ter, de sen­tir vos inco­hé­rences et de trou­ver les outils pour évoluer. 

Et c’est l’évolution de ces trois dimen­sions qui va don­ner un cap, une direc­tion, un sens et donc l’envie de vous suivre à ceux qui vous entourent. 

LE SENS PAR L’EXEMPLARITÉ

Lorsque l’on parle de sens, on parle aus­si de la dimen­sion méta­phy­sique. Sur ce plan quelle est la por­tée de mes actes ? Quel sys­tème suis-je en train de nour­rir ? Lorsqu’un diri­geant fait un choix, pose un acte, il induit une direction. 

Par exemple, un DG qui se met­tra à hur­ler sur un col­la­bo­ra­teur en public, invite sym­bo­li­que­ment tous les autres à faire de même à des niveaux dif­fé­rents. Il crée un style. Il auto­rise impli­ci­te­ment ce type de com­por­te­ment dans l’ensemble de son entreprise. 

Alors vous pou­vez vous poser la ques­tion de ce que vous dites mal­gré vous au tra­vers de vos actes. Si vous fuyez vos res­pon­sa­bi­li­tés, si vous refu­sez de délé­guer…, tous ces com­por­te­ments ont des consé­quences sur vos collaborateurs. 

“ À certains moments, le mieux est de ne rien faire, de se ressourcer ”

Inver­se­ment, en posi­tif c’est vrai aus­si. Si vous favo­ri­sez la res­pon­sa­bi­li­sa­tion de cha­cun, si vous savez vous octroyer du temps pour vous, vous auto­ri­sez éga­le­ment ceux qui tra­vaillent avec vous à suivre cet exemple. Le sens que vous por­tez se décèle dans votre exemplarité. 

Êtes-vous conscient de ce que vous encou­ra­gez mal­gré vous ? Êtes-vous en accord avec ce que vous cocréez avec vos col­la­bo­ra­teurs ? Êtes-vous conscient de votre part de res­pon­sa­bi­li­té dans le fonc­tion­ne­ment de vos équipes ? 

Le lea­der por­teur de sens sera celui qui sau­ra per­ce­voir ce qu’il crée en lui et autour de lui. Celui qui sau­ra prendre la pleine mesure et la pleine res­pon­sa­bi­li­té de ses choix et du sens qu’il impulse au-delà des mots. 

Marianne Robert de Mas­sy a ani­mé plu­sieurs fois l’atelier « Décou­vrez et maî­tri­sez les effets de votre voix pour déve­lop­per votre impact ». 

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