Le lien privilégié entre Polytechnique et le Maroc
C’est une triste coïncidence qui veut que ce numéro spécial de La Jaune et la Rouge ait été en train d’être composé au moment où le Maroc était frappé par un séisme qui rappelle les effroyables conséquences de celui d’Agadir. Nous ne ressentons que plus fort le lien avec nos amis marocains.
Ce lien privilégié entre Polytechnique et le Maroc n’a pas été tissé hier. Le royaume chérifien est depuis longtemps le premier pourvoyeur d’élèves internationaux (EI), même s’il a été ponctuellement détrôné par le pays du Milieu au début du XXIe siècle. Ces temps-ci il l’est si bien que, le 3 août dernier, Le Matin (du Maroc) révélait non sans fierté à ses lecteurs que, sur 60 élèves non français admis à l’X par la voie des classes préparatoires, 41 étaient des nationaux [Lire : École Polytechnique Paris : Les étudiants marocains raflent 70% des places du concours pour les étrangers]
Cette proportion est singulière, même si elle s’explique en partie par l’attachement au bilinguisme. Elle est probablement excessive, d’autres contingents internationaux pourraient ou devraient être plus gros que ce qu’ils sont. Il y a lieu dans ce numéro de s’en réjouir, car cette proportion dénote un attachement éclatant à notre institution et montre la puissance que peut avoir la marque Polytechnique hors des frontières. Comme le soulignait encore le même Matin, c’est le signe que les talents scientifiques marocains s’exportent bien. C’est aussi l’évidence que l’éducation scolaire secondaire marocaine laisse une grande place à l’enseignement des sciences fondamentales.
“Les talents scientifiques marocains s’exportent bien.”
Car il faut noter que cette moisson impressionnante s’inscrit dans une dynamique nationale plus large. Le temps n’est plus, où la majorité des EI arrivaient des prépas parisiennes. Dans le cadre du « plan de réindustrialisation » de 2009, de nouvelles classes préparatoires ont été ouvertes au Maroc pour alimenter les filières professionnelles en jeunes ingénieurs. Faut-il rappeler que, contrairement à ce qu’on laisse entendre dans un film sorti en France cet été, les classes préparatoires ne sont pas réservées à l’élite bourgeoise, ni un enfer, mais une voie d’exigence qui, à coup quasi sûr, ouvre vers de belles études, de très bonnes écoles et un emploi utile et durable ? Tant mieux si les plus armés, en France ou au Maroc, continuent de choisir l’X, mais ceci est une autre histoire.
Nettement féconde, la fidélité des Marocains pour notre École permet aux autres élèves d’avoir un contact avec une culture qu’ils seraient peu nombreux à découvrir sinon, elle alimente les corps techniques marocains en ingénieurs de Polytechnique, contribue à cimenter les relations entre la France, son premier partenaire économique, et le Maroc. C’est beaucoup, et pour que cela dure je formule le vœu que nos jeunes camarades marocains gardent de leur séjour à Palaiseau, à l’École polytechnique, dans les masters, dans les laboratoires, un souvenir aussi positivement marquant que celui des étudiants français et de toutes les nationalités.
En illustration : Cérémonie marquant la célébration des fêtes nationales du Maroc et du Liban, le mardi 05 novembre 2019 cour Vaneau. © École polytechnique – J. Barande
Commentaire
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Merci pour cet excellent dossier. Une question m’effleure l’esprit en le lisant. Le moment ne serait-il pas venu de franchir une étape supplémentaire dans le développement international de l’Ecole, en ouvrant une EPNA : « Ecole Polytechnique Nord Africaine », en s’appuyant sur le réseau des anciens, et l’excellence de nombreux élèves des lycées marocains en science.