Le livre de l’aveugle pour transcrire en braille les manuels scolaires
L’association « Le livre de l’aveugle », qui transcrit des livres scolaires en braille pour aider les aveugles scolarisés, a besoin de bénévoles, dans une démarche de renouvellement des générations.
À l’approche de mon départ en retraite, qui devait avoir lieu mi-1995, j’ai pensé aux activités bénévoles que je pourrais exercer durant mon temps désormais libre. Or, juste à ce moment, paraissait dans La Jaune et la Rouge d’avril 1995 un article de Jacques Bleuze (X40) sur la lecture tactile, l’édition braille des livres d’enseignement et l’activité dans ce domaine de l’association « Le livre de l’aveugle » (LLDLA) dont il était secrétaire général. Cela semblait correspondre à ce que je recherchais, je pris contact avec lui, il assura ma formation à la transcription braille et je commençai à œuvrer pour LLDLA, activité qui a duré de nombreuses années.
Une vénérable mais très utile association
Cette association a été créée en 1917, à l’origine pour venir en aide aux aveugles de guerre. Peu à peu, elle s’est reconvertie en transcrivant en braille des livres scolaires destinés aux jeunes aveugles. Elle est déclarée d’utilité publique depuis 1928 et a été couronnée par l’Académie française. Afin de suivre une scolarité, l’élève aveugle a besoin des mêmes livres de classe que ses camarades, mais en braille. Or en France le service public ne suffit pas à assurer la totalité des commandes de transcription en braille des livres scolaires. Au surplus, la répartition aléatoire des élèves aveugles dans les établissements scolaires, les changements fréquents des programmes des différentes matières et la diversité des manuels d’une même discipline demandés par les enseignants concernés fournissent une large matière à l’activité du LLDLA.
Des temps héroïques aux techniques modernes
En 1995, plusieurs copistes utilisaient encore des machines à écrire en relief (Perkins). Mais l’informatique venait de faire son apparition, avec un logiciel (ETEXTC) qui était un traitement de texte rudimentaire permettant de réaliser un fichier braille : on copiait celui-ci sur une disquette qu’on envoyait par La Poste au secrétariat de l’association et le personnel de l’atelier mettait en route une imprimante en relief installée dans ses locaux. Mais, dans les deux cas, il était nécessaire de connaître à fond l’écriture braille, ce qui exigeait quelques semaines d’apprentissage sous la conduite d’un formateur chevronné. À présent, c’est un véritable traitement de texte spécialisé (DBT) qui est utilisé : fourni par l’association, il transcrit en braille un texte tapé en clair et le fichier est transmis par internet à l’atelier. Le transcripteur n’a plus besoin que d’acquérir une connaissance superficielle de l’écriture braille et de ses codes.
Une activité gratifiante pour qui a une culture scientifique
Notons aussi que les ouvrages d’enseignement, et plus particulièrement les ouvrages scientifiques (mathématiques, physique, SVT…), comportent des signes, des graphiques ou des tableaux qui ne peuvent pas être transcrits directement, mais nécessitent une adaptation, que seules des personnes connaissant bien la matière correspondante sont capables d’effectuer. LLDLA fournit aux transcripteurs, outre le logiciel, des documents leur permettant de savoir dans chaque cas la manière de procéder et assure en tant que de besoin, à distance et gratuitement, la formation nécessaire. Pour les intéressés, cette activité ne se limite donc pas à la saisie banale d’un texte ; elle comporte une intervention intelligente et cette mission d’utilité publique est donc très gratifiante. Exercée à domicile, elle convient parfaitement à des personnes retraitées et nécessite d’assurer un travail d’environ trente heures par mois.
Une relève à assurer
Après avoir exercé cette activité pendant vingt-cinq ans et transcrit chaque année un ouvrage de mathématiques ou de physique de trois cents pages, d’une classe de seconde à la terminale, le temps est venu pour moi de passer la main. Aussi l’actuel président du LLDLA, Michel Tessier, ancien proviseur, spécialisé dans la cécité, recherche des personnes bénévoles pour assurer la poursuite du travail au sein de l’association. J’appuie fortement cette démarche et je serai très heureux de savoir que des polytechniciens retraités ou actifs intéressés par le projet reprennent le flambeau.
Coordonnées de l’association :
Le livre de l’aveugle
124, boulevard Camélinat
92240 Malakoff
Tél. : 01 47 35 91 17
association.lldla@gmail.com
www.lelivredelaveugle.fr