Le monde du spatial en pleine révolution
Quels ont été les moments marquants de l’année 2017 ?
C’est avant tout notre 1ère année de plein exercice. ArianeGroup est née de la décision commune des groupes Airbus et Safran de contribuer à la refondation de l’industrie européenne des lanceurs.
© ArianeGroup Holding
Initialement appelée Airbus Safran Launchers, lors de la décision de sa création en 2014, la société a été finalisée le 1er juillet 2016 réunissant en une même entreprise tous les savoir-faire en matière de systèmes de lancement et de propulsion civils et militaires.
Nous sommes les maîtres d’œuvre d’Ariane 5 et d’Ariane 6 dont le premier vol est prévu en 2020.
Nous sommes également les maîtres d’œuvre du système missile M51 de la Force Océane Stratégique.
Par ailleurs nous développons des produits, équipements et services autour de nos métiers comme des équipements pour la propulsion de satellites, des prestations pour de la maîtrise d’œuvre d’ensembles complexes tant civils que militaires, ainsi que la vente de matières premières et de certains produits pyrotechniques.
Nous avons aussi développé une technologie prometteuse en matière de surveillance de l’espace.
Notre expertise et notre fiabilité sont reconnues dès qu’il s’agit d’évoluer dans des environnements où toute intervention ou réparation est hautement complexe, voire impossible.
2018 marque le début de la production d’Ariane 6…
En effet les premières pièces sortent des usines et de nouvelles installations de production vont être inaugurées en 2018 tant chez ArianeGroup que chez ses partenaires industriels européens.
Nous allons commencer la production du 1er lot d’Ariane 6 à partir de l’été 2018. Les essais du moteur Vulcain 2.1 de l’étage principal et du moteur Vinci de l’étage supérieur se passent nominalement.
“Alors que le spatial entre dans la phase la plus passionnante de son histoire, je n’ai qu’une chose à dire aux polytechniciens : venez préparer l’avenir avec nous !”
Le développement du moteur à propergol solide est également en bonne voie alors que le 1er essai au banc du moteur à propulsion solide P120 aura lieu aussi au début de l’été 2018.
Avec Ariane 6, nous visons un lanceur aussi fiable et performant qu’Ariane 5, mais 40 % moins cher à produire. Il s’agit d’un lanceur modulaire, avec 2 ou 4 boosters à poudre, et un étage supérieur cryogénique ré-allumable jusque 4 fois pour pouvoir placer des satellites sur des plans d’orbite différenciés.
Le défi est à la fois technologique et industriel. L’Europe disposera alors d’un lanceur polyvalent, capable de toutes les missions, pour tout type de charges utiles vers tout type d’orbite.
Et particulièrement adapté au marché des constellations en orbite basse actuellement en développement.
Nous allons ainsi pouvoir répondre aux évolutions du secteur spatial caractérisées par une forte concurrence et une demande très variée des clients.
Quels rôles sont appelées à jouer la digitalisation et l’innovation dans le cadre de ce projet ?
Nous devons répondre à un très haut niveau d’exigence en termes de performance et de qualité. Derrière la fabrication d’une fusée ou d’un missile, il y a une quantité considérable de données industrielles, de réalisations et de contrôle. L’enjeu est de pouvoir garantir la qualité de la chaîne de production en s’appuyant sur toutes ces données digitales qui couvrent toutes les étapes de la production.
À cela s’ajoute la digitalisation de nos usines avec le recours à de nouvelles technologies : la RFID, l’impression 3D, la réalité virtuelle, les objets connectés…
Ces usines 4.0 vont permettre de réduire les coûts et les délais, garantir la qualité, assurer une traçabilité des données de production. Nous avons des équipes très performantes en matière d’innovation qui travaillent avec des start-up pour bénéficier de leur réactivité tout en leur offrant notre savoir-faire unique en matière de systèmes complexes.
Quels sont les enjeux, notamment industriels, auxquels vous êtes confrontés ?
Le principal challenge est de maintenir une qualité équivalente à celle d’Ariane 5 tout en réduisant les coûts de 40 %. Cela implique une capacité à automatiser les productions, avoir recours aux technologies innovantes qui permettent de diminuer les cycles de productions et d’augmenter la valeur ajoutée.
© ArianeGroup Holding
En particulier, nous nous appuyons sur le Lean management pour optimiser la gestion des flux et des ateliers, le suivi global des sites de productions depuis les achats jusqu’au site de lancement en passant par la chaîne de sous-traitance.
Comment préparez-vous l’avenir ?
Avec nos partenaires européens, nous savons qu’il est important de déjà travailler aux futures évolutions d’Ariane 6 pour rester au plus près des évolutions du marché. Nous travaillons ainsi à l’optimisation de l’étage supérieur, en utilisant du composite pour en réduire encore la masse et les coûts et améliorer la performance du lanceur.
Nous travaillons aussi sur un moteur potentiellement réutilisable, le démonstrateur Prometheus. Le développement de ce nouveau moteur constitue la pierre d’angle des futurs lanceurs européens.
Quels sont vos besoins en termes de compétences et de profils ?
Parce que nous fabriquons des produits extrêmement sophistiqués dans des domaines complexes, variés et compétitifs, nous faisons appel à des connaissances hautement techniques en mécanique, fluidique, électronique, software…
ARIANEGROUP EN BREF
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Filiale à parité des groupes Airbus et Safran initialement appelée Airbus Safran Launchers
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Un chiffre d’affaires 2017 de 3,4 milliards d’euros
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9 000 collaborateurs, dont 1100 en Allemagne
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Implantation sur une quinzaine de sites en Allemagne et en France (Kourou inclus
Nos équipes sont composées de profils variés : des ingénieurs dans les domaines conception, méthode, industrialisation, production, ainsi que des commerciaux, des juristes, des acheteurs.
Dans ce contexte hautement compétitif, les polytechniciens avec leur base scientifique et généraliste de haut niveau sont particulièrement appréciés.
Et alors que le spatial entre dans la phase la plus passionnante de son histoire, je n’ai qu’une chose à dire aux Polytechniciens : venez préparer l’avenir avec nous !