Le mystère Coriolis
Si la force de Coriolis est universellement connue, l’homme qui lui a donné son nom l’est beaucoup moins. Cet étonnant décalage est à l’origine de cet ouvrage.
Gaspard-Gustave de Coriolis (7792−1843) a vécu pour la science et l’enseignement. Célibataire, réservé, sa vie est recluse, sédentaire, sans aspérités. Pourquoi alors s’intéresser à un savant en apparence si terne ?
Parce que son œuvre scientifique recèle des résultats importants : il est le premier à donner un contenu scientifique à la notion de travail. Il définit la notion de force d’entraînement, celle de force centrifuge composée, qui permet d’expliquer enfin certains mystères : la rotation du pendule de Foucault, la déviation des corps vers l’est, l’érosion unilatérale des cours d’eau, etc.
Mais ce ne sont pas là des résultats épars. Le fil directeur de son œuvre, c’est la théorie des machines – nouvelle branche scientifique issue des progrès de Ia technique. Une œuvre à la charnière entre mathématiques et physique, entre théorie et pratique.
Coriolis appartient à la petite troupe des ingénieurs- savants, quasi tous issus de cette École polytechnique née de la Révolution. Contrairement à une image répandue, la science n’a pas toujours précédé la technique. En ce premier XIXe siècle, au contraire, elle la rattrape à marche forcée.
C’est donc le portrait d’un homme emblématique de toute une époque qu’Alexandre Moatti dresse ici.