Le mystère français
« La France ne va pas si mal dans ses profondeurs. » C’est là une conclusion majeure de ce superbe livre abondamment documenté en chiffres et en cartes. Merci à notre camarade Hervé Le Bras (63) de son message en cette période où hors du déclinisme, point de salut intellectuel.
La France n’est pas ce moribond décrit trop souvent avec une délectation perverse, elle a bien résisté à l’accroissement des inégalités rencontré dans les autres pays. Mais la montée des extrêmes, la droitisation de la vie politique, certes commune à l’ensemble des pays développés, phénomène « navrant mais pas terrifiant », montrent bien l’anxiété des Français devant des changements trop rapides et mal compris.
« Le pays souffre d’un déséquilibre entre son cœur libéral et égalitaire, qui fit la Révolution » et « sa périphérie, autrefois fidèle à l’idée de hiérarchie, et souvent de tradition catholique, désormais dominante ».
Une accélération mal gérée du changement économique et social, au lieu de renforcer les tendances libérales de l’ouverture, a accentué le retour de la main « puissante du passé ».
Tocqueville aurait conclu de la même manière. La France doit chercher ses ressorts d’adaptation en elle-même, en s’appuyant sur « une poussée éducative maximale », plutôt que par une imitation maladroite d’autres modèles étrangers.
Et au contraire même, « son cœur individualiste, anarchiste et rebelle » peut être une force très grande dans l’économie entrepreneuriale de la connaissance, où les mécanismes de l’innovation sont plus proches d’un mouvement brownien que des schémas organisés et colbertistes.
Pour tous nos camarades, du public ou du privé, pour nos dirigeants, ce livre est une bienvenue leçon d’histoire et de réalités sociales.