Le nucléaire : de l’énergie pour le XXIe siècle ?
Une problématique périlleuse
Une problématique périlleuse
Il est souvent reproché aux ingénieurs – et aux polytechniciens plus qu’à d’autres – d’être » bardés de certitudes « . Certains articles rassemblés dans ce numéro devraient au contraire avoir convaincu leurs lecteurs que les perspectives énergétiques du XXIe siècle sont un océan d’incertitudes. Au cours de la dernière décennie du xxe siècle, oubliées les deux crises du pétrole des années soixante-dix et quatre-vingt, la plupart de nos contemporains se sont persuadés que l’approvisionnement en énergie n’était pas un problème. Tout au plus ont-ils réagi en tant qu’automobilistes quand, sous prétexte d’environnement, certains ont touché à l’économie de leur véhicule favori. N’est-il pas temps de remettre les pendules à l’heure, c’est-à-dire de réaliser que la production d’énergie devra faire face au XXIe siècle à des défis considérables, tellement considérables qu’on peut se demander si nos successeurs seront capables de trouver la » porte étroite » entre ces multiples contraintes ?
À quelle demande cette production devra-t-elle faire face ? Certes le gisement d’économies d’énergie existe et doit être exploité à fond. Mais si, même dans nos pays développés, saturés et souvent gaspilleurs, les consommations d’énergie continuent à croître sous l’influence de l’augmentation du nombre et de l’intensité des usages, combien plus vont-elles le faire dans les pays émergents ? Pouvons-nous refuser aux deux milliards d’hommes qui ne disposent pratiquement d’aucune énergie commerciale ce qui est la condition sine qua non de leur décollage ? Ne pas voir croître la consommation mondiale ne pourrait être que le signe que des continents entiers restent dans un état de profonde détresse économique et sociale. Et bien sûr, cette croissance est la seule façon d’arriver à réduire l’écart scandaleux – disons grossièrement de un à dix – qui sépare consommation des riches et consommation des pauvres, écart qui ne saurait subsister à ce niveau sans que nous courrions le risque de crises géopolitiques majeures.
Mais comment augmenter la consommation d’énergie (en pratique la multiplier par un facteur au moins égal à 2) sans accroître corrélativement les dommages à notre environnement ? Ceux-ci sont partout. Localement les oxydes de soufre et d’azote émis par la combustion des combustibles fossiles, l’ozone qui en résulte, polluent l’air de nos villes, aussi bien à Pékin qu’à Paris, mais aussi de nos campagnes, comme en témoignent les forêts de Bohême ou d’ailleurs. Au niveau planétaire, nous prenons conscience chaque jour davantage du risque de réchauffement climatique que nous font courir les gaz à effet de serre ; sur ce point essentiel reportez-vous à l’excellent numéro de La Jaune et la Rouge, daté de mai 2000, qui lui est consacré.
Certes les émissions des centrales conventionnelles ont été réduites ; mais on peut douter des possibilités de » séquestrer » le gaz carbonique. Dans tous ces domaines, la prise de conscience de la nécessité de contrôles toujours plus précis et de limitations toujours plus strictes est en constante évolution et nul ne peut raisonnablement prédire quelles seront les contraintes en vigueur demain : que va devenir le protocole de Kyoto ? Que sera-t-il dans vingt ans ? Bien entendu n’omettons pas une autre interrogation : les rejets des centrales nucléaires sont-ils, quant à eux, inoffensifs ? Dès l’origine, ils ont été contrôlés et leur impact mesuré, mais l’expérience en ce domaine est encore limitée ; au plan international notamment, de vives discussions se poursuivent qui pourraient aboutir à de plus strictes limitations.
N’omettons pas non plus de souligner l’importance croissante dans nos sociétés de la sensibilité aux risques, et corrélativement de l’application systématique, et sans doute parfois abusive, du » principe de précaution « . Et cela peut aller jusqu’à l’attitude de cet opposant au nucléaire qui me disait dès les années soixante-dix : » Inutile de me dire que la probabilité de votre accident est très faible, même infiniment faible, de toute façon je la refuse. »
Or produire ou distribuer de l’énergie entraîne forcément des risques, car cela implique d’en concentrer certaines quantités et donc la possibilité qu’en se libérant cette énergie fasse des dégâts. À quand, sous prétexte de principe de précaution, l’interdiction des mines de charbon, des transports de pétrole, des pipe-lines et des centrales nucléaires ?
Garder en mains toutes les cartes
Face à ces contraintes, et aux évolutions qu’elles subiront à l’avenir, il n’y a de solution que dans la flexibilité et la diversité. Certes il y a des rigidités dont nous ne nous affranchirons que difficilement :
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des rigidités techniques
comment nous passer du pétrole dans le domaine des transports ? La mise au point de nouveaux vecteurs tels l’hydrogène ou la pile à combustible doit être poursuivie mais la date de son aboutissement industriel demeure incertaine ; et de toute façon, il ne s’agit que de » vecteurs » : quelle énergie produira l’hydrogène ? -
des rigidités géopolitiques
comment interdire à certains pays émergents d’utiliser leurs ressources fossiles domestiques, très émettrices de gaz à effet de serre, comme nous l’avons fait nous-mêmes lors de notre démarrage industriel ?
Mais il est clair qu’à l’échelle mondiale, nous devrons tirer avantage de la variété et de la complémentarité des différentes filières énergétiques. C’est, au vu des chiffres avancés par les experts de tous bords, la seule façon d’espérer boucler le bilan ; c’est aussi la seule façon d’espérer maîtriser les impacts environnementaux et les risques de chacune des voies mises en œuvre. N’oublions jamais que les risques les plus préoccupants proviennent toujours d’installations de type uniforme et en quantité juste suffisante, que la nécessité de » tourner » empêche d’entretenir convenablement et d’arrêter quand la sûreté l’imposerait.
N’opposons pas énergies décentralisées et gros outils de production, nous aurons besoin des uns et des autres. N’opposons pas énergies renouvelables et nucléaire : ce sont toutes des filières non émettrices de gaz carbonique, ayant des caractéristiques économiques semblables (coût proportionnel faible mais coût d’investissement élevé). Par cela même elles s’opposent conjointement aux énergies fossiles, ces ressources bon marché que nous a préparées Mère Nature (sans nous prévenir du piège du réchauffement planétaire !). En tout cas, n’en doutons pas, nous n’allons pas stopper l’usage du charbon, du pétrole ou du gaz, nous avons besoin d’eux aussi.
Ce cocktail, ce » mix » d’énergies, comme disent les Américains, n’est défini ni de façon universelle ni de façon définitive. Il est forcément un compromis entre ressources locales, réglementations nationales (ou européennes), influence du marché, etc., qu’il appartient à chaque acteur de définir et de faire approuver par la collectivité des citoyens concernés. En ce sens aussi, parler de tout pétrole ou de tout nucléaire ne peut être qu’un abus de langage.
Certains hommes politiques, notamment dans les pays les plus en pointe sur la voie du libéralisme, se plaisent à dire : » Il n’est plus besoin aujourd’hui de politique énergétique, qu’elle soit française, anglaise ou européenne, laissons le marché régler le problème.
» C’est à la fois vrai et faux. Sans doute n’y aura-t-il plus de plan énergétique français, comme il y en eut un dans les années soixante-dix, pour défendre notre sécurité d’approvisionnement menacée. Et on peut douter qu’il y ait jamais un plan énergétique européen.
Mais il est clair que les conditions de fonctionnement du marché dépendent des gouvernements : l’instauration d’une taxe sur les émissions de gaz carbonique ne modifierait-elle pas profondément le rapport entre énergies émettrices de gaz à effet de serre et énergies non émettrices ? Par ailleurs il est clair que, demain, la multiplicité des acteurs sur le marché énergétique, l’ouverture des frontières, le rapetissement de la planète sont autant de facteurs supplémentaires de novation, donc d’opportunités et d’incertitudes.
Qui peut dire quelle sera la part du nucléaire dans ce mix d’énergies ? Certains, frappés par les réticences de l’opinion publique à son égard, prédisent sa disparition prochaine. Alors que certains imaginent a contrario qu’au moindre signe de pénurie il fera un retour en force, dans le désordre et l’impréparation.
En fait, aucune hypothèse ne peut être écartée. Mais ne serait-il pas totalement irresponsable, face aux incertitudes de toutes sortes, de décréter a priori que l’on s’en passera à l’avenir ? Il ne s’agit pas présentement, tout au moins en Europe et en Amérique, de décider de nouveaux investissements énergétiques, puisqu’il se trouve que les à‑coups de la croissance les rendent pour le moment non nécessaires. Il s’agit de continuer à tirer l’expérience des installations existantes, de poursuivre, dans ce qui demeure une technologie jeune, recherche et développement et de préparer les outils dont nous pourrions avoir besoin demain.
Et nous déciderons – nous et d’autres – le moment venu, d’utiliser ou non cette possibilité, en fonction de l’expérience acquise à cette date et des nécessités et des contraintes qui apparaîtront alors. En fonction également des progrès qui seront intervenus sur les filières concurrentes ; qui ne se réjouirait de l’émergence d’une nouvelle technologie capable de remplacer les procédés actuels de production de kwh de base, à bas coût et sans nuisance notable dans l’environnement ? Mais même les experts se refusent à ce jour à dire si et quand la fusion nucléaire pourrait devenir une réalité industrielle.
Le nucléaire ? Ni diable ni bon Dieu
Autant que nous puissions en juger aujourd’hui, c’est à l’aune de quatre critères fondamentaux que seront jugées les filières énergétiques en compétition : la sûreté (y compris l’impact sur la santé), le problème des émissions et des déchets, la compétitivité et, last but not least, l’image dans l’opinion. Les articles que vous venez de lire dans ce numéro vous ont fourni sur trois de ces domaines des éléments d’information touchant au nucléaire. Permettez-moi d’y ajouter quelques réflexions globales, et d’évoquer un peu plus longuement la question de la compétitivité.
Nul ne peut raisonnablement contester que le niveau de sûreté atteint dans le nucléaire ne soit très élevé. Encore n’est-il pas uniforme et il convient d’éliminer progressivement les installations qui sont moins sûres que les autres ; les procédures internationales mises en place permettent cet audit mutuel entre exploitants et entre gouvernements ; il faut les utiliser pleinement. Faut-il encore accroître ce niveau de sûreté pour les installations à venir ? Sans doute, si cela peut se faire à moindres frais et surtout sans complexifier encore les systèmes mis en œuvre. La complexité est un facteur de moindre sûreté et simplifier les installations, à sûreté sensiblement égale, me paraît être un axe de travail important.
Quoi que l’on fasse, nous le savons, le risque zéro n’existe pas. Mais à celui qui refuse le risque résiduel, aussi petit qu’il soit, la réponse ne peut consister qu’à mettre en face du risque du nucléaire le risque de l’absence du nucléaire. Cette dialectique, nous l’avons vécue en Ukraine où la fermeture brutale de la centrale de Tchernobyl, après les événements dramatiques d’avril 1986, bien que souhaitable, aurait eu des conséquences également dramatiques dans la population. Ce même problème ne se poserait-il pas en cas d’abandon du nucléaire au plan mondial ? Il faut au moins peser ce risque.
Les opposants au nucléaire disent : » Il n’est pas raisonnable d’échanger des tonnes de CO2 contre des déchets radioactifs. » Il me semble pourtant que l’on peut au contraire raisonnablement répondre positivement à la question. Pourquoi ? Parce que les déchets radioactifs sont mis sous une forme et stockés de telle façon qu’ils sont sous contrôle, rendus pratiquement inoffensifs (et aussi parce que, même si, par un phénomène extraordinaire, ils échappaient à ce contrôle, ils seraient repérables et mesurables, grâce précisément à leur radioactivité, et ce bien en dessous des quantités ou teneurs dangereuses) alors qu’à l’inverse toute tonne de CO2 relâchée venant s’ajouter à toutes celles qui se sont déjà accumulées autour de nous représente un danger et échappe dès son émission à tout contrôle. Au demeurant, les déchets nucléaires sont là, le CO2 aussi ; la question n’est pas de choisir entre les deux, mais d’apprendre à les maîtriser.
Vous avez dit compétitivité ?
Certains n’hésitent pas à dire : » Inutile de continuer à se battre contre le nucléaire, il suffit de le laisser mourir de sa belle mort, car il n’est pas compétitif. » Une telle affirmation n’est pas sans ramener les plus anciens d’entre nous quelque trente-cinq ans en arrière, alors que le nucléaire semblait bien près de disparaître face à un pétrole » dont le prix allait encore baisser « .
On sait ce qu’il en advint quelques années plus tard. Les investissements nucléaires faits en France à partir des années soixante-dix (comme d’ailleurs ceux faits aux États-Unis dans les années soixante, puis en Allemagne, au Japon, et dans bien d’autres pays à économie de marché) le furent, non seulement pour chasser le spectre de la pénurie d’énergie, mais aussi parce qu’ils étaient le moyen le meilleur marché pour faire face à la demande croissante d’électricité. Il n’est pas inutile de le répéter, face à ceux qui persistent à dire et à écrire le contraire : le programme nucléaire français a été totalement réalisé sans subvention d’aucune sorte, intégralement financé par un producteur d’électricité, certes nationalisé, mais agissant en l’occurrence comme une entreprise privée.
Et cette opération s’est révélée formidablement rentable puisqu’elle permet aujourd’hui à cet électricien de se placer sur le marché européen et même mondial, en utilisant les ressources financières qu’elle dégage. Et alors que les industriels fournisseurs des équipements nucléaires ont eux aussi tiré des bénéfices très raisonnables de l’opération.
Par ailleurs le nucléaire, une fois construit et amorti, bénéficie, comme les énergies renouvelables, d’un coût proportionnel particulièrement bas. Certes, aux États-Unis, quelques unités nucléaires ont été arrêtées » pour des raisons économiques » ; ne nous y trompons pas, il y avait à la clé la nécessité de réaliser sur ces tranches anciennes des travaux de mise à niveau importants. Bien au contraire aujourd’hui, conscients de la source de profit qu’ils ont en mains, les électriciens américains possesseurs de nucléaire font valider leurs installations pour des durées de fonctionnement croissantes (jusqu’à soixante ans actuellement) alors que, parallèlement, les installations mises sur le marché par les turbulences d’une compétition de plus en plus vive s’achètent à des valeurs de plus en plus élevées. Oui, le nucléaire, celui qui fonctionne aujourd’hui, est compétitif et n’est pas près de cesser de l’être.
À l’évidence, dans un monde décidément libéral, il devra en être de même du nucléaire de demain. Le nucléaire sera compétitif ou ne sera pas. Mais, attention, la compétitivité n’est pas une propriété inhérente à un produit ; elle doit s’apprécier à un moment donné et en un lieu donné. Or quand nous disons compétitivité du nucléaire futur, de quoi parlons- nous ? De la position respective des coûts de kWh produits, les uns à partir de gaz naturel, les autres à partir d’uranium, et ce entre 2025 et 2075, période de vie probable des installations que nos enfants vont devoir bâtir pour remplacer celles d’aujourd’hui.
Qui peut dire quel sera le coût d’un kWh produit à partir du gaz, ne serait-ce que dans une dizaine d’années, alors que nous avons vu récemment le prix du gaz (qui constitue les trois quarts du coût du kWh produit en le brûlant) augmenter de 50 % en quelques semaines ? Ne restera-t-il pas, hélas, le jouet d’une géopolitique bien mal maîtrisée ? Sans prétendre mieux connaître ce que sera le coût du kWh que pourra nous proposer l’industrie nucléaire en 2015 ou 2030, je voudrais souligner une différence fondamentale : celui-ci sera ce que nous le ferons.
Le coût du kWh nucléaire est essentiellement un coût de main-d’œuvre, il est peu sensible aux aléas du cours de l’uranium qui n’en représente qu’environ 5 %. Et demain, avec les surgénérateurs (dont le prototype a été malencontreusement et injustement arrêté), nous pourrions nous affranchir complètement des fluctuations et des risques du marché des matières premières.
Par ailleurs, le nucléaire est une industrie jeune, n’ayant exploré que quelques-unes de ses potentialités. Il n’est pas pensable que de l’expérience de 10 000 années-réacteurs il ne surgisse pas de nouvelles idées, pour simplifier les systèmes existants, pour ouvrir de nouvelles voies. Les idées ne manquent pas, encore faudra-t-il avoir la persévérance nécessaire à leur validation et à leur industrialisation.
Oui, le nucléaire futur a toutes ses chances dans la course à la compétitivité, s’il est affranchi des incertitudes administratives qui pèsent sur lui et s’il est mené par une industrie qui y croit et qui a la volonté de se placer sur le marché. A fortiori l’est-il à travers l’intégration dans les coûts de ce que les économistes appellent les » externalités « , c’est-à-dire la valeur des impacts environnementaux des différentes filières. Nul doute que si l’on impute aux combustibles fossiles leur » poids de carbone émis » (mais comment en apprécier la valeur ?), les énergies renouvelables et le nucléaire (qui inclut déjà dans ses coûts ceux de ses externalités que sont le retraitement, le traitement de ses déchets et son démantèlement) ne deviennent compétitifs. On est tenté de dire que ce serait même trop facile…
Pour un débat énergétique sérieux
Il est paradoxal de constater que sur un sujet, l’énergie, qui » ne passionne pas les foules « , nous n’entendons guère, dans les médias et dans la bouche des hommes politiques, que des discours passionnés. Mais n’est-ce pas au fond la reconnaissance implicite qu’à la fois au plan géopolitique et au plan social le sujet nous concerne tous ?
Le nucléaire s’est développé depuis trente ans sous le feu roulant de ses adversaires. Je suis de ceux qui pensent que, mises à part les violences regrettables qu’elle a entraînées, cette critique a été un aiguillon positif obligeant l’industrie nucléaire à l’excellence. La catastrophe de Tchernobyl aurait-elle eu lieu, s’il y avait eu une contestation aussi déterminée en URSS ? Il est nécessaire, face à toute » technocratie « , qu’il y ait un contre-pouvoir ; il est nécessaire que certains dénoncent les imperfections ou les lacunes qui existent forcément dans toute avancée scientifique ou technologique.
Mais faut-il pour autant salir les choses et les hommes avec lesquels on n’est pas d’accord, prendre tout prétexte pour affoler les populations, éviter soigneusement de démentir ce qui s’avère ultérieurement comme une erreur, et en définitive créer dans l’esprit de beaucoup de citoyens une crainte, parfois une phobie, d’autant plus difficile à contrebattre qu’elle ne repose pas sur des faits ?
Conséquence inéluctable de ce déchaînement de passions, n’a-t-on pas été jusqu’à prétendre que l’effet de serre était une invention des » nucléocrates » pour défendre leur technologie, et ceux-ci ne soupçonnent-ils pas leurs opposants d’en minimiser l’importance pour éviter de favoriser le nucléaire ?
Le sujet est trop sérieux pour qu’il ne soit pas temps de l’étudier et de le discuter d’une façon véritablement scientifique et d’en exposer à l’ensemble de nos concitoyens les vrais enjeux. N’est-il pas temps de reconnaître ensemble aux énergies renouvelables à la fois leur intérêt et leurs limites ? N’est-il pas temps d’analyser ensemble scientifiquement les risques des différentes filières et de leur imposer des réglementations cohérentes ? Ne faut-il pas, plutôt que de lancer des anathèmes, mettre en commun ce que les différentes sensibilités de notre société ont à dire ?
Dans ce débat, les ingénieurs ont un rôle à jouer ; ils ont à y dire, non leurs certitudes, mais les faits. Ce numéro de La Jaune et la Rouge sera-t-il le point de départ d’une réflexion de la communauté polytechnicienne sur les problèmes énergétiques du siècle qui commence ?