Le pétrole dans le golfe de Guinée
Le groupe TotalFinaElf dans ses trois composantes d’origine a une tradition africaine très ancienne, plus que cinquantenaire, qui fait de lui aujourd’hui la première compagnie pétrolière internationale en Afrique, que ce soit dans le raffinage distribution où il partage le leadership avec Shell, ou dans l’exploration production.
Sur le continent africain le Groupe produit quelque 630 000 barils d’équivalent pétrole par jour, soit l’équivalent de 30 % de sa production globale. Historiquement TotalFina et Elf ont suivi en Afrique des routes différentes dans le déploiement de leurs activités d’exploration production. Total s’est principalement implanté au Maghreb, restant en Algérie alors qu’Elf s’en retirait, après la nationalisation partielle de l’industrie pétrolière en 1971 pour concentrer ses efforts dans le golfe de Guinée (voir ci-contre).
Optimiser la rentabilité des champs existants
En Afrique sub-saharienne, les premières recherches pétrolières d’Elf ont vu le jour au Gabon et au Cameroun ainsi qu’au Nigeria et au Congo. Plus récentes, les activités en Angola datent du début des années 80. Ces dernières années, le ralentissement prévisible de la production de certains champs a pu être freiné grâce à la mise en œuvre de techniques nouvelles plus performantes. De plus, une politique volontariste de réduction des coûts en a amélioré la rentabilité. Ainsi, l’exploitation du domaine minier se trouve-t-elle dynamisée.
Au Gabon, notre entreprise est le principal opérateur devant Shell. Ensemble, ils représentent 72 % de la production gabonaise. Celle-ci, en recul par rapport aux années précédentes, s’est élevée cependant à 100 millions de barils en 2000, grâce notamment à la production du champ de Rabi-Kounga qui a produit près de 100 000 barils de pétrole brut par jour en 2000.
En Angola, le Groupe détient des participations dans des permis situés par de faibles profondeurs d’eau. Ainsi, il opère le bloc 3 et participe au développement du bloc 2, opéré par Texaco.
Au Congo, il opère sur douze champs et est associé sur deux autres avec l’Eni. Les derniers mis en production sont N’Kossa depuis 1996, Kombi et Likalala depuis septembre 1999 et Tchibeli en avril 2000.
Premier producteur de pétrole d’Afrique avec 2,1 millions de barils par jour, soit plus de 100 millions de tonnes par an, le Nigeria a un potentiel de développement pétrolier et gazier exceptionnel. Produit à terre et en mer par faible profondeur d’eau, le pétrole nigérian a, de surcroît, un faible coût technique de production.
Outre l’exploitation de permis à terre commencée dès 1962, le Groupe opère le permis OML 58 où il met en valeur le gaz nigérian, dans le cadre du projet Obite. Le gaz associé du champ d’Obagi et le gaz du champ d’Ibewa approvisionnent l’usine de liquéfaction de Bonny où le Groupe est membre du consortium Nigeria LNG. En production depuis octobre 1999, cette usine devrait exporter quelque 7 milliards de m3 de gaz naturel vers l’Europe. Par ailleurs, le Groupe détient une participation de 10 % sur les permis opérés par Shell, ce qui lui donne accès au plus vaste domaine minier du pays.
Mais c’est la production en mer qui assure aujourd’hui les deux tiers de celle opérée par l’entreprise. En mer peu profonde, elle opère notamment les champs d’Odudu et d’Ofon et le projet d’Amenam qui devrait produire 125 000 barils par jour en 2003.
Au Cameroun, le Groupe est le principal acteur de l’exploration production. Son domaine est concentré dans le bassin du Rio del Rey, qui participe au système pétrolier du Delta du Niger, où il a mené une intense activité d’exploration. Les découvertes ont permis de maintenir la production à son niveau.
L’offshore profond : un enjeu majeur
De toute évidence, l’avenir pétrolier de l’Afrique de l’Ouest se joue dans les mers profondes, voire ultra-profondes. Les gisements sont suffisamment importants pour assurer la rentabilité des investissements nécessités par ce type d’exploitation novateur. Fort de son avance technologique et de ses capacités d’opérateur, le Groupe entend devenir un acteur majeur de cette nouvelle province pétrolière qui pourrait à terme relayer les productions terrestres.
L’un des pays les plus prometteurs est l’Angola où l’essentiel de la production pétrolière se fera en mer profonde, comme par exemple sur le bloc 14 dont le Groupe détient 20 % et qui a produit ses premiers barils fin 1999. En exploration, notre entreprise est opérateur sur le fameux bloc 17 où 10 puits d’exploration sur 12 ont conduit à des découvertes majeures : Girassol, Dalia, Rosa, Lirio, Tulipa, Orquidea, Cravo, Camelia, Jasmim et Perpetua. Girassol entrera en production fin 2001 (voir ci-contre).
Les découvertes effectuées en Angola ces dernières années ont suscité un très vif intérêt de la part des compagnies internationales au Congo pour le domaine minier par grands fonds. Un important programme d’exploration est en cours afin de déterminer le potentiel de cette zone. Le Groupe y est présent sur la totalité du domaine minier et il y opère le permis Mer très profonde Sud où il a effectué l’an passé la découverte d’Andromède par 1 900 mètres d’eau.
Au Nigeria, les permis en mer profonde s’annoncent également très prometteurs. Partenaire de Shell en mer profonde, le Groupe a participé à l’importante découverte de Bonga sur OPL 212, par plus de 1 000 mètres de profondeur d’eau. Le développement en cours pourrait lui permettre à terme d’augmenter encore sa production. Nous détenons une participation de 24 % dans le permis en mer profonde OPL 246 dont nous pilotons l’exploration. D’une superficie de 2 500 kilomètres carrés, celui-ci se trouve à une profondeur d’eau comprise entre 1 200 et 1 800 mètres. Le Groupe y a fait en 2000 une découverte prometteuse avec le puits Akpo 1.
En Guinée-Équatoriale et au Gabon, des permis d’exploration en mer profonde nous ont été attribués sur lesquels des forages seront réalisés cette année.
TotalFinaElf a un objectif de croissance forte de sa production mondiale qui doit passer de 2.2 Mbbl/j (110 Mt/an) en 2001 à 2.8 Mbbl/j (140 Mt/an) en 2005. Pour y parvenir le Groupe compte beaucoup sur l’Afrique subsaharienne, principalement en offshore profond. Grâce à sa maîtrise technologique et à l’expérience acquise dans l’ensemble des pays concernés, TotalFinaElf est bien armé pour poursuivre et accroître ses activités d’opérateur pétrolier majeur dans le golfe de Guinée. Il prévoit d’y investir quelque 6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
Éléments géopolitiques et statistiques
Place du golfe de Guinée dans le monde
L’Afrique produit aujourd’hui environ 10 % du pétrole de la planète pour moitié à partir du golfe de Guinée et le reste provenant essentiellement des pays du Maghreb.
Les grandes découvertes réalisées ces dernières années, notamment en Angola et au Nigeria, et les décisions de développement qui en ont résulté permettent d’aborder l’avenir avec confiance, d’autant que l’effort d’exploration se poursuit dans l’ensemble de la zone.
Répartition entre les différents pays du golfe de Guinée
La répartition actuelle de la production des principaux pays producteurs du golfe de Guinée a été estimée par BP en 1999 comme suit :
- Angola 780 000 barils par jour
- Cameroun 95 000 barils par jour
- Congo-Brazzaville 295 000 barils par jour
- Gabon 340 000 barils par jour
- Guinée-Équatoriale 100 000 barils par jour
- Nigeria 2 030 000 barils par jour
On considère généralement dans l’industrie que l’essentiel de la croissance des productions viendra à court terme de l’Angola et du Nigeria ainsi que de la Guinée-Équatoriale.
Présence des grandes sociétés pétrolières dans le golfe de Guinée
Toutes les grandes sociétés pétrolières mondiales sont présentes dans le golfe de Guinée. L’importance de leur implantation est le résultat de l’intérêt stratégique qu’elles ont manifesté pour chaque pays et du plus ou moins grand succès qu’elles ont eu en exploration. La répartition des acteurs industriels a bien entendu été affectée par les mouvements de fusion observés ces derniers temps dans le monde du pétrole. Le tableau ci-dessous résume l’implantation des différents opérateurs significatifs.
TotalFinaElf | Exxon Mobil | Shell | BP | Chevron Texaco | Agip | |
Angola | ♦ | ♦ | ♦ | ♦ | ♦ | ♦ |
Cameroun | ♦ | ♦ | ||||
Congo-Brazzaville | ♦ | ♦ | ||||
Gabon | ♦ | ♦ | ||||
Guinée-Équatoriale | ♦ | ♦ | ||||
Nigeria | ♦ | ♦ | ♦ | ♦ | ♦ |
À côté des grands groupes on note aussi dans certains pays de la zone la présence de sociétés pétrolières de moindre taille souvent spécialisées dans l’exploitation à bas coût des champs en déclin.