Le rail : un métier d’avenir aussi dans le privé
Alain Thauvette, votre carrière entière a jusqu’ici été vouée au chemin de fer.
Comment cela a‑t-il commencé ?
Là où j’ai été diplômé de l’École Polytechnique de Montréal, au Canada, lorsque nous terminons nos études, les industries viennent généralement recruter sur le campus. Ainsi, comme de nombreux ingénieurs de ma génération, j’ai entamé dès la fin de mes études ma carrière dans l’ingénierie, étant embauché par la société de chemin de fer d’État à l’époque.
Pendant mes premières années en tant qu’ingénieur, il m’a été donné de travailler sur des missions de design, de construction. Le moment est ensuite venu où j’ai eu le choix de poursuivre dans cette filière, mais j’ai préféré ouvrir mes horizons et aller voir ce qui existait d’autre, de différent, dans le vaste monde du chemin de fer.
Dans quelle mesure était-il aisé de changer de domaine, alors même que chaque nouveau métier est très technique et pointu ?
Je dirais que la richesse de ma formation d’ingénieur m’a permis de passer avec une certaine fluidité de l’ingénierie à d’autres activités, telles que l’exploitation, la vente ou encore la logistique. Tout cet aspect développement collait parfaitement avec ma formation, qui nous avait inculqué la faculté de réfléchir, de raisonner.
Lorsque je regarde derrière moi, je m’aperçois que je n’ai rien perdu des fondamentaux de ces années d’études, de cette façon de penser, de faire, de voir les choses.
Une entreprise de notre taille permet à tout un chacun de prendre part aux projets, de mener des actions aux répercutions rapides, d’obtenir des résultats gratifiants, peut-être davantage que dans le public, de part le fait que nous sommes moins formatés, plus ouverts, plus souples.
Ce fut donc un premier virage dans votre carrière…
Absolument. L’une de mes nouvelles missions fut de prouver qu’un nouveau modèle ferroviaire, inventé à l’époque, était fiable, viable, qu’il fonctionnait. J’ai alors, dans le cadre de ce travail, créé deux sociétés.
Puis je suis revenu à l’ingénierie, toujours au Canada, dans la région des Grands Lacs, en tant qu’ingénieur en chef, en charge de l’ensemble des problématiques qui touchaient l’entreprise. Amélioration de la productivité, transformation de modèle d’exploitation… mon rôle consistait à optimiser nos activités.
Je suis ensuite devenu Directeur Général, toujours en conservant l’aspect très opérationnel du métier.
La suite de votre carrière, c’est la création de cette entreprise, en 2005…
En effet en 2005, j’étais en relation avec une société de chemin de fer anglais qui souhaitait connaître une expansion.
Son Directeur général entendait profiter de l’ouverture des marchés à l’international. Seulement voilà, du fait de l’insularité britannique, le seul pays en lien direct était évidemment la France, via le tunnel sous la Manche. Cette personne a donc décidé de faire appel à moi pour monter une société en France.
J’ai donc commencé cette aventure seul, rapidement rejoint par des collaborateurs. Puis nous avons recruté des gens de divers horizons, dont un certain nombre qui, venant de la SNCF, se trouvaient naturellement les mieux qualifiés pour venir nous prêter main forte.
Peu à peu, nous avons mis en place notre propre école de formation, embauché de nombreux jeunes pour occuper les postes de conducteurs. Bref, nous avons tissé notre réseau au fil du temps.
Aujourd’hui, après moins de 10 ans d’existence, nous possédons pas moins de 150 locomotives, que nous réparons et entretenons dans nos propres ateliers, nous réalisons nous-mêmes les études de modifications, les dossiers de sécurité qui vont avec, et nous avons nos spécialistes d’inspection des voies.
Aujourd’hui, votre entreprise est devenu un acteur très important dans le secteur du Fret. Quels sont pour vous les principaux enjeux d’aujourd’hui et de demain ?
Vous savez, la plupart des gens connaissent mal le chemin de fer. D’aucuns pensent que le train, c’est une peu le moyen-âge, et qu’au fond c’est de l’Histoire ancienne. Pour beaucoup, cela se résume au TGV, et rien d’autre.
C’est une erreur et il convient de rétablir la vérité sur ce secteur qui se développe sans cesse. Aujourd’hui plus que jamais, le Fret évolue, les méthodes changent. Le chemin de fer est très réactif à la demande des clients, il est très performant, toujours plus fiable.
Diriez-vous que le chemin de fer est un métier d’avenir ?
Bien entendu. Prenons l’environnement par exemple. Il faut avoir à l’esprit que faire rouler un wagon, c’est faire avancer une roue en métal sur un rail en métal. Tout ingénieur sait bien que le coefficient d’adhésion étant très faible, la dépense d’énergie de ce type de mouvement est dérisoire en comparaison avec celle d’un camion.
L’effort tractif requis est bien moindre pour le même nombre de tonnes. Donc lorsqu’on évoque les impératifs environnementaux, que plus personne ne peut nier aujourd’hui, il semble fondamental de ne pas oublier que le rail représente un vrai espoir de progrès, de modernisme, ce qui n’est pas étonnant si l’on admet qu’il a également été à l’origine de l’ingénierie.
Que voulez-vous dire en évoquant ce rôle historique du rail ?
L’ingénierie a vu le jour avec l’avènement des chemins de fer et des machines à vapeur. Il me semble important de rendre hommage à ce secteur qui est à l’origine de nombreuses de disciplines et de compétences. Les constructions d’infrastructures, le drainage, la signalisation, l’électronique, les ponts en bois comme en acier… tout cela s’est développé à l’origine avec le chemin de fer.
L’ingénierie a vu le jour avec l’avénement des chemins de fer et des machines à vapeur. Il me semble important de rendre hommage à ce secteur qui est à l’origine de nombreuses disciplines et de compétences.
Aujourd’hui, forts de votre renommée internationale, vous souhaitez accueillir de nouveaux talents. En quoi les métiers que vous leur proposez sont-ils de formidables opportunités de carrières ?
Arriver aujourd’hui dans nos équipes, alors même que nous ne sommes pas encore une immense structure, c’est évidemment un calcul intéressant car une entreprise de notre taille permet à tout un chacun de prendre part aux projets, de mener des actions aux répercussions rapides, d’obtenir des résultats gratifiants, peut-être davantage que dans le public, de par le fait que nous sommes moins formatés, plus ouverts, plus souples.
Les satisfactions personnelles sont fortes et les résultats visibles dans des délais plus courts. Avec une moyenne d’âge d’à peine 34 ans, nous sommes animés par un dynamisme porteur.
Les diplômés de grandes écoles d’ingénieur qui nous rejoindront demain auront nécessairement un bel avenir devant eux.
Le caractère international de votre société implique-t-il aussi pour les recrues des opportunités de mouvement ?
Nous faisons partie d’un grand groupe, DB, lui-même 4e leader mondial du secteur logistique et avec sa filiale DB Schenker Rail, leader en Europe qui nous ancre dans l’international, aussi bien en Allemagne, qu’en Angleterre, en Espagne, aux Emirats et en tout dans 14 pays.
Cette donnée géographique implique de nombreux échanges d’ingénieurs entre les différents territoires où nous sommes implantés. Chacun a ainsi la possibilité s’il le souhaite d’envisager de travailler, voyager, s’ouvrir à des nouvelles cultures et enfin connaître une carrière en mouvement et passionnante !