Le record du monde de planeur : plus de 1000 km en moins de cinq heures
Un vent extrêmement fort, créant une onde puissante parmi les nuages lenticulaires de Patagonie, voilà des conditions idéales pour monter à 8 600 m d’altitude et parcourir plus de mille kilomètres en moins de cinq heures.
Pour mes vacances de Noël, j’ai eu la chance de participer à l’expédition de Jean-Marie Clément, l’un des pionniers des très grands vols en planeur en Amérique du Sud, à Bariloche, en Argentine, au pied des Andes. Ces montagnes constituent la plus longue chaîne de la planète. Étant perpendiculaires au vent dominant d’ouest, elles engendrent des oscillations dans l’atmosphère qui peuvent se comparer à des vagues et que les planeurs peuvent exploiter pour gagner beaucoup d’altitude rapidement.
La cordillère des Andes est donc devenue le terrain de jeu favori des meilleurs pilotes mondiaux, ceux qui cherchent à aller toujours plus loin, plus haut, et plus vite. Ils ont, entre autres, montré que l’on pouvait monter à plus de 15 000 m ou parcourir 3 000 km en une seule journée, et ce sans utiliser de moteur bien sûr. C’est impressionnant quand on pense qu’un avion de ligne vole à une altitude de 10 000 à 11 000 m.
1 006 km en 4 h 57. Le tracé du vol superposé sur une carte Google Earth.
Un beau matin de décembre, j’ai donc eu le privilège d’être aux premières loges pour voir comment on s’y prenait pour accomplir ce type d’exploit. Jean-Marie et moi avons décollé ensemble dans son Nimbus 4DM alors que le vent au sol était extrêmement fort. Il l’était encore plus en altitude, créant une onde extrêmement puissante comme en témoignaient les monstrueux nuages lenticulaires que nous avons rencontrés sur notre chemin. Cette onde nous a permis de monter jusqu’à 8 600 m d’altitude, où la température descend à – 40°, tout en volant extrêmement vite sur la majeure partie du parcours. En 4 h 57 de vol, nous avons parcouru 1 006 km, soit une moyenne de 203,14 km/h nettement plus élevée que les 199,79 km/h du précédent « speed over an out-and-return course of 1 000 km record ». Notre nouveau record a donc été homologué, non sans quelques péripéties administratives.
La figure montre le tracé du vol que nous avons effectué. Nous avons effectué une montée rapide de 5 300 m à 8 600 m vers le milieu du vol, quand nous avons atteint la partie la plus favorable du parcours et avons suivi le bord d’attaque d’un immense lenticulaire sur des centaines de kilomètres.
En bref, cette épopée Argentine aura été une aventure inoubliable et, même si je suis conscient que Jean-Marie aurait probablement été encore plus vite avec un pilote plus expérimenté que moi sur le siège avant, ce vol restera certainement un des points d’orgue de ma carrière aéronautique.