Le recyclage des plastiques, un nouveau gisement d’emplois en Europe
En 2018, la Chine a fermé ses frontières à l’importation de déchets plastiques. Ce bouleversement du marché au niveau mondial s’est accompagné simultanément d’une prise de conscience quant aux excès de l’usage de plastiques à usage unique. Si tout doit être fait pour engager une baisse de la consommation de matière, il n’en reste pas moins que son usage est omniprésent — et que la crise de Covid-19 a de surcroît démontré les exceptionnelles qualités techniques, sanitaires voire économiques du plastique. Cela souligne l’enjeu du recyclage des plastiques, encore trop peu développé. Un recyclage au fort potentiel environnemental, mais aussi économique et social, cette industrie pouvant être créatrice d’emplois en France et en Europe.
Un enjeu : doubler le taux de recyclage en Europe
Le plastique a des caractéristiques qui expliquent l’intérêt qu’on lui porte – résistance et durabilité – mais aussi les risques qu’ils comportent lorsque sa fin de vie est mal gérée et qu’il devient un polluant dans la nature. Il est aussi consommateur de ressources fossiles non renouvelables. Deux raisons qui justifient la nécessité de son meilleur recyclage. Et c’est là que le bât blesse. Il n’était que de 32,5 % en 2019. Face au défi, l’Europe s’est dotée d’une stratégie ambitieuse visant à atteindre 60 % de plastiques recyclés en 2025. Un coup de pouce pour les métiers du recyclage en particulier, qui pourraient accéder à un gisement de déchets de qualité, et pour l’économie européenne en général, avec 200 000 emplois à la clé.
Recruter localement
Car encourager le recyclage, c’est consolider, en Europe, une véritable filière industrielle et tout un écosystème d’acteurs ancrés au coeur des territoires. Le recyclage des plastiques est d’autant plus performant au niveau environnemental que les déchets ne sont pas transportés sur des distances excessives.
C’est aussi susciter un nouveau besoin d’emplois qualifiés, indispensable pour saisir cette formidable opportunité qui permettra à l’Europe de sécuriser son approvisionnement en matières premières. La transformation de la matière première secondaire exige une technicité spécifique, avec un grand nombre de métiers qui restent encore à inventer, les profils issus de la plasturgie n’ayant pas les compétences requises. Veolia, qui table sur un doublement de la taille de son activité recyclage des plastiques, prévoit ainsi de doubler ses effectifs dédiés à cette activité dans les prochaines années et d’organiser un programme de formation ad hoc, pour faire émerger les compétences dont il a besoin.
Faire sauter les verrous
Le développement du recyclage des plastiques devra faire sauter deux principaux verrous. Un verrou culturel : le produit recyclé est perçu comme low-cost et peu qualitatif, et l’industrie reste largement réfractaire à l’usage du recyclé plutôt que de la matière vierge.
C’est pourquoi Veolia s’emploie pour sa part à améliorer la technicité des produits recyclés, pour qu’ils remplacent – en mieux ! – la matière vierge.
Un verrou économique : dans une pure logique de marché, le prix de la matière recyclée est indexé à celui de la matière vierge – donc du cours très volatil du pétrole. Pour le décorreler et pouvoir construire une industrie du recyclage durable, l’obligation d’utiliser des recyclés là où c’est possible est un bon moyen. Les bouteilles PET sont déjà concernées, l’UE imposant d’y injecter au moins 25 % de matière recyclée dès 2025.
Multiplier les boucles de valorisation
La pression des citoyens et des consommateurs, associée aux nouvelles dispositions réglementaires, permettra de créer de nouvelles boucles circulaires. Comme celle créée en France par Veolia avec les jardineries Botanic, Poétic et l’entreprise d’insertion Elise, pour recycler les pots horticoles qui ne peuvent être réutilisés : ramenés en magasin, ils sont recyclés par Veolia puis revendus par la même enseigne. Ou encore celle organisée à Hambourg. L’association de Veolia d’Unilever, de la vile, de la chaîne de drogueries Budni et des experts en matériaux de l’Université de technologie, a permis de mettre en rayons une bouteille de détergent en plastique PEHD 100 % recyclé provenant de la collecte municipale. La nouvelle économie des plastiques n’a pas fini de faire des boucles…
Rédigé par Sven Saura
En bref
Veolia ambitionne de recycler 610 000 tonnes/an de déchets plastiques dans le monde en 2023, avec une forte présence en Asie et en Europe. Son expertise dans le domaine lui permet de traiter plusieurs types de résines pouvant être réutilisées par ses clients industriels, comme le PEE, le PEHD ou encore le PP. Le groupe met son expertise au service du développement de grades de haute qualité permettant l’accès à de nouveaux usages techniques comme l’automobile ou sanitaire comme l’alimentaire. Investir dans une chaîne d’approvisionnement en plastique pourrait aider à récupérer les 95 % estimés de la valeur des emballages en plastique – soit environ 113 Md$ – perdus chaque année par l’économie mondiale.
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