Le renouveau du bois dans la construction

Dossier : Le boisMagazine N°578 Octobre 2002
Par Joseph BEHAGHEL

Le palais de l’Équilibre à Neuchâtel, Suisse.
Le palais de l’Équilibre à Neu­châ­tel, Suisse. Pla­ni­fi­ca­teur artis­tique : Groupe H. et Char­pente Concept, Tho­mas Buchi S.A. Bureau d’études tech­nique : Groupe H. Dépar­te­ment CVSE.

La construction en bois en France : bref retour en arrière

Cou­rantes en France comme en Europe depuis le Moyen Âge, les mai­sons indi­vi­duelles ou de bâti­ments publics à pans de bois et à colom­bages ont mar­qué jus­qu’au début du xviiie siècle l’ar­chi­tec­ture des villes et vil­lages. On les retrouve ain­si tou­jours soli­de­ment plan­tées dans de nom­breuses régions fran­çaises. Alsace, Bresse, Cham­pagne, Nor­man­die, Dor­dogne, mais aus­si Quey­ras, Brian­çon­nais, Landes ou Pays basque pré­sentent tou­jours de mul­tiples témoi­gnages de ces construc­tions carac­té­ris­tiques de l’ar­chi­tec­ture tra­di­tion­nelle régio­nale repo­sant sur l’u­ti­li­sa­tion des maté­riaux natu­rels dis­po­nibles sur place.

À par­tir du XVIIIe siècle, le bois pour les struc­tures ver­ti­cales (murs) a été pro­gres­si­ve­ment délaissé.

Plu­sieurs rai­sons expliquent cette mar­gi­na­li­sa­tion pro­gres­sive : la pénu­rie de matière due à la réduc­tion des sur­faces boi­sées par les défri­che­ments agri­coles et à la sur­ex­ploi­ta­tion des forêts res­tantes, notam­ment pour ali­men­ter en éner­gie l’in­dus­trie nais­sante avant l’es­sor des éner­gies fos­siles ; l’in­ven­tion ou le déve­lop­pe­ment d’autres maté­riaux de construc­tion à par­tir de la seconde moi­tié du XIXe siècle : bétons, acier, sans cesse per­fec­tion­nés par les tra­vaux des cher­cheurs et des ingé­nieurs, qui ont fait régu­liè­re­ment pro­gres­ser la connais­sance et donc les per­for­mances de ces maté­riaux, dis­tan­çant ain­si pro­gres­si­ve­ment le bois ; la perte de main-d’œuvre qua­li­fiée et de savoir-faire enfin, consé­cu­tive à la dis­pa­ri­tion pen­dant la Guerre de 14–18 de très nom­breux char­pen­tiers char­gés des tra­vaux d’é­tayage des tranchées.

Le bois a ain­si pro­gres­si­ve­ment recu­lé dans les emplois struc­tu­rels jus­qu’aux années cin­quante, tout en conti­nuant à occu­per des posi­tions impor­tantes dans les emplois inté­rieurs, en amé­na­ge­ment, menui­se­rie inté­rieure et exté­rieure, par­quets, esca­liers fabri­qués à par­tir de sciages. Mais là aus­si, le déve­lop­pe­ment de nou­veaux maté­riaux issus de la pétro­chi­mie (pro­fi­lés PVC, revê­te­ments de sol souples…) est venu prendre des parts de mar­ché au bois, notam­ment en menuiserie.

Les années soixante marquent cepen­dant le début du retour du bois en struc­ture dans la construc­tion. Les pro­grès, très gra­duels, qui sont inter­ve­nus depuis lors sont dus à l’ap­pa­ri­tion de tech­niques et pro­duits nou­veaux, ain­si qu’à la déter­mi­na­tion des pro­fes­sion­nels et des dis­po­si­tions régle­men­taires, tous fac­teurs décrits ci-après.

Le renouveau du bois de construction

Jus­qu’au milieu du XXe siècle, la construc­tion en bois repo­sait essen­tiel­le­ment sur l’u­ti­li­sa­tion de bois mas­sifs. Les pro­grès des tech­niques d’u­si­nage d’une part, de la chi­mie, notam­ment des colles d’autre part, ont per­mis des avan­cées consi­dé­rables, sur­tout à par­tir des années cin­quante, pour mettre à la dis­po­si­tion des archi­tectes, des ingé­nieurs et des char­pen­tiers bâtis­seurs une gamme de plus en plus riche de pro­duits et com­po­sants bois.

Les tech­niques de séchage arti­fi­ciel per­met­tant de maî­tri­ser l’hu­mi­di­té du bois en fonc­tion de ses trans­for­ma­tions ulté­rieures, le déve­lop­pe­ment des colles struc­tu­relles lié à celui des tech­niques d’a­bou­tage, de pan­neau­tage et de lamel­la­tion rendent en effet pos­sible la créa­tion des pro­duits et com­po­sants indus­triels bois sta­bi­li­sés aux carac­té­ris­tiques méca­niques connues (trai­tés au besoin selon les condi­tions d’u­ti­li­sa­tion finales).

La révolution des bois de structure industriels

Le lamel­lé-col­lé : c’est la pre­mière inno­va­tion tech­no­lo­gique, issue du bre­vet dépo­sé en 1906 par Otto Hert­zer, maître char­pen­tier alle­mand. Il a mar­qué en France le retour du bois dans la construction.

À par­tir des années soixante, cette tech­nique per­met­tant de fran­chir des por­tées dépas­sant les limites du bois mas­sif a été lar­ge­ment uti­li­sée pour la réa­li­sa­tion des char­pentes de grandes por­tées sup­por­tant la cou­ver­ture de grandes sur­faces com­mer­ciales, bâti­ments indus­triels, pis­cines ou salles de sport.

Plus récem­ment, à par­tir des années quatre-vingt, les recherches menées sur le conti­nent amé­ri­cain, en Scan­di­na­vie et en Alle­magne ont débou­ché sur la créa­tion de nou­veaux com­po­sants struc­tu­rels bois répon­dant de mieux en mieux aux exi­gences de la construc­tion contem­po­raine. Ain­si sont arri­vés sur le mar­ché fran­çais plu­sieurs nou­veaux pro­duits, fabri­qués à par­tir de dif­fé­rents pro­cé­dés ren­dant plus homo­gène le maté­riau hété­ro­gène qu’est le bois, et conser­vant ou amé­lio­rant ses carac­té­ris­tiques phy­siques, méca­niques et esthétiques.

Le lami­bois ou LVL » Lami­na­ted Veneer Lum­ber » : issu éga­le­ment des tra­vaux menés par le Centre tech­nique du bois et de l’a­meu­ble­ment (CTBA) dans les années soixante-dix, et fabri­qué aux USA et dans les pays nor­diques, c’est un lamel­lé-col­lé de pla­cage de rési­neux sur chant. Les pla­cages de 3 mm d’é­pais­seur obte­nus par dérou­lage sont col­lés à chaud, fil sur fil, par joints scar­fés déca­lés : le pla­teau ain­si fabri­qué est ensuite cou­pé et refen­du. Ses carac­té­ris­tiques méca­niques sont supé­rieures de plus de 30 % à celles du bois mas­sif. Son champ d’ap­pli­ca­tion est vaste : poutres droites ou pro­fi­lés, pièces de char­pente, pan­neaux sup­ports de toi­ture et de cou­ver­ture droite ou cin­trée, etc.

École maternelle – Sartrouville (78).  construction en bois
École mater­nelle – Sar­trou­ville (78). Archi­tecte : D. Molard.

Le para­lam, fabri­qué aux USA, est réa­li­sé à par­tir de fines et longues lamelles mas­si­co­tées dans des pla­cages de dérou­lages de rési­neux, orien­tées dans le sens de la lon­gueur, enduites d’une résine phé­no­lique hydro­fuge puis extru­dées et poly­mé­ri­sées par micro-ondes. Stable et par­ti­cu­liè­re­ment résis­tant, le para­lam a des pro­prié­tés méca­niques supé­rieures de 50 % à celles du bois mas­sif qui le rendent par­ti­cu­liè­re­ment adap­té à la réa­li­sa­tion de poutres maî­tresses, de poteaux et de lin­teaux de grandes por­tées. Alors que le para­lam est obte­nu à par­tir du dérou­lage de grumes, l’in­tra­lam est un pro­duit sem­blable consti­tué de grands copeaux issus de rondins.

Les poutres en I : on trouve désor­mais dif­fé­rents types de poutres com­po­sites tri­an­gu­lées ou à âme pleine, en bois ou asso­ciant bois et métal. L’un des prin­ci­paux atouts de ces poutres est leur poids qui peut être infé­rieur de 40 % à celui d’une poutre en bois mas­sif de même résis­tance : elles sont donc manu­por­tables, ce qui favo­rise un mon­tage rapide et facile prin­ci­pa­le­ment en pannes de toi­ture et de plancher.

Les pan­neaux OSB » Orien­ted Strand Board » à lamelles orien­tées, déve­lop­pés à l’o­ri­gine au Cana­da et aux USA, et fabri­qués en France depuis les années quatre-vingt : des pla­quettes de bois tran­chées à par­tir de billons de rési­neux, encol­lées avec des résines ther­mo­dur­cis­sables, com­posent un mate­las de trois couches suc­ces­sives croi­sées, pres­sées ensuite à chaud dans une presse conti­nue. Le pan­neau obte­nu est par­ti­cu­liè­re­ment stable, résis­tant à l’hu­mi­di­té, ce qui auto­rise sa mise en œuvre en exté­rieur. Il a une résis­tance méca­nique voi­sine de celle du contre­pla­qué. Esthé­tique et fonc­tion­nel, ses appli­ca­tions sont nom­breuses dans la construc­tion : voiles tra­vaillant des murs à ossa­ture bois, plan­chers por­teurs sur appuis dis­con­ti­nus, âmes de poutres en I, pan­neaux déco­ra­tifs lasurés…

Maison individuelle, construction en bois, Narbonne
Mai­son indi­vi­duelle, Nar­bonne, Aude. Archi­tectes : A. Escri­va, D. Belda.

Plus récem­ment dans les années quatre-vingt-dix, on a assis­té depuis l’Al­le­magne, l’Au­triche et la Suisse au déve­lop­pe­ment accé­lé­ré d’un autre type de bois mas­sif recons­ti­tué : avec les bois mas­sifs abou­tés, et les duos ou trios (com­po­sés de deux ou trois barres de bois mas­sif abou­té), col­lés avec des colles poly­uré­thanes invi­sibles, les concep­teurs et char­pen­tiers dis­posent désor­mais de poutres ayant les mêmes carac­té­ris­tiques méca­niques et d’as­pect que celles du bois mas­sif, mais par­fai­te­ment sta­bi­li­sées, pou­vant atteindre de grandes lon­gueurs et sec­tions : plus de 1 mil­lion de mètres cubes ont été ain­si pro­duits et mis en œuvre en 2001. Une pre­mière ligne de fabri­ca­tion est actuel­le­ment en cours de démar­rage en France et d’autres pro­jets devraient pro­chai­ne­ment voir le jour.

Com­plé­tant la gamme des pan­neaux à base de bois mas­sif recons­ti­tué, le déve­lop­pe­ment tou­jours en Alle­magne et Autriche ain­si qu’en Scan­di­na­vie de pan­neaux épais de bois mas­sif contre­col­lé, dont les dimen­sions vont de 4 à 16 mètres de lon­gueur, 1 à 3 mètres de lar­geur, 15 à 60 cen­ti­mètres d’é­pais­seur, ouvre éga­le­ment un champ nou­veau pour la construc­tion d’élé­ments auto­por­teurs de plan­chers, de murs, ou de sup­ports de toi­ture pré­usi­nés et prêts à monter.

La révolution du numérique

L’ap­pa­ri­tion de ces nou­veaux com­po­sants inter­vient en même temps que se déve­loppent de façon accé­lé­rée les outils infor­ma­tiques et pro­duc­tiques dans les bureaux d’é­tude et les ate­liers : de puis­sants logi­ciels de des­sin et de cal­cul des struc­tures et formes les plus com­plexes ont ain­si été déve­lop­pés spé­ci­fi­que­ment pour le bois.

Cer­tains d’entre eux uti­li­sés par l’ar­chi­tecte, le bureau d’é­tude et l’en­tre­prise per­mettent par l’é­change de don­nées infor­ma­tiques d’op­ti­mi­ser et sécu­ri­ser le pilo­tage des centres d’u­si­nage à com­mande numérique.

Ces centres d’u­si­nage consti­tuent une véri­table révo­lu­tion dans la construc­tion en bois : on peut réa­li­ser grâce à eux toutes les tailles et usi­nages de pièces de char­pente droites ou courbes quelle que soit leur com­plexi­té avec une pré­ci­sion, une qua­li­té et un coût inégalés.

De cinq centres ins­tal­lés en France en 1995, dont trois dans des entre­prises de lamel­lé-col­lé, on est ain­si pas­sé à plus de quatre-vingt-dix centres en pro­duc­tion en 2001. à titre indi­ca­tif, l’Al­le­magne dis­pose pour sa part actuel­le­ment d’un parc de six cents machines !

La mise sur le mar­ché des bois indus­triels cali­brés et sta­bi­li­sés cor­res­pon­dant par­fai­te­ment aux exi­gences de ces centres d’u­si­nage ain­si que les inno­va­tions constantes dans la mise au point de sys­tèmes d’as­sem­blages et de connec­teurs métal­liques (plaques, inserts, broches…) per­mettent désor­mais une pré­fa­bri­ca­tion opti­mi­sée en ate­lier se tra­dui­sant par des mon­tages rapides et propres de com­po­sants usi­nés et pré­as­sem­blés. Les pers­pec­tives sont pro­met­teuses pour la construc­tion en bois : de mul­tiples exemples le montrent.

Le bois dans les constructions contemporaines

Le bois sous ses diverses formes est en effet de plus en plus employé pour tous les types de pro­grammes dans le bâti­ment, en struc­ture, en pare­ment, en vêture, en amé­na­ge­ments exté­rieurs et même en génie civil.

L’at­trait pour la mai­son en bois de plus en plus pré­sente dans les maga­zines de la mai­son ne cesse de se ren­for­cer et consti­tue un domaine impor­tant de déve­lop­pe­ment. L’ac­cueil très favo­rable réser­vé par les entre­prises, les archi­tectes et les construc­teurs au pro­jet de for­ma­tion opé­ra­tion­nelle » Mai­son Bois Outils Concept » mis en place par le Comi­té natio­nal pour le déve­lop­pe­ment du bois (CNDB) en témoigne.

Léger, maniable et propre, le bois est de plus en plus appré­cié pour la réha­bi­li­ta­tion, la sur­élé­va­tion ou l’ex­ten­sion de tous types de bâti­ments, mar­chés en fort développement.

De même, son aspect vivant et sa sur­face douce et cha­leu­reuse en font un maté­riau par­ti­cu­liè­re­ment adap­té aux bâti­ments sco­laires : de plus en plus d’é­coles, mais aus­si des col­lèges et des lycées uti­lisent lar­ge­ment le bois en vêture et en structure.

En amé­na­ge­ments exté­rieurs et en génie civil, les pro­grès dans les pro­duits de trai­te­ment et l’u­ti­li­sa­tion d’es­sences adap­tées favo­risent désor­mais l’u­sage du bois pour des amé­na­ge­ments urbains ou pay­sa­gers, mais aus­si pour des ouvrages d’art comme le pont de Crest (Drôme), le pont de Merle (Cor­rèze) ou le pont de l’aire du Cha­va­non sur l’A89.

Une volonté professionnelle

Consciente des enjeux du mar­ché de la construc­tion pour la filière bois, et de l’i­mage pas­séiste du bois chez nombre de pres­crip­teurs et déci­deurs, la filière bois a confié en 1994 au CNDB la mis­sion de redon­ner au bois sa place dans la construc­tion : en effet en l’ab­sence d’o­pé­ra­teurs indus­triels majeurs, seule l’ac­tion col­lec­tive pou­vait per­mettre d’ap­por­ter une réponse aux attentes du marché.

S’ins­pi­rant de l’exemple » d’Arge Holz « , orga­nisme de pro­mo­tion qui favo­rise depuis des décen­nies l’emploi du bois dans la construc­tion en Alle­magne, les délé­gués régio­naux du CNDB apportent ain­si depuis 1995 aux maîtres d’ou­vrage, archi­tectes et bureaux d’é­tude une infor­ma­tion et une aide tech­nique com­pé­tente et effi­cace qui com­mence à por­ter ses fruits.

Les qua­rante numé­ros de la publi­ca­tion bimes­trielle Séquences bois publiés à ce jour ont créé par ailleurs pour eux une fami­lia­ri­té et un lien régu­lier avec le bois dans l’ar­chi­tec­ture, jusque-là inexis­tant et essen­tiel pour l’é­mer­gence des pro­jets : les réa­li­sa­tions pré­sen­tées mettent en évi­dence com­bien l’as­so­cia­tion de dif­fé­rents maté­riaux de construc­tion pour pro­fi­ter des per­for­mances de cha­cun est un des prin­ci­paux moteurs du déve­lop­pe­ment de l’ar­chi­tec­ture contem­po­raine en bois.

En amont, le CNDB tra­vaille en concer­ta­tion avec les écoles d’ar­chi­tec­ture, d’in­gé­nieurs et d’IUT de génie civil, pour les inci­ter et les aider à enri­chir voire créer dans ces éta­blis­se­ments un ensei­gne­ment du bois et de la construc­tion en bois jusque-là très peu déve­lop­pé ou inexis­tant : les pro­fes­seurs confirment que les attentes des étu­diants en archi­tec­ture vis-à-vis du bois sont grandes.

Une volonté politique : le » Plan Bois Construction Environnement »

En Europe, de nom­breux pays consi­dèrent l’u­ti­li­sa­tion du bois comme une des mesures per­met­tant de mini­mi­ser les émis­sions de CO2 dans l’at­mo­sphère et de le sto­cker. Plu­sieurs gou­ver­ne­ments encou­ragent ain­si son emploi dans la construc­tion et même en génie civil.

Pont de Merle, vallée de la Maronne, Corrèze.Construction en bois

Pont de Merle, val­lée de la Maronne, Corrèze.
Archi­tecte : H. David. Bureau d’études tech­nique : Sode­teg, J.-L. Micho­tey et C. Poumeau.

Ain­si, bien que fai­ble­ment boi­sés, les Pays-Bas ont mis en place une poli­tique de déve­lop­pe­ment durable dont un des objec­tifs est d’aug­men­ter de 20 % la part du bois dans le bâti­ment. En Alle­magne on pré­voit qu’à court terme 20 % des mai­sons indi­vi­duelles auront une struc­ture bois. En Bel­gique, une volon­té poli­tique de pro­mo­tion du bois au cours des der­nières années a per­mis de faire pas­ser la part des mai­sons indi­vi­duelles en bois à 15 %.

En France, la loi sur l’air et l’u­ti­li­sa­tion ration­nelle de l’éner­gie du 30 décembre 1996 témoigne d’une prise de conscience des pro­blèmes éco­lo­giques au niveau poli­tique. L’ar­ticle 21.5 de cette loi sti­pule en effet que » pour répondre aux objec­tifs de la pré­sente loi, un décret en Conseil d’É­tat fixe­ra les condi­tions dans les­quelles cer­taines construc­tions nou­velles devront com­por­ter une quan­ti­té mini­male de maté­riaux en bois « . Cette dis­po­si­tion s’ins­crit par­mi les dif­fé­rentes mesures prises par la France pour res­pec­ter les enga­ge­ments du pro­to­cole de Kyoto.

Le sec­teur de la construc­tion uti­lise en effet les deux tiers des sciages et la moi­tié des pan­neaux déri­vés du bois consom­més en France. Or le bois ne repré­sente que 10 % de la valeur des maté­riaux uti­li­sés en France dans le bâti­ment alors que ce pour­cen­tage est beau­coup plus éle­vé dans la plu­part des pays indus­tria­li­sés. L’É­tat, sui­vant les recom­man­da­tions de la Mis­sion inter­mi­nis­té­rielle à l’ef­fet de serre, a fixé comme objec­tif d’aug­men­ter de 25 % la part du bois dans la construc­tion d’i­ci 2010 qui pas­se­rait ain­si de 10 % à 12,5 %.

Ceci se tra­dui­rait en 2010 par l’u­ti­li­sa­tion annuelle de 4 mil­lions de mètres cubes sup­plé­men­taires de bois dans la construc­tion avec un double impact sur le CO2 : le CO2 sto­cké par fixa­tion du car­bone, le CO2 évi­té par les éco­no­mies d’éner­gie géné­rées par la sub­sti­tu­tion du bois à d’autres maté­riaux de construc­tion davan­tage consom­ma­teurs d’éner­gie fos­sile. Au total, l’A­gence de l’en­vi­ron­ne­ment et de la maî­trise de l’éner­gie (ADEME) estime que ceci devrait per­mettre une réduc­tion des émis­sions de CO  dans l’at­mo­sphère d’en­vi­ron 7 mil­lions de tonnes. Cette valeur repré­sente 14 % des enga­ge­ments de la France au titre du pro­to­cole de Kyoto.

Pour atteindre cet objec­tif, l’É­tat a déci­dé la mise en place d’un » Plan Bois Construc­tion Envi­ron­ne­ment » repo­sant sur :

  • le décret d’ap­pli­ca­tion de l’ar­ticle 21.5 de la loi sur l’air
    Le pro­jet de décret qui doit être publié en 2002 repose sur l’af­fi­chage de la volon­té du maître d’ou­vrage de faire plus ou moins appel au bois et ceci dès l’é­ta­blis­se­ment du pro­gramme de l’ou­vrage avant que l’ar­chi­tecte n’in­ter­vienne. Il devra ulté­rieu­re­ment veiller au res­pect de ce choix par l’ar­chi­tecte puis par les entreprises.
    Des ratios moyens de volumes de bois consom­més par mètre car­ré de SHON (sur­face hors œuvre nette) ont été défi­nis pour cha­cune des 12 grandes caté­go­ries d’ou­vrages repré­sen­tant les dif­fé­rentes typo­lo­gies de bâti­ment. Des exemples d’ap­pli­ca­tion du décret per­met­tront aux maîtres d’ou­vrage d’o­rien­ter leur choix.
     
  • un accord-cadre natio­nal » Bois Construc­tion Environnement »
    Signé le 28 mars 2001 par huit minis­tères, l’A­DEME et neuf orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles, cet accord-cadre com­porte une charte et une série d’en­ga­ge­ments de cha­cun des signataires.


La charte défi­nit dix objec­tifs prioritaires :

  • contri­buer à dif­fu­ser auprès de l’o­pi­nion publique et des pres­crip­teurs une infor­ma­tion claire et objec­tive sur les syner­gies entre forêt, bois, envi­ron­ne­ment et construc­tion, et sur les per­for­mances des pro­duits bois ;
     
  • uti­li­ser la com­mu­ni­ca­tion interne des signa­taires de la charte pour sen­si­bi­li­ser les acteurs publics et pri­vés de la construc­tion à l’im­pact de l’u­ti­li­sa­tion du bois sur la qua­li­té envi­ron­ne­men­tale du cadre bâti ;
     
  • concou­rir à offrir des pro­duits indus­triels adap­tés à la demande des trans­for­ma­teurs et uti­li­sa­teurs, en qua­li­té, en quan­ti­té et en prix ;
     
  • maîtres d’œuvre : exa­mi­ner avec une atten­tion accrue les solu­tions bois, y com­pris pour la réa­li­sa­tion d’ou­vrages où elles ne sont pas ou plus tra­di­tion­nelles. Ins­tau­rer des modes de dévo­lu­tion des mar­chés mieux adap­tés à une bonne valo­ri­sa­tion tech­nique et éco­no­mique du maté­riau bois par les entreprises ;
     
  • sti­mu­ler les rap­pro­che­ments entre acteurs pour aug­men­ter les per­for­mances tech­niques et éco­no­miques des tech­no­lo­gies bois dans la construction ;
     
  • encou­ra­ger les inves­tis­se­ments struc­tu­rants de moyen et long terme dans la filière bois construction ;
     
  • ren­for­cer la recherche publique et pri­vée sur le maté­riau bois, ses com­po­sites et adju­vants, aus­si bien dans ses domaines d’ex­cel­lence que dans les domaines où il accuse un retard ;
     
  • intro­duire les bases d’une connais­sance des tech­niques » bois » dans les for­ma­tions tech­niques géné­ra­listes et dans la for­ma­tion des architectes ;
     
  • réexa­mi­ner les textes régle­men­taires et nor­ma­tifs afin de cor­ri­ger d’é­ven­tuelles dis­po­si­tions défa­vo­rables à l’emploi du bois ;
     
  • encou­ra­ger l’adhé­sion volon­taire des maîtres d’ou­vrage aux dis­po­si­tions du décret d’ap­pli­ca­tion de l’ar­ticle 21–5 de la loi sur l’air visant à une consom­ma­tion mini­male de bois dans les bâtiments.


L’É­tat et les pro­fes­sion­nels se sont donc enga­gés avec le » Plan Bois Construc­tion « , à faire pro­gres­ser la part du bois dans la construc­tion et, ain­si, accroître la contri­bu­tion posi­tive de ce maté­riau au déve­lop­pe­ment durable et à la qua­li­té envi­ron­ne­men­tale des bâtiments. 

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