Le renouveau du bouddhisme, espoir d’un monde meilleur
Essentiellement asiatique, le bouddhisme est devenu en un demi-siècle une religion aux ramifications mondiales. Croyants ou non, les Occidentaux s’intéressent de plus en plus à cette religion, la troisième en ordre d’importance après le christianisme et l’islam.
Elle est déjà pour certains une voie de salut, pour d’autres une énigme, et pour un grand nombre un défi.
REPÈRES
Le bouddhisme chinois compte plus de 13 000 temples, dont plus de 9 000 pour la seule nationalité Han, qui forme le corps principal de la nation chinoise, avec un effectif de plus de 70 000 moines et moniales.
Signe encore plus certain de la renaissance bouddhiste, la réouverture ou la création de plusieurs instituts d’études bouddhiques.
Une redécouverte
Le bouddhisme bénéficie de crédits substantiels de l’État
Avec l’émergence de la Chine comme nouvelle puissance économique, et le basculement progressif du centre de gravité géopolitique de l’Europe vers l’Asie, le bouddhisme chinois est devenu une des questions qui nous interpellent le plus, grâce au potentiel d’énergie spirituelle qu’il représente pour la paix mondiale.
Englouti dans les eaux tumultueuses de la Révolution culturelle, il était réduit jusqu’à ces dernières années à un souvenir, celui d’une civilisation disparue. Les touristes le redécouvrent en même temps qu’ils découvrent une Chine à nouveau fière de son patrimoine culturel, dont le bouddhisme est inséparable.
L’aide de l’État
Le renouveau du bouddhisme chinois n’est naturellement possible qu’avec l’aide et sous le contrôle du gouvernement. Il bénéficie de crédits substantiels des organismes d’État, et les activités religieuses ou autres qui s’y déroulent sont soumises, comme pour les autres religions du pays, à l’approbation des autorités.
Ce renouveau spectaculaire en Chine montre que le gouvernement est lui-même intéressé au progrès de cette religion qui a joué autrefois un rôle décisif dans l’histoire et la civilisation chinoises.
Il a besoin de l’assistance des grandes religions, et en particulier du bouddhisme, pour assurer l’unité et la stabilité du pays, élever le niveau moral de la population, promouvoir l’harmonie sociale et contribuer à la paix.
L’enseignement supérieur
L’avenir du bouddhisme dans la Chine en voie de modernisation dépend étroitement de la formation d’une élite intellectuelle et d’un clergé ayant une vie spirituelle profonde jointe à un haut niveau d’instruction. Les dirigeants bouddhistes font donc porter leurs efforts sur l’enseignement supérieur. Une bonne vingtaine d’instituts d’études supérieures bouddhistes fonctionnent à travers le pays, le principal étant l’Institut bouddhiste de Chine, rouvert à Beijing en 1980.
De ces établissements sont déjà sorties plusieurs promotions d’étudiants ayant une connaissance approfondie de leur religion et des sciences modernes, capables de contribuer à la propagation du bouddhisme et à son intégration dynamique dans la société socialiste chinoise du XXIe siècle.
Une religion venue de l’Inde
Tout au long de son histoire, le bouddhisme chinois, venu de l’Inde, a fait preuve d’une extraordinaire capacité d’adaptation et d’une flexibilité doctrinale qui lui ont permis de relever le défi d’une inculturation à première vue impossible.
Un projet qui intéresse tous les hommes de bonne volonté
Non seulement la traduction des sutras indiens en chinois posait un problème d’une difficulté majeure, mais la culture que ces textes véhiculaient s’opposait sur des points fondamentaux à la mentalité chinoise (célibat, sens aigu de la souffrance, indépendance de ses lois et de ses institutions, etc.).
Grâce à sa souplesse intellectuelle, et à de nombreuses circonstances favorables, le bouddhisme réussit non seulement à obtenir droit de cité en Chine, mais aussi à influencer à son tour profondément la culture de son pays d’adoption, au point d’en devenir une composante organique inséparable.
Une règle de vie
À bien des égards, le bouddhisme chinois moderne doit relever un défi semblable à celui des premiers siècles de son introduction en Chine. Il lui faut s’adapter aux nouvelles conditions de la société, tout en restant foncièrement lui-même, et contribuer au projet de modernisation du pays, à la fois par la diffusion de sa doctrine et de sa morale, et par des réalisations sociales qui manifestent son efficacité comme religion de salut de l’homme.
Un programme clairement exprimé par l’un des principaux leaders du Sangha (communauté spirituelle des bouddhistes) : « [Au cours du] XXIe siècle, comme au cours de son passé glorieux, le bouddhisme continuera à mettre au service des hommes les ressources éducatives qui lui sont propres. Sa riche doctrine et sa règle de vie détaillée auront une influence positive pour éliminer les nombreux fléaux de la société actuelle, purifier le climat social, édifier une foi humaine, protéger l’équilibre écologique, ainsi que dans d’autres domaines. »
Christian Cochini avec le Vén. Xuecheng, abbé du temple Longquan
à Beijing et vice-président de l’Association bouddhiste de Chine.
Un idéal humaniste
Jadis accusé de négliger les réalités terrestres et de prêcher une doctrine de passivité et de résignation, le bouddhisme chinois s’affirme de nos jours comme un idéal humaniste répondant aux besoins pressants d’une société en crise et en pleine transformation.
Intégration réussie
Lors du troisième Forum mondial du bouddhisme, tenu à Hong Kong en avril 2012, Jia Qinglin, président de la commission nationale de la Conférence politique consultative du peuple de Chine, déclarait : « Occupant une place-clé dans le développement des civilisations et cultures humaines de nombreux pays, le bouddhisme est devenu une partie importante de la tradition chinoise depuis son introduction en Chine et son intégration avec la culture chinoise. »
Il répond ainsi à l’appel révolutionnaire du célèbre moine Tai Xu (1890−1947), qui fut le premier à sonner l’alarme, avertissant ses coreligionnaires qu’il était urgent de transformer le bouddhisme si on voulait qu’il survive dans le monde moderne.
D’une spiritualité exclusivement tournée vers l’au-delà, il fallait passer à une spiritualité engagée dans l’édification d’une « Terre pure » sur cette Terre. Le bouddhisme chinois moderne est ainsi devenu, après Tai Xu, un « bouddhisme humaniste », résolument engagé dans un projet qui intéresse tous les hommes de bonne volonté concernés par les immenses défis culturels, économiques, écologiques et autres qu’affronte notre planète.
Un espoir persévérant
Le mot « dialogue » est désormais le maître mot des relations humaines. C’est, pour ainsi dire, un nouvel âge de l’humanité qui s’ouvre, la chance ultime des hommes pour leur survie dans la paix et l’harmonie. Le dialogue avec le bouddhisme, et en particulier le bouddhisme chinois, est un pari sur l’avenir qui pourra être gagné grâce à une grande ouverture d’esprit et de cœur, et l’espoir persévérant de bâtir ensemble un meilleur monde.œ
Commentaire
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Et le Bouddhisme Tibétain ?
Bonjour, On peut lire entre les lignes de cet article que le Bouddhisme est bien utilisé par le régime en place à des fins politiques, ce qui n’enlève rien aux apports spirituels du Bouddhisme. Rien de surprenant de la part du régime socialiste Chinois.
Ce que je trouve plus surprenant c’est que La Jaune et la Rouge passe totalement sous silence le comportement inacceptable de la Chine au Tibet et en particulier l’acharnement qu’elle exerce sur les moines Bouddhistes tibétains. Eminente instance Française, Polytechnique ne devrait-elle pas porter les droits de l’homme dans ses valeurs ? Ou bien Polytechnique est-elle assujettie totalement aux puissances industrielles qui ne rêvent, à juste titre, que de pénétrer le marché chinois ? Dans ce cas, pourquoi faire une article sur le Bouddhisme en Chine ?
Cordialement, Henry Baraston Nice