Le réseau et l’infini
Les réseaux envahissent notre monde, notre vie, jusqu’à notre langage. Ne parle-t-on pas désormais de “ faire jouer ses réseaux ”, là où l’on parlait de “ faire jouer ses amis ” ou “ses relations” ? Le vocable ne traduit-il pas une profonde mutation anthropologique, sociale et stratégique des existences individuelles et collectives ?
Telle est l’ambition de cet ouvrage : saisir et montrer à travers sa genèse philosophique et sociale pourquoi le réseau, de nécessité subalterne, est devenu la norme dominante de l’Occident ultramoderne.
Méthode de la puissance matérielle et de la sûreté générale, le réseau est fondamentalement stratégique. Il impose ses paramètres d’efficacité aux luttes informationnelles, économiques et militaires. Processus de domination instrumentale, il recouvre l’ancienne Terre et ses milieux, pendant qu’il produit à l’infini ses connexions de puissance, configurant ainsi de nouvelles conditions pratiques, sociales et culturelles de l’agir stratégique. Tactiques et opérations militaires en sont, par exemple, profondément modifiées.
À la suite de L’homme machinal, les deux auteurs poursuivent, dans ce nouvel essai, leur réflexion sur l’humanité planétaire qui se profile, livrée au jeu terminal de la Matière déchaînée.