Déménagement pour un expatrié

Le retour d’expatriation se prépare soigneusement

Dossier : RH et révolution digitaleMagazine N°727 Septembre 2017
Par Alain MÉRIC (81)

Si l’ex­pa­tria­tion est bien accom­pa­gnée au départ par l’en­tre­prise, le retour est beau­coup plus déli­cat à tout point de vue, qu’il s’a­gisse de retrou­ver un poste, un appar­te­ment ou même ins­crire les enfants à l’é­cole. L’intéressé doit s’en occu­per lui-même bien à l’avance. 

J’ai vécu l’expatriation en pas­sant 18 ans à l’étranger. En effet, cela m’a offert une qua­li­té de res­pon­sa­bi­li­tés et une varié­té d’expériences, dif­fi­ciles à éga­ler en res­tant en France. 

Ça m’a per­mis éga­le­ment de pas­ser des années sans sou­cis maté­riels et financiers. 

REPÈRES

Dans bien des entreprises, une carrière passe aujourd’hui par une expérience à l’international. Le départ est aisé grâce à la masse d’informations et de services aujourd’hui disponibles.
Le retour est parfois plus délicat parce qu’on n’a pas toujours l’envie de rentrer et qu’on est confronté à certaines embûches auxquelles on ne pense pas forcément au début.

UN ACCOMPAGNEMENT FORT AU DÉPART

Pour beau­coup de cadres expa­triés, les entre­prises orga­nisent et prennent en charge le départ puis la vie sur place de manière com­plète. Il faut que le cadre soit par­fai­te­ment opé­ra­tion­nel sur place. 

Un package expa­trié varie d’une entre­prise à l’autre et se négo­cie. Dans les aspects pris en charge figure l’assistance au départ. 


Les frais de démé­na­ge­ment sont géné­ra­le­ment pris en charge par les employeurs. © XIXINXING

Les sites Inter­net et consul­tants expa­tria­tion fleu­rissent et sont de plus en plus uti­li­sés pour éclai­rer les can­di­dats au départ. Des cours de langues sont lar­ge­ment pro­di­gués. Les entre­prises savent aus­si que la pre­mière impres­sion perdurera. 

On finance donc par­fois une visite de recon­nais­sance du pays d’accueil, y com­pris avec le par­te­naire. En effet pour le can­di­dat au départ marié, le départ se décide à deux et le suc­cès sur place dépend direc­te­ment de l’adaptation des deux époux. 

Un ancien col­lègue en Afrique du Sud me disait que sa femme, infir­mière, était frus­trée de n’avoir pas le droit de tra­vailler sur place et qu’elle ne se plai­sait pas. Un an après son arri­vée ce col­lègue deman­dait son retour. 

Les entre­prises prennent presque toutes en charge le démé­na­ge­ment. Cette prise en charge est liée au loge­ment. Soit on opte pour un loge­ment non meu­blé sur place et on a droit à un démé­na­ge­ment complet. 

Soit on loue un meu­blé, voire on achète les meubles sur place, et le démé­na­ge­ment est alors minimal. 

DES FACILITÉS D’INTÉGRATION

De mul­tiples autres aspects sont finan­cés par les entre­prises, tels que le loge­ment, l’école des enfants, les voyages de retour, un véhi­cule, les assu­rances san­té, retraite, chô­mage, pré­voyance, le paie­ment des impôts dans le pays d’accueil, et bien d’autres.

“ Le succès sur place dépend directement de l’adaptation des deux époux ”

Aujourd’hui, ces avan­tages se nor­ma­lisent de plus en plus, ain­si que les condi­tions sala­riales. En effet, les employeurs veulent réduire les coûts et les pra­tiques s’alignent.

Des consul­tants experts en expa­tria­tion jouent un rôle clé dans cet ali­gne­ment, notam­ment les cabi­nets Mer­cer ou ECA Inter­na­tio­nal. Concer­nant le salaire, le prin­cipe en géné­ral est de reprendre la rému­né­ra­tion que l’on tou­che­rait en France après impôts. 

Le coût de la vie et la « péni­bi­li­té » sur place sont tout juste com­pen­sés, selon des barèmes inter­en­tre­prises publiés par ces fameux cabinets. 

LE DÉLICAT RETOUR EN FRANCE

Quand le moment de ren­trer d’expatriation se rap­proche, on constate que les infor­ma­tions sur le retour ou la « relo­ca­tion » sont moins abon­dantes que lors du départ. Les pré­oc­cu­pa­tions des Fran­çais de l’étranger pour pré­pa­rer leur retour sont bien réelles pourtant. 

Elles incluent l’emploi, le loge­ment, les ins­crip­tions sco­laires et leur situa­tion fis­cale. Au final, il devient par­fois déli­cat de ren­trer d’expatriation.

On entend sou­vent que la majo­ri­té des gens repartent ou démis­sionnent dans les deux ans qui suivent leur retour. 

DES CONTACTS À CONSERVER

Il est natu­rel­le­ment plus dif­fi­cile de trou­ver un emploi depuis l’étranger, notam­ment compte tenu de l’éloignement.

LES ALÉAS DU DÉMÉNAGEMENT

Dans les pays éloignés, les déménagements peuvent avoir un côté aléatoire. Je me souviens d’un collègue qui avait acheté plusieurs costumes avant de partir au Gabon. Quelle ne fut sa surprise de constater qu’à l’arrivée du déménagement plusieurs mois plus tard, la cantine avec les costumes avait disparu.
Toutefois les sociétés de déménagement international sont dans l’ensemble grandement compétentes, bien organisées et fiables.

Loin des yeux, loin du cœur ! De plus, la valo­ri­sa­tion des com­pé­tences acquises à l’étranger est com­pli­quée en France. 

Un ami d’expatriation m’expliquait que quand il ren­trait en France une fois par an pour ses congés d’été, il s’arrangeait pour faire sys­té­ma­ti­que­ment une visite au siège. C’était une oppor­tu­ni­té de ren­con­trer la direc­tion des res­sources humaines pour faire un point, ain­si que de se rap­pe­ler au bon sou­ve­nir des déci­deurs et influenceurs. 

C’est une sage pré­cau­tion pour les car­rières dans un groupe tri­co­lore. Le dyna­misme plus ou moins grand du ser­vice de ges­tion des expa­triés joue un rôle clé. 

AUCUNE GARANTIE DE POSTE

“ Les impatriés peuvent obtenir d’importantes exonérations d’impôts “

Quand on est expa­trié dans un groupe non fran­çais, on vit sans « garan­tie de retour ». La dif­fi­cul­té de retrou­ver un emploi depuis l’étranger s’accentue. J’ai vécu cette situa­tion, tra­vaillant au Came­roun pour une socié­té amé­ri­caine. À l’achèvement de ma mis­sion, je suis pas­sé par la case Paris, pour retrou­ver un poste… à l’étranger.

Par défi­ni­tion ne dis­po­sant pas de DRH, je me suis appuyé sur l’association des anciens ain­si qu’un cabi­net d’outplacement. Cela a très net­te­ment dopé la tran­si­tion professionnelle. 

ANTICIPER LA NÉCESSITÉ DE SE RELOGER

Une école publique française
Les expa­triés passent en der­nière prio­ri­té dans le sys­tème sco­laire public. © CARLITO

Pen­dant l’expatriation, on peut se pas­ser de rési­dence en France, quitte à s’inviter chez des amis ou parents lors des visites. Mais trou­ver une solu­tion loge­ment s’impose immé­dia­te­ment quand on va ren­trer. Une adresse stable est néces­saire pour ini­tier les pro­cé­dures auprès des admi­nis­tra­tions et pour effec­tuer les ins­crip­tions scolaires. 

La solu­tion est de s’y prendre bien à l’avance, soit à tra­vers l’acquisition ou la conser­va­tion d’un loge­ment en France, soit à tra­vers la loca­tion. Les ins­crip­tions sco­laires sont simples une fois que l’on a une adresse en France. 

Cepen­dant, les expa­triés passent en der­nière prio­ri­té dans le sys­tème public. On ne leur octroie que les places res­tantes dans les écoles et lycées. Face à cette situa­tion, les « impa­triés » peuvent se tour­ner vers l’enseignement privé. 

CONNAÎTRE LA FISCALITÉ

Dans le domaine de la fis­ca­li­té, il existe des inci­ta­tions fis­cales au retour, après cinq ans de non-rési­dence. Or, peu de monde les pra­tique, et les direc­tions des res­sources humaines n’en parlent pas. 

On peut admettre que la prio­ri­té des entre­prises n’est pas de conseiller leurs cadres de retour sur leur fis­ca­li­té. Cela dit, ceux qui sont éli­gibles au sta­tut d’« impa­trié » peuvent obte­nir d’importantes exo­né­ra­tions d’impôts pen­dant huit ans après leur retour en France. 

Cela jus­ti­fie de se pen­cher sur la fis­ca­li­té bien avant la date du retour. 

Au final, pour une expa­tria­tion réus­sie, le retour doit être gagnant. Un retour gagnant se pré­pare à l’avance, mais, à mon avis, le jeu en vaut la chandelle.

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