Le secteur spatial en pleine croissance offre de nombreuses opportunités pour les ingénieurs et les entreprises comme Telespazio.

Le spatial : un secteur aux multiples opportunités à découvrir

Dossier : Vie des entreprises - Souveraineté industrielleMagazine N°799 Novembre 2024
Par Éric POULAIN (X92)

Aujourd’hui, le sec­teur spa­tial est à la croi­sée d’enjeux stra­té­giques, mais sur­tout pas­sion­nant pour les ingé­nieurs. Éric Pou­lain (X92), Direc­tor, Line of Busi­ness Satel­lite Sys­tems & Ope­ra­tions chez Teles­pa­zio France, dresse pour nous un état des lieux des évo­lu­tions connues par le sec­teur et nous explique com­ment son entre­prise se posi­tionne entre les acteurs his­to­riques et les nou­veaux arri­vants du New Space.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

À ma sor­tie de l’École poly­tech­nique, j’ai choi­si d’intégrer le corps des ingé­nieurs de l’armement pour la varié­té des par­cours tech­niques pro­po­sés par la DGA. J’ai, d’abord, fait mes pre­mières armes en géo­gra­phie numé­rique et ima­ge­rie satel­li­taire, avant d’élargir mon domaine de com­pé­tences et de me tour­ner vers l’international en rejoi­gnant le minis­tère de l’Économie et des Finances, d’abord à Ber­cy pour tra­vailler sur les accords régio­naux dans le cadre de l’OMC, puis en tant qu’adjoint au chef de la mis­sion éco­no­mique de Washing­ton. Ces années pas­sées au contact des entre­prises fran­çaises m’ont don­né envie de rejoindre le sec­teur pri­vé. À par­tir de 2008, j’ai ain­si rejoint Thales Ale­nia Space où j’ai occu­pé dif­fé­rents postes de res­pon­sable de pro­jets de télé­com­mu­ni­ca­tions mili­taires, notam­ment la direc­tion du pro­gramme Syra­cuse IV. Puis, j’ai rejoint Teles­pa­zio comme direc­teur du site de Kou­rou puis direc­teur de la line of busi­ness « Satel­lite Sys­tems & Operations ».

Depuis 2008, vous évoluez donc dans le monde du spatial, un secteur en forte croissance et aux multiples perspectives de développement. Qu’en est-il ? Quelles sont les tendances qui redessinent actuellement les contours de ce secteur ?

Les tech­no­lo­gies spa­tiales par­ti­cipent à l’apport de solu­tions pour répondre aux grands enjeux qui se posent à nos socié­tés : la mon­tée en puis­sance de la socié­té de l’information, le besoin ren­for­cé de connec­ti­vi­té, les ques­tions sécu­ri­taires, les défis envi­ron­ne­men­taux et la ges­tion des res­sources naturelles…

Pen­dant des décen­nies, le domaine du spa­tial s’est déve­lop­pé en s’appuyant sur de grandes infra­struc­tures telles que les agences spa­tiales et les grands groupes de l’industrie aéro­nau­tique. Aujourd’hui, l’écosystème s’est for­te­ment déve­lop­pé et l’émergence du « New Space » impose de nou­veaux modèles éco­no­miques qui pri­vi­lé­gient l’innovation et entraîne une plus grande prise de risque. L’Europe tente aujourd’hui de rat­tra­per son retard sur les États-Unis dans ce sec­teur. Plus par­ti­cu­liè­re­ment, les pou­voirs publics fran­çais ont fait le choix de sou­te­nir mas­si­ve­ment les jeunes PME qui tentent de se faire une place dans ce secteur.

Dans ce paysage du spatial, quel est le positionnement de Telespazio ?

Dans cet uni­vers en pleine effer­ves­cence, Teles­pa­zio France a la chance d’allier la force des action­naires du Groupe (Leo­nar­do et Thales) à une struc­ture à taille humaine d’environ 500 col­la­bo­ra­teurs capable de s’adapter en per­ma­nence aux besoins de ses clients et aux évo­lu­tions de ce secteur.

Aujourd’hui, le posi­tion­ne­ment de Teles­pa­zio s’articule autour de trois axes majeurs. Tout d’abord, ren­for­cer notre sta­tut d’opérateur de confiance, aus­si bien dans le cadre des mis­sions sen­sibles que nous confient aujourd’hui le CNES ou la Défense (sup­port aux lan­ce­ments sur la base de Kou­rou ou contrôle des satel­lites mili­taires par exemple), qu’au pro­fit des acteurs du New Space à qui nous pou­vons appor­ter les garan­ties néces­saires en termes de sécu­ri­té et de conti­nui­té des opé­ra­tions, notam­ment pour les nou­veaux ser­vices en orbite. 

Ensuite, il s’agit aus­si de déve­lop­per notre stra­té­gie « Build and Ope­rate » qui consiste à capi­ta­li­ser sur notre expé­rience d’opérateurs pour mon­ter en com­pé­tence sur le déve­lop­pe­ment de nou­veaux sys­tèmes sol, afin de mieux appré­hen­der et répondre aux besoins des uti­li­sa­teurs finaux. 

Enfin, nous pro­fi­tons éga­le­ment de l’avènement du New Space, qui offre de nou­velles pos­si­bi­li­tés de ser­vices, mais com­plexi­fie le pay­sage spa­tial pour les uti­li­sa­teurs non experts, pour ren­for­cer notre rôle de méta opé­ra­teur. Nous nous appuyons à la fois sur notre connais­sance fine des besoins opé­ra­tion­nels des uti­li­sa­teurs, comme la Défense, et sur notre agnos­ti­ci­té en termes de solu­tions spa­tiales pour faci­li­ter l’interconnexion entre l’usage et la meilleure com­bi­nai­son de solu­tions spa­tiales, de manière simple, per­for­mante et au juste prix.

Sur un plan personnel, quel est votre périmètre d’action ? Quels sont les projets et les sujets qui vous mobilisent ?

Mon tra­vail consiste à pilo­ter une ligne d’activité qui regroupe l’ensemble de nos opé­ra­tions sur les sites de nos clients, dont le CNES en métro­pole et en Guyane, l’agence euro­péenne EUSPA, les Armées…, ain­si que nos pro­grammes de déve­lop­pe­ment logi­ciel des moyens sol de sys­tèmes spa­tiaux. En pra­tique, cela consiste en pre­mier lieu à assu­rer l’excellence opé­ra­tion­nelle de nos ser­vices au pro­fit de nos clients, que nous sup­por­tons sur des mis­sions sen­sibles de ser­vice public comme les lan­ce­ments, le contrôle de satel­lites, la navi­ga­tion pour l’aviation… Je pilote aus­si les équipes avant-vente et com­mer­ciales qui doivent assu­rer le déve­lop­pe­ment de ces affaires avec nos clients his­to­riques et explo­rer de nou­velles oppor­tu­ni­tés avec des acteurs du New Space auprès de qui nous pou­vons jouer le rôle d’opérateur de confiance en leur per­met­tant de sécu­ri­ser la réa­li­sa­tion de leurs missions.

Avec près de 200 per­sonnes déployées sur la base de Kou­rou, Teles­pa­zio a notam­ment été plei­ne­ment mobi­li­sée en faveur du lan­ce­ment d’Ariane 6, et plus géné­ra­le­ment sur les chan­tiers de trans­for­ma­tion de la base pour la rendre plus com­pé­ti­tive. Par ailleurs, nous tra­vaillons aus­si pour des ins­ti­tu­tions euro­péennes (ESA, EUSPA, Com­mis­sion euro­péenne) qui s’assurent de la bonne prise en compte des enjeux de dura­bi­li­té, deve­nus désor­mais incon­tour­nables pour les acti­vi­tés spatiales.

Quelles sont les carrières que ce secteur peut offrir à des ingénieurs ? Quels sont plus particulièrement les atouts des X ?

Le sec­teur du spa­tial est un sec­teur en pleine muta­tion et les oppor­tu­ni­tés pour les jeunes ingé­nieurs sont bien évi­dem­ment nom­breuses et pas­sion­nantes. Dans cet uni­vers, Teles­pa­zio France est une entre­prise en crois­sance avec de forts besoins de recru­te­ment dans les domaines du mana­ge­ment, de l’ingénierie, de l’intégration, de la ges­tion de pro­jet… De manière plus géné­rale, le Groupe Teles­pa­zio qui a un réseau de filiales implan­tées dans 9 pays offre des pers­pec­tives de mobi­li­té inter­na­tio­nale variées.

“L’avènement du New Space ouvre également la voie à de nouvelles compétences, comme l’intelligence artificielle ou la science des données, et à de nouvelles approches.”

Une solide for­ma­tion scien­ti­fique, telle que celle que pro­pose l’X, est bien évi­dem­ment un atout majeur pour évo­luer dans un sec­teur de haute tech­no­lo­gie comme le spa­tial. L’avènement du New Space ouvre éga­le­ment la voie à de nou­velles com­pé­tences, comme l’intelligence arti­fi­cielle ou la science des don­nées, et à de nou­velles approches. Des ingé­nieurs capables d’allier rigueur scien­ti­fique et esprit entre­pre­neu­rial peuvent s’épanouir dans cet envi­ron­ne­ment mouvant.

Aujourd’hui, comment capitalisez-vous encore sur les acquis de votre formation à l’X ?

Au-delà de com­pé­tences scien­ti­fiques plu­ri­dis­ci­pli­naires, l’X m’a sur­tout appor­té une grande rigueur dans l’approche des sujets com­plexes aux­quels je suis régu­liè­re­ment confron­té. Je crois que l’environnement mili­taire a aus­si déve­lop­pé chez moi une appé­tence à évo­luer dans un sec­teur clé pour notre sou­ve­rai­ne­té natio­nale. Enfin, mes études à l’X res­te­ront une for­mi­dable aven­ture humaine grâce à la diver­si­té et la richesse des ren­contres que j’y ai faites. 

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