Le spécialiste de la régénération des batteries

Le spécialiste de la régénération des batteries

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Bertrand COSTE

Dans une logique d’économie cir­cu­laire et de réduc­tion de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale et car­bone, Be Ener­gy déve­loppe des équi­pe­ments et des ser­vices afin de per­mettre aux entre­prises et aux indus­triels de régé­né­rer leurs bat­te­ries. Expli­ca­tions de Ber­trand Coste, Pré­sident Fon­da­teur de Be Ener­gy.

Quels sont les expertises et les métiers de Be Energy ? 

Be Ener­gy est spé­cia­li­sée dans les métiers de la régé­né­ra­tion des bat­te­ries et des huiles miné­rales, dans une logique de dou­ble­ment de leur durée de vie d’usage. Nous sommes posi­tion­nés sur des pro­duits consi­dé­rés comme de simples consom­mables et qui ont une impor­tante empreinte car­bone. À par­tir de là, l’idée est de les entre­te­nir pour dou­bler, voire tri­pler leur durée de vie afin qu’ils deviennent plu­tôt des équipements. 

Dans ce cadre, notre acti­vi­té s’articule autour de deux volets. Tout d’abord, la fabri­ca­tion de machines néces­saires à cette opé­ra­tion de régé­né­ra­tion et qui ont, d’ailleurs, don­né lieu au dépôt de nom­breux bre­vets. Ces machines prennent la forme de régé­né­ra­teurs et d’accessoires connexes qui nous packa­geons en kits d’ateliers com­plets et clé en main que nous com­mer­cia­li­sons notam­ment à l’export. En 2023, nous avons ouvert 14 enti­tés sous forme de joint-ven­tures, de filiales ou de centres sous ges­tion pour faire face à la hausse de la demande. 

« En 2023, nous avons ouvert 14 entités sous forme de joint-ventures, de filiales ou de centres sous gestion pour faire face à la hausse de la demande. »

Notre seconde acti­vi­té tourne autour de pres­ta­tion de ser­vices dans notre site indus­triel, situé à Avi­gnon et d’une super­fi­cie de 1 500 m2, où nous avons de grosses capa­ci­tés de trai­te­ment de tous les types de bat­te­ries. Nous cou­vrons les bat­te­ries au plomb, qui repré­sente encore près de 70 % du mar­ché avec prin­ci­pa­le­ment 3 grandes familles : les bat­te­ries de trac­tion, les bat­te­ries sta­tion­naires et les bat­te­ries de démar­rage. D’autre part, nous inter­ve­nons sur la tech­no­lo­gie nickel-cad­mium des bat­te­ries qui est uti­li­sée dans des sites indus­triels cri­tiques, comme les cen­trales nucléaires, les raf­fi­ne­ries… Nous avons notam­ment régé­né­ré des bat­te­ries pour ITER ou encore pour Cadarache. 

À l’export, sur cette tech­no­lo­gie, nous avons un impor­tant mar­ché avec Abu Dha­bi Natio­nal Oil Com­pa­ny (ADNOC). Nous tra­vaillons aus­si sur la tech­no­lo­gie NiMH, nickel métal hydrure, des bat­te­ries qui sont uti­li­sées dans les véhi­cules hybrides auto­re­char­geables. Enfin, nous com­men­çons à tra­vailler sur la tech­no­lo­gie lithium. Nous sommes encore en phase de R&D, car il s’agit d’une tech­no­lo­gie rela­ti­ve­ment dan­ge­reuse avec un très fort risque d’incendie et d’explosion.

En paral­lèle, nous fai­sons du recon­di­tion­ne­ment de bat­te­rie pour la petite élec­tro­mo­bi­li­té et com­men­çons à pro­po­ser ce ser­vice sur des engins du type tri­por­teurs avec à terme la volon­té de recon­di­tion­ner des bat­te­ries de traction. 

Sur le volet régé­né­ra­tion des huiles, nous dis­po­sons d’une machine mobile qui nous per­met de réa­li­ser des pres­ta­tions de ser­vices direc­te­ment chez nos clients. 

Au cœur de votre modèle et de votre offre, on retrouve une offre de machines spécialisées dans la régénération et qui sont capables de doubler la durée de vie des batteries, des huiles et des moteurs. Dites-nous en plus sur cette innovation. 

Les pre­miers bre­vets autour des char­geurs à impul­sion remontent à 1924. En 2005, nous nous en sommes empa­rés afin de les moder­ni­ser, les indus­tria­li­ser, les qua­li­fier et les faire cer­ti­fier. Depuis 2019, nous déployons nos solu­tions et équi­pe­ments ados­sés à ces tech­no­lo­gies his­to­riques dans le monde entier. Nous avons adop­té la même démarche pour la régé­né­ra­tion des huiles en repar­tant de l’existant que nous avons moder­ni­sé et amélioré. 

Concrè­te­ment, nous avons inté­gré ces tech­no­lo­gies dans nos machines, notam­ment mobiles, afin de pro­po­ser des pres­ta­tions de ser­vices à des entre­prises et des pro­fes­sion­nels. Cette approche per­met un gain finan­cier consi­dé­rable. En effet, la régé­né­ra­tion coûte jusqu’à 50 % moins cher que l’acquisition en neuf. Cela repré­sente donc une alter­na­tive éco­no­mique par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sante pour l’usager final. Au-delà, c’est aus­si un vec­teur de créa­tion d’emplois locaux. Pour accom­pa­gner cette dyna­mique ver­tueuse, nous avons lan­cé une pla­te­forme d’e‑learning axée sur la régé­né­ra­tion, Regen Academy.

« La régénération coûte jusqu’à 50 % moins cher que l’acquisition en neuf. »

Au-delà, la régé­né­ra­tion contri­bue à réduire mas­si­ve­ment les quan­ti­tés de déchets indus­triels dan­ge­reux, ce qui est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant pour des pays où il n’existe pas de struc­ture de trai­te­ment de ces déchets dan­ge­reux. D’ailleurs, Be Ener­gy en col­la­bo­ra­tion avec le minis­tère de l’Environnement du Séné­gal vient de fina­li­ser la mise en place d’une filière de régé­né­ra­tion de bat­te­ries et d’huiles à une échelle nationale. 

La régé­né­ra­tion contri­bue aus­si aux efforts de décar­bo­na­tion, nos solu­tions étant 50 à 70 fois moins car­bo­nées que le recy­clage pour les bat­te­ries, et près de 20 fois moins car­bo­nées pour les huiles.

Nous allons, dans quelques mois, mettre en place un régé­né­ra­teur d’huiles chez Air­bus. Nous accom­pa­gnons de grands comptes comme CHIMIREC, NORAUTO… Aujourd’hui, notre acti­vi­té est en totale cohé­rence avec les enjeux envi­ron­ne­men­taux, la course à la décar­bo­na­tion et le déve­lop­pe­ment de l’économie cir­cu­laire. Nous favo­ri­sons le réem­ploi sans chan­ge­ment d’usage, ce qui per­met d’éviter toutes les pro­blé­ma­tiques de réaf­fec­ta­tion des bat­te­ries ou des huiles, ce qui, in fine, évite aus­si de géné­rer des déchets et de créer des ins­tal­la­tions clas­sées pour trai­ter ces déchets.

En paral­lèle, nous cal­cu­lons sys­té­ma­ti­que­ment l’équivalent CO₂ de nos inter­ven­tions que nous fai­sons ensuite vali­der et cer­ti­fier pour les trans­for­mer en cré­dit car­bone. Depuis décembre 2022, Be Ener­gy a obte­nu la cer­ti­fi­ca­tion lui per­met­tant d’émettre des cré­dits car­bone sur le mar­ché volon­taire. Dans ce cadre, nous avons été cer­ti­fiés par des orga­nismes eux-mêmes accré­di­tés sous inter­na­tio­nal ICROA.

Be Energy fait de la régénération de batteries

Dans le cadre du développement de vos machines, quelles pistes explorez-vous ? 

Nous nous ins­cri­vons véri­ta­ble­ment dans une logique d’optimisation conti­nue de nos pro­ces­sus et de nos machines. Nous déve­lop­pons régu­liè­re­ment de nou­veaux pro­to­types. Par ailleurs, nous ren­for­çons notre équipe de R&D pour accé­lé­rer notre déve­lop­pe­ment et suivre l’évolution du mar­ché. À date, nous avons, d’ores et déjà, dépo­sé cinq bre­vets avec une cou­ver­ture internationale.

De plus, nous pre­nons le virage lithium avec la mise en place de trois postes de tra­vail sécu­ri­sés per­met­tant de cir­cons­crire le risque incen­die et d’explosion tou­jours pré­sent sur ces tech­no­lo­gies de bat­te­ries. Notre PTS 800 (Poste de tra­vail sécu­ri­sé) vient d’ailleurs d’être sélec­tion­né pour être pré­sen­té au CES de Las Vegas en jan­vier 2025. D’autres modèles de plus grande taille sont en cours d’étude pour tra­vailler sur des packs de bat­te­ries entiers ou des modules de bat­te­ries de bus électriques.

Vous avez inauguré votre première usine de régénération de batteries il y a près d’un an. Quelques mots sur cette étape clé de votre développement. Quelles sont les prochaines étapes ? 

Ce pro­jet s’inscrit dans le cadre du Plan Relance Indus­trie des bat­te­ries avec l’obtention d’aides de la Région, de l’État et de l’Ademe. Avec ce site de plus de 1 500 m2, nous avons une capa­ci­té de pro­duc­tion impor­tante : 60 000 bat­te­ries de démar­rage, plu­sieurs mil­liers de bat­te­ries de trac­tion et sta­tion­naires par an. En paral­lèle, nous tra­vaillons sur la tra­ça­bi­li­té en amont et en aval afin de sécu­ri­ser les ser­vices après-vente et les garan­ties, cou­vrir la res­pon­sa­bi­li­té élar­gie du pro­duc­teur… En col­la­bo­ra­tion avec les  éco-orga­nismes, nous tra­vaillons aus­si sur l’amélioration de notre sour­cing.

Notre objec­tif est d’ouvrir un second centre indus­triel de la même capa­ci­té en région pari­sienne, puis de dupli­quer le modèle dans toutes les grandes métro­poles européennes.

Dans cette démarche, quels sont vos enjeux ? 

Nos prin­ci­paux enjeux tournent autour de la for­ma­tion et du recru­te­ment. Nous recher­chons des ingé­nieurs, des tech­ni­ciens supé­rieurs et des tech­ni­ciens. En paral­lèle, nous nous atta­chons à col­la­bo­rer avec les entre­prises adap­tées. Dans cette conti­nui­té, nous avons déve­lop­pé des appa­reils et des postes de tra­vail sécu­ri­sés pen­sés pour les per­sonnes en situa­tion de han­di­cap. Nous avons notam­ment un par­te­na­riat avec l’entreprise adap­tée DSI à Tou­louse autour de la créa­tion d’un label Regen EA, pour pro­mou­voir ces nou­veaux métiers de la régé­né­ra­tion dans les entre­prises adap­tées et pro­po­ser à ce public des métiers et des par­cours valo­ri­sants et à forte valeur ajou­tée. Au-delà de la dimen­sion envi­ron­ne­men­tale, Be Ener­gy est aus­si for­te­ment enga­gée sur le plan sociétal.

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