Le technion

Le Technion en quatrième année de l’X

Dossier : Israël : Les X et la Start-up NationMagazine N°728 Octobre 2017
Par Éva SEKNAZI (12)

Le Tech­nion est ins­crit au cata­logue de qua­trième année de l’X. Ceux qui choi­sissent cette voie découvrent des approches scien­ti­fiques com­plé­men­taires, un avan­tage à l’X pour les connais­sances théo­riques et plu­ri­dis­ci­pli­naires , un avan­tage pour le Tech­nion sur les connais­sances pra­tiques et les solu­tions industrielles. 

J’ai choi­si d’effectuer ma qua­trième année de l’X au Tech­nion, en mas­ter de recherche en sciences des matériaux. 

“ Au bout de quelques mois en master, je m’y sentais si bien que je suis passée en doctorat ”

J’ai pris direc­te­ment contact avec le res­pon­sable du labo­ra­toire qui m’intéressait le plus (labo­ra­toire de bio­mi­né­ra­li­sa­tion et maté­riaux bio-ins­pi­rés), qui m’a pro­po­sé une place dans son équipe. 

Au bout de quelques mois, je m’y sen­tais si bien que je suis pas­sée en doctorat. 

REPÈRES

Le Technion, l’Institut technologique d’Israël, se dresse sur les hauteurs de Haïfa, au cœur de la « Silicon Valley du Moyen-Orient ».
Avec plus de 13 000 étudiants répartis dans 18 facultés, il est à l’origine de trois prix Nobel de chimie, et est mondialement reconnu pour ses percées majeures dans le domaine de la science et de l’industrie.

LES MASTERS DU TECHNION

Le Tech­nion pro­pose deux types de mas­ters : avec ou sans thèse. Dans les deux cas, la durée est de deux ans au mini­mum à temps plein, mais le par­cours d’étude est amé­na­geable et peut se pro­lon­ger jusqu’à quatre ans ; les étu­diants peuvent donc avoir un emploi en parallèle. 

UN INSTITUT D’EXCELLENCE

La clef USB, l’algorithme Lempel-Ziv à l’origine de l’internet moderne, la vidéocapsule pour l’exploration des voies intestinales, ou encore le détecteur de cancer par simple test d’haleine : autant d’exemples de la performance du Technion en matière de recherche appliquée.
Le Technion contribue fortement à l’industrie israélienne : 2 000 start-up sont sorties du Technion ces vingt dernières années et les diplômés du Technion constituent 70 % des fondateurs et managers de l’industrie high-tech.

Le mas­ter sans thèse est obte­nu par le sui­vi et la vali­da­tion d’un cer­tain nombre de cours, tan­dis que pour un mas­ter avec thèse, le nombre de cours est réduit et l’étudiant est affi­lié à un labo­ra­toire dans lequel il conduit sa recherche. 

Tous les cours de niveau mas­ter sont don­nés en anglais sur demande. L’étudiant en mas­ter avec thèse reçoit une bourse, se voit pro­po­ser une chambre sur le cam­pus et a la pos­si­bi­li­té d’enseigner à des classes de bachelor. 

Sa recherche se fait dans d’excellentes condi­tions, enca­drée par des direc­teurs de labo­ra­toires mon­dia­le­ment reconnus. 

Bien qu’étant situé au Moyen-Orient, le Tech­nion est inclus dans des pro­grammes de recherche euro­péens : ain­si, j’effectue mon doc­to­rat dans le cadre d’un pro­jet réunis­sant quinze étu­diants répar­tis dans plu­sieurs labo­ra­toires en Europe, et finan­cé par la Com­mis­sion européenne. 

« Le master sans thèse favorise le travail des étudiants dans l’industrie. Les stages n’existent pas, mais l’alternance est généralisée. Deux fois l’an, un forum des entreprises est organisé au Technion. Celles-ci cherchent à recruter des étudiants pour des emplois à temps partiel ou leur proposent des missions qui pourront être intégrées au programme d’étude sous la forme de projets. »

Raphaël Canyasse (12), en master d’électronique

X ET TECHNION : DEUX APPROCHES SCIENTIFIQUES COMPLÉMENTAIRES

La for­ma­tion au Tech­nion se dis­tingue de celle de l’X sur plu­sieurs points : les poly­tech­ni­ciens arri­vant au Tech­nion ont géné­ra­le­ment un avan­tage sur les connais­sances théo­riques. Ceux du Tech­nion ont, en revanche, un avan­tage sur les connais­sances pra­tiques et les solu­tions uti­li­sées dans l’industrie.

L’autre avan­tage du poly­tech­ni­cien est sa for­ma­tion plu­ri­dis­ci­pli­naire : l’apprentissage scien­ti­fique géné­ral consti­tue la plus grande par­tie du cur­sus grande école et l’apprentissage appro­fon­di du domaine de spé­cia­li­sa­tion ne consti­tue que la der­nière année à l’X.

En revanche, un étu­diant du Tech­nion choi­sit son cur­sus et son dépar­te­ment dès son arri­vée en pre­mière année. Il est donc très spé­cia­li­sé et béné­fi­cie d’une plus grande expé­rience dans son domaine. Ain­si les deux for­ma­tions suivent des logiques dif­fé­rentes et très complémentaires. 

« Certes, nous avons un niveau de mathématiques bien plus élevé que le standard exigé par les facultés prestigieuses du Technion. Néanmoins, là où nous abordons des problèmes de manière mathématique, les étudiants d’informatique et d’électronique du Technion savent les aborder grâce à d’autres compétences, notamment par la programmation. »

Charles Sutton (12), en deuxième année de master de recherche en informatique

UN ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL STIMULANT

Le Tech­nion est un vaste com­plexe en bor­dure de mer. Ses rési­dences uni­ver­si­taires, ses infra­struc­tures spor­tives, ses super­mar­chés, ses bars et ses ciné­mas en font un endroit idéal pour s’aérer l’esprit entre deux mani­pu­la­tions de laboratoire. 

“ Les polytechniciens arrivant au Technion ont généralement un avantage sur les connaissances théoriques ”

Les étu­diants inter­na­tio­naux sont bien accueillis : ils sont accom­pa­gnés pour toutes les démarches admi­nis­tra­tives, et de nom­breuses sor­ties à la décou­verte d’Israël sont orga­ni­sées. Ils ont la pos­si­bi­li­té de suivre gra­tui­te­ment des cours d’hébreu de tous niveaux, qui comptent dans le total des cré­dits à valider. 

L’hébreu n’est cepen­dant pas indis­pen­sable : toutes les signa­li­sa­tions sont en anglais et les Israé­liens ont en géné­ral un très bon niveau d’anglais. Il convient tou­te­fois de res­ter vigi­lant, car, comme le dit Raphaël, « l’accent israé­lien est très facile à com­prendre, mais atten­tion, si on n’y prend pas garde, on est rapi­de­ment ame­né à l’imiter ! ».

Le sérieux et la moti­va­tion des étu­diants du Tech­nion sont par­ti­cu­liè­re­ment remar­quables : la jeu­nesse israé­lienne passe plu­sieurs années sous les dra­peaux (trois ans pour les gar­çons et deux pour les filles). Il est d’autre part fré­quent de tra­vailler quelques années entre le bache­lor et l’entrée en master. 


Le Tech­nion est un vaste com­plexe en bor­dure de mer.

À ce stade, les étu­diants sont donc bien plus âgés que leurs homo­logues fran­çais, ce qui leur confère une grande matu­ri­té et une forte moti­va­tion. Le sys­tème com­pé­ti­tif qui les attend à la sor­tie les y oblige. 

La matu­ri­té des étu­diants se tra­duit dans les inter­ac­tions entre pro­fes­seurs et étu­diants : la hié­rar­chie est moins mar­quée et les échanges sont nom­breux, infor­mels et constructifs. 

D’après Jona­than : « Les inter­ac­tions avec les pro­fes­seurs ne se limitent pas aux cours magis­traux, mais l’université israé­lienne met un point d’honneur à inté­grer des jeunes étu­diants dès la licence dans le monde de la recherche. » 

Du fait de son suc­cès, le Tech­nion attire l’attention d’autres uni­ver­si­tés (le récent accord signé avec l’X en est un exemple), mais aus­si d’industries, notam­ment fran­çaises. Ain­si, il est fré­quent que des visites soient orga­ni­sées et que les étu­diants fran­çais y soient invi­tés : en 4A au Tech­nion, le lien avec la France est conservé. 

« L’intégration de l’université prestigieuse n’en assure pas pour autant l’obtention du diplôme. La plupart des entreprises réclament de joindre les bulletins de notes au CV pour sélectionner les étudiants les plus brillants. »

Jonathan Aflalo (06), en doctorat dans le département d’informatique

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