Le tiers de confiance qui permet de connecter les acteurs de la recherche scientifique au service de la médecine de précision
ADLIN se positionne comme un tiers de confiance entre les acteurs publics de la recherche scientifique et les acteurs privés du secteur de la santé, qui capitalisent sur leurs travaux de recherche afin de développer les traitements de demain. Paul Rinaudo, CEO d’ADLIN Science, nous en dit plus.
Au cœur de votre positionnement, on retrouve la volonté de valoriser la recherche et l’innovation en santé. Comment cela se traduit-il ?
C’est bien plus qu’une ambition, il s’agit là de notre raison d’être. Créée en 2021, ADLIN est une Entreprise à Missions et sa raison d’être est de « contribuer à la valorisation scientifique et économique des travaux de la recherche ». En effet, nous nous positionnons comme un tiers de confiance, un intermédiaire, qui va faciliter et sécuriser la structuration et le partage de la connaissance, du savoir-faire et des données générées par les acteurs publics de la recherche vers la sphère privée afin de leur donner les moyens d’innover en santé.
Dans ce cadre, nous nous concentrons donc sur la valorisation scientifique en accompagnant les chercheurs à toutes les étapes de ce processus, depuis l’identification des pistes de recherches jusqu’à la publication et la structuration de ce savoir-faire afin de le rendre plus facilement accessible à des acteurs privés qui contribuent, quant à eux, à sa valorisation économique.
Aujourd’hui, ADLIN emploie une trentaine de personnes et a connu une très belle croissance en moins de trois ans. Près de la moitié de nos équipes sont des docteurs en biologie moléculaire, en bio-informatique et en data science. ADLIN s’appuie sur une base Tech essentielle en développant une plateforme digitale qui doit justement permettre aux chercheurs de mener à bien leurs projets de recherche, de structurer les données, et qui doit aussi favoriser la mise en place de collaborations afin de nourrir et de rendre encore plus pertinente leur réflexion scientifique.
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Les chercheurs et les acteurs du monde de la recherche disposent d’ores et déjà d’outils digitaux qu’ils utilisent au quotidien. Qu’est-ce qu’ADLIN leur apporte en plus ?
En effet, les chercheurs aussi bien dans le domaine public que privé ont des outils de gestion de projet, de laboratoire et d’analyses de plus en plus développés. Néanmoins, on constate que les chercheurs n’exploitent réellement que 15 à 20 % de leurs fonctionnalités. En parallèle, le principal enjeu de la science et de la recherche aujourd’hui est de réussir à faciliter la collaboration entre les équipes grâce à des outils interconnectés et interopérables. À partir de là, ADLIN, avec sa plateforme, se positionne comme une brique complémentaire qui va justement permettre de connecter ces différents outils.
Dans cette logique, nous accompagnons notamment le projet Share4kids porté par le Dr. Marie Castets, qui nous tient particulièrement à cœur chez ADLIN. Ce projet est financé par l’INCa et a pour but de fédérer une partie de l’écosystème de cancérologie en France, soit plus de 17 institutions, une quarantaine d’équipes et plus 400 chercheurs qui souhaitent pouvoir collaborer pour développer une meilleure compréhension des mécanismes d’apparition des pathologies en cancérologie pédiatrique. Nous mettons à leur disposition notre plateforme pour les aider à mieux gérer les protocoles, mieux structurer les données afin qu’elles soient exploitables par l’ensemble des parties prenantes. Derrière cet enjeu de valorisation scientifique des recherches, il y a également un enjeu d’accès à des données de qualité par les biotechs et laboratoires pharmaceutiques afin de pouvoir développer des traitements et des médicaments adaptés aux patients. À l’heure actuelle, pour traiter les enfants, on leur administre majoritairement les traitements développés pour des adultes après en avoir réduit la dose ce qui entraîne de nombreux effets secondaires, car les mécanismes cellulaires et moléculaires des enfants sont très différents de ceux des adultes. Il y a là aussi un enjeu d’accompagnement des équipes de recherche pour accélérer le développement de nouveaux traitements adaptés à des applications pédiatriques. Et pour ce faire, ADLIN se positionne sur toute la chaîne de valeur dans l’accompagnement de cet écosystème grâce à notre plateforme qui fait le lien entre toutes les parties prenantes.
Qu’en est-il du côté des acteurs privés ? Quels sont leurs besoins ?
Pour développer des traitements et de nouveaux médicaments, les acteurs privés (biotechs, laboratoires pharmaceutiques…) ont besoin d’avoir accès à ces données qui émanent de la recherche et des hôpitaux. Or les méthodes de partage actuelles ne sont pas adaptées. Le « Data sharing » est confronté à de nombreuses difficultés : le respect du RGPD, la traçabilité des usages des données, la valorisation, et surtout le cadre éthique rendant la vente de données un sujet extrêmement sensible.
Au sein d’ADLIN, nous développons un concept novateur de « Data visiting », offrant aux acteurs privés la possibilité d’avoir accès à l’analyse de données, sans pour autant avoir la propriété ou même l’accès aux données.
En tant qu’intermédiaire et tiers de confiance, notre rôle est donc de leur faciliter l’accès, sous toutes ses formes, à ces données structurées pour qu’ils puissent accélérer et rendre encore plus pertinents leurs développements de médicaments et de traitements.
Il est également important de souligner l’importance de l’accès à l’expertise de la recherche, avant même l’exploitation des données. L’innovation en santé dépendant aujourd’hui d’efforts multidisciplinaires, à la frontière entre la biologie, l’informatique, les mathématiques, la chimie, etc. (Polytechnique en est un exemple parfait !). Faciliter l’accès à ces expertises autour d’une question scientifique précise sera l’un des facteurs clés de progrès de demain.
Revenons plus particulièrement à votre outil, qui est la première plateforme digitale collaborative dédiée aux équipes de recherche. Que permet-elle d’accomplir ?
Cet outil collaboratif a vocation à mieux structurer les projets scientifiques, depuis la question biologique jusqu’à la publication. Cette structuration longitudinale des projets est essentielle, car elle doit permettre à des biologistes, des bio-informaticiens et des data scientists de collaborer dans un même environnement, de structurer les données afin d’en exploiter toute la valeur scientifique et de faciliter la collaboration avec des acteurs externes autour de cette donnée.
Aujourd’hui, il y a une perte de temps considérable dans la chaîne de valeur, car les données sont très mal structurées, ce qui ralentit considérablement leur exploitation. En parallèle se pose aussi la question de l’amélioration de l’entraînement des modèles d’IA, une technologie qui a un rôle clé à jouer en matière d’identification de nouvelles molécules, de développement de bras synthétiques dans les essais cliniques, l’IA Generative… Pour exploiter tout le potentiel de l’IA, les modèles doivent être entraînés sur des données de qualité.
ADLIN est au cœur des réflexions autour de ces sujets stratégiques et co-coordonne, par exemple, à la task force de France Biotech sur l’usage des données en santé. Si l’ensemble de l’écosystème est conscient de la nécessité vitale d’avoir accès à des données structurées, dans les faits, très peu d’acteurs s’intéressent de façon systémique à cet enjeu. Avec notre plateforme, c’est un frein que nous ambitionnons de lever en structurant de manière systémique les données de la recherche pour qu’elles puissent être utilisées demain, entre autres, pour l’entraînement des modèles d’IA et le développement de nouveaux traitements. Dans cette démarche, il est important de souligner qu’ADLIN n’a jamais accès aux données. Nous déployons donc notre plateforme on-premise ou dans le cloud de nos clients ce qui leur permet de conserver la main sur leurs données, mais aussi de sécuriser tous les éléments qu’ils ne sont pas en mesure de partager, notamment tout ce qui relève de leur propriété industrielle ou intellectuelle. Ils conservent ainsi le contrôle sur leurs données, leurs codes et leurs algorithmes. Enfin, parce que nous nous positionnons comme un tiers de confiance, notre licence est gratuite pour les acteurs de la recherche.
Comment avance votre déploiement ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Depuis juin dernier, la plateforme est en phase de test au sien de l’Inserm afin de l’intégrer à leur environnement numérique et qu’elle puisse être accessible à l’ensemble des chercheurs de cet organisme de recherche dans les prochains mois. Actuellement, une centaine de chercheurs de l’Inserm, qui travaillent sur des thématiques très différentes, testent justement notre plateforme afin d’en évaluer la pertinence au regard de leurs besoins. Elle est aussi testée par des chercheurs de l’Université Paris-Saclay, du Centre Lyon Bérard, du Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse (CRCT). En parallèle, notre plateforme est aussi utilisée par nos clients privés, notamment des biotechs, afin de digitaliser leurs environnements de R&D pour structurer leurs protocoles et leurs données et permettre ainsi leur analyse.
Au cours des trois dernières années, nous avons démontré notre proposition de valeur et avons la volonté forte de continuer à mailler cet écosystème, au sein duquel nous sommes très actifs. Nous sommes issus de l’Executive Master de Polytechnique et avons rapidement été incubés au sein du Genopole et d’Agoranov. Nous avons la chance aujourd’hui d’être accompagné dans notre développement par PariSanté Campus et par Biolab@Hotel-Dieu. Nous voulons maintenir et renforcer cette présence au cœur de l’écosystème afin qu’ADLIN soit identifié comme un acteur qui fédère l’écosystème aux côtés des principales parties prenantes de cet univers. Au-delà, nous continuons à échanger avec l’Inserm, le CNRS ou encore le CEA, qui sont de grands instituts de recherche, mais aussi avec des bioclusters qui ont des enjeux de digitalisation que nous adressons avec notre plateforme. Il s’agit en 2024 et 2025 d’accélérer notre développement, de gagner en visibilité et d’être un acteur clairement identifié. Enfin, nous lançons aussi notre première levée de fonds en 2024 auprès d’acteurs de la santé afin de poursuivre cette mission de valorisation de la recherche scientifique.