Le tour du monde des énergies : Efficacité énergétique à Hong Kong
Après avoir suivi la trace d’Alexandre, nous retrouvons celle de Marco Polo en traversant l’Himalaya. Les contrées qu’ils abordèrent et celles que nous découvrons n’ont de commun que l’alphabet qu’elles utilisent encore – et le dépaysement qu’elles apportent au voyageur occidental. L’efficacité énergétique est promue au rang d’objectif national sous la grisaille chinoise.
Réduire la pollution locale
« Canyon » de Hong Kong.
Hong Kong souffre aujourd’hui de la situation géographique qui fut longtemps sa bénédiction. Sur la rive est de la rivière des Perles, la cité tertiaire se trouve au carrefour de vents qui rabattent la pollution chinoise sur la péninsule de Kowloon et les principales îles de l’archipel (Lantau et Hong Kong). Le smog, aux retombées sanitaires amplifiées par « l’effet canyon » qui concentre les émissions polluantes dans les rues bordées de gratte-ciel, plane sur la ville de 7 millions d’habitants.
Difficile de combattre un mal dont la racine semble plantée dans un autre territoire. Pourtant, si 80 % des volumes d’émissions proviennent du delta industriel de la rivière des Perles, les émissions « made in Hong Kong » sont tout de même à l’origine de plus du tiers de la pollution mesurée dans le port aux Parfums.
Principal responsable, malheureusement difficile à réguler : le transport, notamment maritime.
Pour pallier ce défaut de règlement et faire progresser la qualité de l’air, les services municipaux ont pris le parti d’attaquer des sources d’émissions plus concentrées (les centrales électriques) en mettant à l’honneur le volontariat et l’exemple pour faire évoluer les pratiques énergétiques.
Engagement citoyen
Le public exemplaire : une tonnelle de cellules solaires éclaire le dernier étage des bureaux de l’EMSD, en limite l’échauffement et produit de l’électricité.
Exemple au bureau pour l’efficacité énergétique (EEO) du département municipal pour l’électricité et les services mécaniques (EMSD). Son mandat ? Réguler les compagnies électriques et promouvoir l’efficacité énergétique, les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Sa méthode ? S’appuyer sur accords et programmes volontaires : publication de codes d’efficacité énergétique dans la construction, diffusion de méthodologies d’analyse cycle de vie, audits énergétiques, rénovation des bâtiments publics sommés de donner l’exemple, mise en place de programmes de labellisation et propositions de standards minimaux (en particulier automobiles) ont trouvé leur place dans l’économie parangon du libéralisme.
La plupart de ces programmes ciblent les foncières, maillon essentiel dans la chaîne qui mène de l’énergie à ses services sur un territoire planté de gratte-ciel.
Au menu des autres : campagnes d’information sur les moyens de préserver la qualité de l’air, les ressources en énergie et en eau, actions de sensibilisation dans les écoles (dont nomination de jeunes ambassadeurs « verts »), et mobilisation des professionnels illustrée par la mise sur pied en 2004 d’un concours annuel pour l’efficacité énergétique dans les bâtiments résidentiels et publics.
Près de 1 400 candidats s’y sont inscrits fin 2006. Bénéficiant d’un accompagnement méthodologique de qualité et du retour d’expérience de la précédente édition du concours, ils rivalisent d’ingéniosité pour faire baisser leurs consommations d’électricité évaluées pendant huit mois.
Energy Efficiency Awards
Dans la tour Oxford House de Swire properties et à l’université de Hong Kong, des armées de solutions techniques font ainsi la chasse à l’inefficacité.
Placé sur les boîtiers de réglage de la climatisation, l’autocollant CFL sourit aux économies d’énergie.
De l’utilisation d’eau de mer dans les tours aéro-réfrigérantes au revêtement des vitres par des filtres réflecteurs de soleil, en passant par le remplacement des ballasts magnétiques des néons par des ballasts électroniques plus efficaces et le nettoyage automatique des tubes de la centrale de refroidissement, tous les moyens sont bons pour réduire durablement la consommation d’énergie de bâtiments rendus, au passage, souvent plus agréables à vivre. Néanmoins, les économies d’énergie ne peuvent prendre racine dans un terreau qui ne serait que technologique. Le facteur comportemental des consommateurs, s’il est plus difficile à piloter, est une dimension à ne pas négliger par les programmes qui souhaitent s’inscrire dans la durée.Aux yeux de la direction de l’université, ceci justifie d’investir dans un complément « soft » à tout ce « hardware ». Placardage sur les portes des toilettes (emplacement à forte visibilité !) de graphes décrivant l’évolution des consommations énergétiques de l’établissement, autocollants pédagogiques, audits énergétiques et proposition d’une charte interne cherchent ainsi à faire adopter des comportements plus vertueux.
La Jaune et la Rouge diffuse depuis un an des extraits du Tour du monde des énergies et des solutions découvertes dans les 17 pays qu’il a traversés.
Ceux que ces descriptions auront intéressés peuvent trouver complément et approfondissements dans Le Tour du monde des énergies publié le 7 mai aux Éditions J.-C. Lattès.