L'Ecole normale de l'an III

L’École normale de l’an III, À propos de la nouvelle édition critique des cours de Physique (Hauÿ), et de Chimie (Berthollet)

Dossier : ExpressionsMagazine N°620 Décembre 2006
Par Emmanuel GRISON (37)

L’an III de la République une et indivisible

1. La Convention crée deux Écoles révolutionnaires

L’an III de la République une et indivisible

1. La Convention crée deux Écoles révolutionnaires

L’an III du calen­drier révo­lu­tion­naire com­men­çait le 1er ven­dé­miaire (22 sep­tembre 1794) ; le 7 de ce mois, Four­croy, membre du Comi­té de salut public, allait pré­sen­ter à la Conven­tion natio­nale le pro­jet d’une École cen­trale des Tra­vaux publics des­ti­née à don­ner à la Répu­blique les ingé­nieurs civils et mili­taires (génie mili­taire, ponts et chaus­sées, artille­rie, etc.) dont le recru­te­ment s’é­tait tari depuis le début de la Révo­lu­tion. Le mois sui­vant, le 9 bru­maire (30 octobre 1794), c’é­tait au tour de Laka­nal de mon­ter à la tri­bune pour pro­po­ser au nom du Comi­té d’ins­truc­tion publique le décret « d’é­ta­blis­se­ment à Paris » d’une « École nor­male où seront appe­lés de toutes les par­ties de la Répu­blique des citoyens déjà ins­truits dans les sciences utiles pour apprendre, sous les pro­fes­seurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’en­sei­gner », en vue « de don­ner au Peuple fran­çais un sys­tème d’ins­truc­tion digne de ses nou­velles destinées ».

Dans un cas comme dans l’autre, le but de la démarche était le même : après le 9 ther­mi­dor an II et la fin des dra­ma­tiques luttes poli­tiques de la Ter­reur, après les vic­toires mili­taires (Fleu­rus) qui avaient des­ser­ré l’é­tau mena­çant des armées de la coa­li­tion, la Conven­tion s’at­ta­quait à l’or­ga­ni­sa­tion du nou­vel État répu­bli­cain auquel elle remet­trait le pou­voir à la fin de l’an III après avoir voté la Consti­tu­tion ins­tau­rant le régime du Directoire.

L’an III n’al­lait pas être pour autant une année pro­pice à la pré­pa­ra­tion sereine des nou­velles ins­ti­tu­tions : les règle­ments de comptes avec les ter­ro­ristes jaco­bins et sur­tout les émeutes qui sou­le­vèrent au prin­temps (en ger­mi­nal et en prai­rial) les masses popu­laires excé­dées par la famine et la ruine de l’é­co­no­mie en géné­ral secouèrent vio­lem­ment les deux Écoles qui avaient ouvert en nivôse et plu­viôse (jan­vier et février 1795). Les cours de l’É­cole nor­male ces­sèrent dès la fin de flo­réal (20 mai 1795) et ses élèves rejoi­gnirent leurs pro­vinces : c’é­tait la fin de l’École nor­male de l’an III, qui ne devait pas connaître d’autres sessions.

Quant à l’École cen­trale des Tra­vaux publics où s’a­che­vait tout juste le 1er prai­rial une période pré­li­mi­naire de « cours révo­lu­tion­naires », elle put sur­vivre grâce à Lagrange qui com­men­çait son cours ce jour-là et à la pro­tec­tion tou­jours atten­tive de Prieur de la Côte-d’Or, conven­tion­nel et ancien membre du Comi­té de salut public – et attendre que Monge et Hachette, tou­chés par le soup­çon de jaco­bi­nisme, sortent de leur cachette et qu’­Has­sen­fratz revienne de son exil. Mais Prieur fera bien­tôt chan­ger le nom de sa chère École : le 15 fruc­ti­dor an III (1er sep­tembre 1795), ce sera doré­na­vant l’École poly­tech­nique.

2. L’École normale de l’an III

Mais la brève expé­rience de l’École nor­male de l’an III, bien loin de n’être qu’une ten­ta­tive sans len­de­main, devait lais­ser une trace exemplaire.

D’a­bord parce qu’elle avait réuni des pro­fes­seurs qui étaient assu­ré­ment l’é­lite scien­ti­fique et intel­lec­tuelle du moment – une élite qu’a­vait dis­per­sée la tour­mente révo­lu­tion­naire et que la sup­pres­sion des Aca­dé­mies avait condam­née au mutisme. L’É­cole nor­male allait appe­ler les pre­miers savants fran­çais de l’é­poque, comme le montre la com­pa­rai­son de son corps ensei­gnant avec celui de l’É­cole cen­trale des Tra­vaux publics : en mathé­ma­tiques, celle-ci avait Monge et Lagrange, mais l’É­cole nor­male y avait ajou­té Laplace (qui sera d’ailleurs le pre­mier grand cri­tique de l’É­cole poly­tech­nique – et de quel poids…). En phy­sique, l’É­cole nor­male choi­sit Haüy, tan­dis que Monge avait rete­nu le mal­heu­reux Has­sen­fratz ; en chi­mie, l’É­cole nor­male n’embaucha que Ber­thol­let, le meilleur depuis Lavoi­sier (hélas…), tan­dis qu’à l’É­cole cen­trale des Tra­vaux publics figu­raient aus­si Four­croy, Guy­ton de Mor­veau, Chaptal.

Quant aux diverses « sciences humaines », elles étaient en dehors des pro­grammes d’en­sei­gne­ment de l’É­cole cen­trale des Tra­vaux publics, orien­tée dès le départ vers l’ap­pli­ca­tion des sciences aux tâches utiles de l’in­gé­nieur (« l’É­cole de Monge ») avant de deve­nir, sous le nom de « Poly­tech­nique », une école de haut ensei­gne­ment mathé­ma­tique (après 1815 : « l’É­cole de Laplace »). En revanche, l’É­cole nor­male, sou­cieuse qu’on donne aux futurs pro­fes­seurs des écoles cen­trales une large ouver­ture sur toute la pano­plie des « sciences humaines », réunit un aréo­page très varié et des plus dis­tin­gués : Dau­ben­ton pour les sciences natu­relles, Vol­ney pour l’his­toire, Buache et Men­telle pour la géo­gra­phie, Van­der­monde pour l’é­co­no­mie poli­tique, La Harpe pour la lit­té­ra­ture, Sicard pour l’art de la parole, Garat pour l’a­na­lyse de l’en­ten­de­ment et enfin Ber­nar­din de Saint-Pierre pour la morale !

La seconde rai­son de la péren­ni­té de son influence allait tenir d’autre part à l’âge de ses élèves : à la dif­fé­rence de l’É­cole cen­trale des Tra­vaux publics qui recru­ta par concours à l’in­té­rieur d’une étroite limite d’âge des jeunes de talent (et l’on eut en 1794 Biot, Malus, Simon Ber­nard…), l’É­cole nor­male opta pour un recru­te­ment sans limite d’âge sur recom­man­da­tion des auto­ri­tés locales : chaque dis­trict fut prié de pré­sen­ter quatre can­di­dats ; des­ti­nés à l’en­sei­gne­ment public, ceux-ci furent en large majo­ri­té des hommes d’un cer­tain âge ayant béné­fi­cié d’une ins­truc­tion déjà solide sous l’An­cien Régime. C’est ce que montre l’a­na­lyse entre­prise par Domi­nique Julia et son équipe sur les quelque 1 400 élèves de l’É­cole nor­male de l’an III : on peut esti­mer que 4 % seule­ment avaient moins de 23 ans, mais 42 % avaient entre 23 et 30 ans (par­mi les­quels le grand mathé­ma­ti­cien et phy­si­cien Fou­rier), 37 % entre 30 et 40 ans, 12 % entre 40 et 50 et le doyen avait 70 ans ! Ce n’é­tait pas une assem­blée de jeunes gens remuants…

Enfin, si le suc­cès de ses cours se pro­lon­gea très au-delà de la brève exis­tence de l’É­cole nor­male, c’est aus­si parce qu’elle sut enre­gis­trer et dif­fu­ser immé­dia­te­ment le conte­nu des leçons ; ses sté­no­graphes et impri­meurs avaient été entraî­nés par le ser­vice des assem­blées révo­lu­tion­naires et avaient acquis une pra­tique d’une effi­ca­ci­té remar­quable : les cours impri­més étaient dis­tri­bués aus­si­tôt, après relec­ture par le pro­fes­seur, aus­si bien pour la leçon elle-même que pour la « séance de débats » qui l’accompagnait.

Dans l’ex­po­sé qu’en­re­gis­trait le sté­no­graphe, le pro­fes­seur ne se conten­tait pas de com­mu­ni­quer les savoirs récem­ment acquis, mais fai­sait part aus­si de ses intui­tions du moment, point encore mises en forme, mais qui, au sor­tir de l’hi­ber­na­tion révo­lu­tion­naire, allaient se tra­duire bien­tôt en publi­ca­tions qui feraient date ; on peut pen­ser, par exemple, à la Théo­rie des fonc­tions ana­ly­tiques de Lagrange ou à la Sta­tique chi­mique de Ber­thol­let.

Les cours impri­més qu’emmenèrent chez eux le mil­lier d’an­ciens élèves furent-ils leur biblio­thèque de che­vet lors­qu’ils devinrent pro­fes­seurs d’é­coles cen­trales ? C’est pro­bable et en tout cas il se trou­va bien­tôt, en ce temps d’en­cy­clo­pé­dies, un édi­teur pour réunir et publier une pre­mière édi­tion des Séances de l’É­cole nor­male (Paris : Impri­me­rie du Cercle social, treize volumes et un atlas, 1800–1801).

La nouvelle édition critique des Leçons de l’École normale de l’an III (1992−2006)

Deux siècles plus tard, les his­to­riens des sciences pren­dront le relais en pré­sen­tant l’ac­tuelle réédi­tion des Leçons de l’École nor­male de l’an III, « témoi­gnage unique sur l’é­tat du savoir à la fin du siècle des Lumières ».
Deux volumes : I. Leçons de mathé­ma­tiques (Lagrange, Laplace, Monge), dir. Jean Dhombres ; II. Leçons d’his­toire, de géo­gra­phie, d’é­co­no­mie poli­tique (Vol­ney, Buache et Men­telle, Van­der­monde), dir. Daniel Nord­man, béné­fi­ciant du label 1789–1989 du Bicen­te­naire, furent édi­tés par Dunod en 1992 et 1994. Les trois volumes sui­vants sont ou seront édi­tés aux Presses de l’É­cole nor­male supé­rieure, récem­ment créées.

1. Haüy et Berthollet dans le tome III

Le tome III : Leçons de phy­sique, de chi­mie et d’his­toire natu­relle, dir. Étienne Guyon, vient de paraître (2006). C’est un épais volume de 650 pages in‑4° qui contient les leçons de Haüy, de Ber­thol­let et de Dau­ben­ton **.

Nous ne nous arrê­te­rons pas ici à la par­tie consa­crée aux Leçons d’his­toire natu­relle de Dau­ben­ton, bien qu’elles ne manquent certes pas d’in­té­rêt et que Dau­ben­ton (1716−1800), doyen des pro­fes­seurs de l’É­cole nor­male, fût une per­son­na­li­té fort en vue à l’é­poque : il avait été l’ad­joint très proche de Buf­fon (1707−1788) avec lequel il contri­bua à don­ner un éclat remar­quable au Jar­din du Roi, deve­nu en 1793 le Museum d’his­toire natu­relle dont Dau­ben­ton fut alors élu pré­sident par ses col­lègues pro­fes­seurs. Mais la mémoire his­to­rique ne lui don­ne­ra qu’un rang rela­ti­ve­ment modeste, après Buf­fon, le grand et magni­fique natu­ra­liste, et der­rière les savants de la géné­ra­tion sui­vante : Cuvier, fon­da­teur de la paléon­to­lo­gie, qui fut son suc­ces­seur, et Lamarck, son col­lègue au Museum, qui sera, en théo­rie de l’é­vo­lu­tion, l’i­ni­tia­teur du trans­for­misme. Nous nous res­trein­drons ci-après à par­ler des deux pre­miers, le phy­si­cien et le chi­miste, dont la science nous est plus fami­lière, il est vrai, que celle du naturaliste.

Rap­pe­lons d’a­bord que, à la dif­fé­rence de la pre­mière édi­tion de 1801, celle-ci est accom­pa­gnée – et c’est en fait sa rai­son d’être – d’un appa­reil cri­tique très impor­tant et fort utile : intro­duc­tions, sous-titres, notes abon­dantes et très bien ren­sei­gnées, annexes, biblio­gra­phies, index sont l’in­dis­pen­sable enca­dre­ment d’un ouvrage de réfé­rence qui sera consul­té, plu­tôt que lu en conti­nu, par un his­to­rien en quête d’in­for­ma­tions plus ou moins spé­ci­fiques. D’ailleurs, ce n’est pas l’œuvre d’un seul, mais d’une pléiade des his­to­riens des sciences les plus qua­li­fiés, cha­cun dans son domaine favo­ri. Sans les citer tous, et sans pré­su­mer quelque pré­séance, on peut noter une impli­ca­tion plus géné­rale de Nicole Hulin pour le cours de Haüy, et celle de Ber­na­dette Ben­saude-Vincent pour celui de Ber­thol­let – cette der­nière ayant repris le tra­vail de Michelle Gou­pil, l’his­to­rienne et bio­graphe de Ber­thol­let, inter­rom­pu par son décès prématuré.

Ce sont les intro­duc­tions – d’une ving­taine de pages cha­cune, pré­cé­dant le texte des leçons (200 et 150 pages res­pec­ti­ve­ment) – qui consti­tuent les véri­tables « recen­sions » des leçons, et nous n’au­rons pas la pré­ten­tion de les recen­ser à notre tour ; nous sou­hai­tons seule­ment choi­sir dans cha­cun des cours un point fort, qui nous paraît le plus ori­gi­nal et por­teur d’avenir.

2. Le cours de Haüy

En tête de ses leçons, Haüy a pla­cé la cris­tal­lo­gra­phie, en mon­trant dans « les lois de la struc­ture des cris­taux », com­ment les diverses formes géo­mé­triques prises par une espèce cris­tal­line don­née peuvent s’in­ter­pré­ter comme les varié­tés diverses d’as­sem­blage des « noyaux du cris­tal », forme pri­mi­tive qui contient la « molé­cule inté­grante » c’est-à-dire la sub­stance chi­mique. Le cris­tal est consti­tué de l’empilement, selon une triple pério­di­ci­té, de ces noyaux (on appelle aujourd’­hui le noyau : maille élé­men­taire) conte­nant cha­cun un frag­ment iden­tique (« molé­cule inté­grante » ou motif) du solide qui a cris­tal­li­sé. Ce trans­fert de la cris­tal­lo­gra­phie du domaine des sciences natu­relles (la miné­ra­lo­gie) à celui de la struc­ture des solides n’al­lait pas de soi. Romé de l’Isle s’y était oppo­sé vio­lem­ment et Dau­ben­ton qui s’ef­for­ça, quelques jours plus tard, d’hé­ber­ger dans ses leçons un « abré­gé » de la théo­rie de Haüy, le fit maladroitement.

Cette théo­rie ouvrait le champ de la recherche géo­mé­trique sur les réseaux à trois dimen­sions : groupes de symé­trie ponc­tuelle obser­vables dans la mor­pho­lo­gie cris­tal­line et groupes de symé­trie spa­tiale où s’ins­crit l’ar­ran­ge­ment du motif dans la maille. Ce déve­lop­pe­ment de la cris­tal­lo­gra­phie au XIXe siècle, de Bra­vais à Schön­flies, ser­vi­ra d’as­sise au pro­di­gieux déve­lop­pe­ment de l’a­na­lyse struc­tu­relle des molé­cules, une des bases de la moderne phy­sique des solides, dont on connaît les pro­lon­ge­ments dans le hard­ware infor­ma­tique comme dans les struc­tures biologiques.

Haüy fut donc un grand pré­cur­seur, ce que res­sen­tirent ses amis aca­dé­mi­ciens mal­gré la grande modes­tie de sa pos­ture, ain­si qu’en témoigne la savou­reuse anec­dote sui­vante. Nous l’empruntons non pas au pré­sent tome iii, mais à la bio­gra­phie de Haüy par Alfred Lacroix, lequel l’a trou­vée dans un manus­crit auto­graphe de Geof­froy Saint-Hilaire daté de mars 1792 (Biblio­thèque de l’Ins­ti­tut, fonds Cuvier, Ms 3204).

Geof­froy Saint-Hilaire, qui n’a­vait pas encore vingt ans, était pré­pa­ra­teur du cours de Haüy au col­lège du Car­di­nal Lemoine ; il prit des notes à un cours de cris­tal­lo­gra­phie que don­nait Haüy à quelques amis aca­dé­mi­ciens, dont Lavoi­sier, alors écar­té de la Régie des Poudres, qui avait dû quit­ter l’Ar­se­nal, son labo­ra­toire et ce salon qui avait accueilli si long­temps ces mêmes savants – où nous retrou­vons les futurs pro­fes­seurs des Écoles de l’an III. Le regard cri­tique de Geof­froy était aus­si aigu que per­ti­nent, et l’a­nec­dote nous ser­vi­ra de tran­si­tion entre Haüy et Berthollet.

3. Le cours de Berthollet

La réflexion chi­mique de Ber­thol­let se fixe­ra, elle, sur la notion d’af­fi­ni­té, dont le jeu règle l’a­van­ce­ment de la réac­tion chi­mique. Le concept, avan­cé, et même théo­ri­sé dès le XVIIIe siècle, est encore très flou et ne se pré­ci­se­ra qu’a­près la décou­verte de l’en­tro­pie et les pro­grès de la ther­mo­dy­na­mique chi­mique (cf. Michelle Gou­pil, Du Flou au Clair, His­toire de l’af­fi­ni­té chi­mique, 1991). Mais c’est bien dans la bonne direc­tion que Ber­thol­let fixe­ra son regard et celui de ses élèves ; il n’hé­site pas à main­te­nir le doute sur toute théo­rie, tant qu’on peut encore évo­quer une expé­rience qui la contre­dit ou lui échappe ; il consacre une leçon entière à mettre en garde ses élèves sur ce point. Ber­thol­let est l’homme du ques­tion­ne­ment, jamais enclin à accep­ter l’ar­gu­ment d’au­to­ri­té : c’est aus­si ce qui trans­pa­raît dans le juge­ment de Geof­froy Saint-Hilaire : Ber­thol­let est un contes­ta­taire. Il ne se suf­fit pas de la loi de Proust sur les pro­por­tions défi­nies, tant qu’on connaî­tra – et, de fait on en trou­ve­ra ensuite beau­coup – des com­po­sés non stœ­chio­mé­triques, qu’on appel­le­ra d’ailleurs « berthollides ».

Aus­si, lorsque l’é­lève Peté­tin (cf. 2e séance de débats) lui rap­pelle « les ano­ma­lies des lois des affi­ni­tés », il ren­ché­ri­ra sur « le petit nombre de faits qu’on ne peut clai­re­ment expli­quer par les lois connues des affi­ni­tés » : il s’a­git ici de cette réac­tion d’é­change chlo­rure-car­bo­nate entre soude et chaux, fon­da­men­tale pour la fabri­ca­tion de la « les­sive ». Notons que Ber­thol­let pour­ra, cinq ans plus tard, lors de l’ex­pé­di­tion d’É­gypte dont il était le chi­miste, médi­ter au bord du lac de Natron sur le jeu natu­rel de cette réaction.

En choi­sis­sant Haüy et Ber­thol­let comme pro­fes­seurs, l’É­cole nor­male s’é­tait nan­tie non pas tant d’ins­ti­tu­teurs – le nom don­né aux siens par l’É­cole cen­trale des Tra­vaux publics – mais de savants vision­naires d’avenir.

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* Presses de l’ENS, 2006.
** Avis aux amateurs :
. pour l’a­chat du volume I (35 euros) ou du volume III (48 euros), le volume II vous sera offert (frais de port 12 euros) ;
. pour l’a­chat du volume I et du volume III, le volume II vous sera offert fran­co de port.
Cette offre est valable auprès du comp­toir de vente de l’É­cole nor­male, 29, rue d’Ulm, 75005 Paris.

« Cours de cris­tal­lo­gra­phie, par M. l’abbé Haüy, en mars 1792, dans sa cham­brette, au car­di­nal Lemoine, à Messieurs
 
Lavoi­sier inter­ro­geant et agran­dis­sant tou­jours la pen­sée, sujet de sa question
Lagrange réflé­chi ; disant quel­que­fois : je ne com­prends pas encore
Laplace méti­cu­leux ; don­nant avec auto­ri­té des leçons au professeur
Four­croy déve­lop­pant avec volu­bi­li­té ! les consé­quences des prin­cipes expo­sés, qu’il n’avait (pas) tou­jours saisis
Guy­ton Mor­veau mon­trant du doute, sur­tout quand par­lait le précédent
Ber­tho­let (sic) agis­sant contrai­re­ment, par pure com­plai­sance de caractère. »

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