L’Ecole polytechnique et ses élèves prisonniers de guerre (1940−1945)
À l’entrée en guerre de la France et de l’Allemagne, le 2 septembre 1939, l’École polytechnique comptait une promotion d’élèves (1938) qui avaient fait un an d’études et s’apprêtaient à entrer en deuxième année, et une promotion (1939) entrant à l’École pour y faire normalement les deux années de scolarité.
Les élèves de la promotion 38 ont été envoyés dans les écoles militaires d’application en étant nommés sous-lieutenants. Ils en sont sortis en février 1940 et ont été affectés à des corps de troupe ou temporairement à des dépôts.
Les élèves les plus âgés de la promotion 39 ont subi le même sort, en étant nommés sous-lieutenants à la sortie des écoles d’application, tandis que les plus jeunes entamaient leur première année de scolarité à Paris.
Sur les 248 élèves français de la promotion 38, 55 se trouvaient dans des camps à la fin de la guerre. Pour la promotion 39, sur les 287 élèves français, 37 étaient prisonniers à la même époque1.
L’École a tenté, dès août 1940, d’obtenir la libération de ses élèves prisonniers ou leur mise en congé de captivité. Une réponse négative a été apportée par les autorités allemandes le 19 septembre 1940. La démarche a été reprise par l’ambassadeur Georges Scapini en décembre2.
Par ailleurs, l’École s’est préoccupée, dès 1941, d’envoyer aux élèves prisonniers, au fur et à mesure de leur publication, les cours (polycopiés) distribués aux élèves présents à l’École (installée alors à Lyon). Le mode d’expédition a posé problème. Après avoir pensé les confier aux familles, l’École a pu faire ces envois par l’intermédiaire du service Scapini et, plus précisément, par les soins des centres d’entraide aux étudiants mobilisés et prisonniers3.
Au cours du Conseil de perfectionnement du 11 octobre 1941, sous la présidence de Berthelot, secrétaire d’État aux Communications, le gouverneur Calvel fait le point sur la question des prisonniers.
Il a proposé la mise en congé de captivité, à Paris, de l’ensemble des élèves prisonniers.
« Comme position de repli, il propose la réunion, dans un ou deux Oflags, des élèves prisonniers avec un certain nombre d’anciens élèves, docteurs ès sciences, et de professeurs d’université également prisonniers. Ainsi, les cours de l’École qui ont déjà été envoyés à tous les prisonniers et qui continuent à l’être au fur et à mesure de leur impression pourraient être étudiés avec fruit4. »
Mais, à la séance du 14 février 1942, le gouverneur donne connaissance d’une lettre du général Bridoux, secrétaire d’État à la Guerre, qui apporte la réponse négative des autorités allemandes pour la mise en congé de captivité des élèves prisonniers.
Il n’y a eu, d’autre part, aucun regroupement des prisonniers pour faciliter le travail des étudiants, qu’ils soient polytechniciens ou non.
Finalement, le travail des élèves prisonniers a été essentiellement individuel à partir des cours reçus. Je dois cependant noter qu’à partir du débarquement du 6 juin 1944 rapprochant la perspective de la libération, les six ou sept élèves de la promotion 38 prisonniers à l’Oflag IV D (Hoyerswerda) se réunissaient pour faire des exercices sur les cours de l’École. Mais, à l’Oflag X C (Lübeck) où j’ai été transféré en août 1944, il n’y avait rien de semblable. Cependant, dans le maigre bagage que nous pouvions transporter d’un camp à l’autre, j’avais placé mes cours de l’X.
Après leur libération, les élèves prisonniers de la promotion 38 ont passé les examens de sortie, en septembre 1945, sur un programme allégé, et ont été classés dans les corps de l’État, ils sont entrés en octobre dans les écoles d’application.
Quant aux prisonniers de la promotion 39, ils ont été regroupés dans une promotion spéciale avec un programme d’études condensé sur une seule année.
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1. Archives de l’École polytechnique. Registres du Conseil de perfectionnement. Séance du 26 mai 1945. Les estimations faites en 1940 étaient un peu différentes.
2. AEP. Registres du Conseil d’instruction. Séance du 23 janvier 1941. Georges Scapini dirigeait les services diplomatiques des prisonniers de guerre.
3. AEP. Correspondances 1941. Note du 18 août 1941 à l’ingénieur Fontana, délégué de l’École à Paris.
4. AEP. Registres du Conseil de perfectionnement.
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les officiers, prisonniers de guerre
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