Le prix X‑Impact Tech 2021 met à l’honneur l’entrepreneuriat au féminin
Après le succès du lancement du prix X‑Impact Tech en collaboration avec la DEI (direction entrepreneuriat et innovation) et la FX, la deuxième édition du prix met à l’honneur l’entrepreneuriat au féminin. Christel Heydemann (94), marraine de la 3e promotion de l’Executive Master, et Anne-Christelle Reinert-Roffé (E2019) de la 3e promotion présentent la raison d’être particulière de ce prix 2021.
Anne-Christelle Reinert-Roffé, peux-tu nous présenter ta promotion de l’Executive Master ?
ACRR : La promotion 3 de l’Executive Master est composée de 30 élèves. Nous avons entre dix et vingt-cinq ans d’expérience professionnelle et avons évolué aussi bien dans le secteur public ou privé, dans différents types d’industrie (services, métallurgie, banque, informatique, luxe, pharmacie, musique…), en France et à l’international. Nos profils sont variés, allant de parcours corporate à des parcours plus entrepreneuriaux, nous partageons tous une très grande curiosité pour l’innovation.
Le partage d’expérience plurielle fait la richesse de la promotion.
Comment s’est fait le choix du thème en faveur de l’entrepreneuriat au féminin ?
ACRR : Le choix s’est fait assez naturellement. Avec mon parcours entrepreneurial, j’ai pu appréhender et vivre la difficulté d’être entrepreneur au féminin d’une part et d’autre part, au sein de la promotion de l’Executive Master, nous n’étions que cinq femmes, ce qui est encore peu et reste – malheureusement – représentatif de ce que nous vivons au quotidien dans nos entreprises respectives. Nous voulons donner cette année une meilleure représentation des femmes dans le prix X‑Impact Tech et par là simplifier l’accès à l’entrepreneuriat.
Et vous, Christel Heydemann, en tant que marraine de la promotion, quel sens donnez-vous à ce prix ?
CH : Par-delà l’engagement pour l’entrepreneuriat au féminin, le prix en lui-même m’intéresse. Je suis convaincue que la technologie a beaucoup à apporter sur les enjeux de changement climatique, de transition alimentaire, dans le domaine de la santé, en définitive dans les domaines de recherche des labos de l’X. Faire rayonner l’innovation polytechnicienne au sens large dans une logique d’impact, avec une orientation marquée en faveur de plus de diversité, est pour moi un engagement assez naturel.
Quelle est selon vous l’importance sociétale du soutien à l’entrepreneuriat au féminin ?
CH : Même si je n’évolue pas directement dans un environnement d’entrepreneurs, je vois à quel point les équipes diverses sont beaucoup plus innovantes et efficaces. Je travaille beaucoup à attirer les femmes vers la technologie et les métiers techniques. Beaucoup d’études montrent que, du côté des investisseurs ou des entrepreneurs, il reste beaucoup de choses à faire pour valoriser les femmes entrepreneures.
Comment expliquez-vous que les investisseurs ne repèrent pas suffisamment l’entrepreneuriat au féminin ?
CH : Je pense qu’il y a beaucoup de femmes entrepreneures mais il y en a moins dans la tech. Aujourd’hui, des fonds d’investissement établissent leur axe de différenciation sur la diversité, car les statistiques montrent la réussite des équipes diversifiées ou des entrepreneures féminines. Nous sommes sur des sujets à la fois sociétaux, technologiques et économiques.
ACRR : Dans la tech ou l’innovation, il n’y a que 10 % des femmes entrepreneures. Il existe encore beaucoup d’idées reçues sur la place des femmes dans la tech. Plus il y aura de représentation des femmes dans la tech, moins il y a aura de stéréotypes de genre rencontrés encore trop souvent dans les contacts avec les banquiers ou auprès de fonds. Nous souhaitons aussi que cet accès des femmes à la tech et aux investisseurs soit rendu plus simple. Être entrepreneur, qu’on soit homme ou femme, ça s’apprend, ça se travaille et ça ne doit pas être genré. L’idée de ce prix, qui est assorti d’un mentorat et d’un coaching, c’est de fluidifier, de simplifier et d’accompagner la démarche entrepreneuriale, de bout en bout.
Christel, en tant que polytechnicienne, votre diplôme vous a‑t-il aidé dans votre carrière à faire entendre votre voix ? N’y a‑t-il pas une importance sociétale dans le fait que l’Executive Master de l’X porte ce prix ?
CH : Il est sûr que le diplôme de Polytechnique donne – en France – un crédit confiance important dans le regard des autres. Nous avons moins à prouver lorsqu’on sort d’une grande école. Pendant longtemps, je n’ai pas vu d’enjeu à faire progresser les femmes dans l’entreprise, parce que je ne voyais pas vraiment de barrière. Mais, lorsque je suis devenue DRH d’Alcatel, je me suis rendu compte que c’était un véritable sujet. J’ai constaté à quel point hommes et femmes n’avaient pas du tout les mêmes façons de réagir, de demander, d’avoir de l’ambition. Et j’ai aussi expérimenté qu’une entreprise ne peut pas attirer les talents si elle ne constitue pas des équipes diversifiées. Or, comme nous sommes dans un monde très compétitif pour aller chercher des talents, il est nécessaire de développer une culture d’entreprise qui attire les meilleurs, les femmes comme les hommes, et la diversité des profils en général.
ACRR : Nous voulons porter cette approche technologique avec un impact sociétal dans l’excellence académique de l’École polytechnique. La particularité du prix X‑Impact Tech, c’est que les dix candidats retenus pour pitcher vont être coachés pendant deux mois pour les aider à travailler leur présentation orale et écrite, à aller chercher des investisseurs. Nous avons constitué un jury représentatif de cette démarche : des entrepreneures, des investisseurs (Polytechnique Ventures, Idinvest), des membres de comité exécutif. Les lauréats seront mentorés pendant six mois sur différents types de sujets qui correspondent aux compétences de notre promotion et aussi des précédentes, mises à disposition des lauréats via un fichier de méta-compétences (compétences techniques, transversales et expérientielles). L’autre spécificité du prix réside dans la notion de continuité entre les promotions. La promotion 2 nous a passé le relai à nous la promotion 3, et nous souhaitons transmettre cette dynamique du prix à la promotion 4 pour inscrire l’Executive Master, qui est une formation encore jeune, dans l’écosystème de l’IP Paris et de l’innovation entrepreneuriale.
Qu’attendez-vous de la communauté polytechnicienne ?
CH : Pour nous, c’est important que les alumni connaissent l’existence du prix X‑Impact Tech et qu’ils en parlent à de jeunes entrepreneurs. Comme nous sommes dans la phase de levée de fonds, nous les invitons également à participer à la collecte et à la relayer auprès de leurs réseaux.
ACRR : Nous aimerions que la communauté polytechnicienne nous soutienne dans notre démarche et nous aide à l’inscrire dans la durée. Nous cherchons aussi à donner encore plus de crédit au prix en l’associant avec une entreprise, un naming, qui attirerait encore plus de candidatures.
Jean-Paul Cottet (74), délégué général de la Fondation de l’École polytechnique
« Je tiens à saluer l’engagement des étudiants de la 3e promotion de l’Executive Master de l’X qui, à travers le prix X‑Impact Tech, encouragent l’entrepreneuriat à fort impact sociétal et l’entrepreneuriat féminin. Ces thèmes sont chers à la Fondation qui inscrit dans la durée son action en faveur de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. Je remercie celles et ceux qui ont d’ores et déjà fait un don pour financer cette initiative et j’invite ceux qui ne l’ont pas encore fait à prendre part à cet effort collectif. »
Se renseigner et soutenir :
https://don.fondationx.org/prix-x-impact-tech-2021
Voir les témoignages des premiers lauréats (pages 8 et 9)