L’entreprise, actrice du lien social
L’entreprise est une entité protéiforme, qui évolue au contact de la société dans laquelle elle est implantée. En ce début de XXIe siècle, la société interroge de plus en plus l’entreprise sur son rôle dans la société. Aussi, face au délitement de la cohésion sociale et au recul du pouvoir étatique dans une société de plus en plus mondialisée, l’opinion publique s’intéresse-t-elle désormais de plus en plus à la contribution de l’entreprise au développement d’une société plus équitable. Au-delà d’un respect de son personnel, la société exige de l’entreprise qu’elle s’ouvre à son environnement pour participer au développement social et oeuvrer au renforcement de la cohésion sociale.
Favoriser une plus grande porosité entre l’entreprise et la société
Avec l’apparition, dans les années 2000, de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de la contribution des entreprises au Développement durable, l’entreprise a compris qu’elle pouvait encore moins fonctionner en vase clos. Elle doit se développer tout en prenant en compte les besoins et les attentes de la société. Mais ceci n’est pas sans difficulté. Comment passer outre les finalités différentes de ces deux mondes ?
Procurer aux salariés un cadre de travail en accord avec leurs valeurs citoyennes
En effet, si la société érige en objectif la cohésion sociale entre ses membres, l’entreprise poursuit des objectifs économiques, de développement et de profitabilité : la réconciliation des objectifs passe par la prise en compte des enjeux de l’entreprise. Pour mieux poursuivre ses objectifs de développement, l’entreprise doit être à l’écoute des attentes et des besoins de la population. En ouvrant l’entreprise aux problématiques qui dépassent le périmètre et la temporalité habituelle de ses actions, l’entreprise anticipe mieux les évolutions, est plus réactive, plus innovante. Les démarches sociétales de l’entreprise peuvent aussi dynamiser l’image de l’employeur, en procurant aux salariés un cadre de travail en accord avec leurs valeurs morales et citoyennes, mais également en développant chez eux la fierté d’appartenance à l’entreprise. Le développement des compétences est par ailleurs un facteur clé d’action pour l’entreprise. Quand par exemple la Méditerranéenne de Nettoyage, PME française, met en place des formations pour lutter contre l’illettrisme au sein de son personnel, c’est à la fois l’efficacité de ses collaborateurs qui s’en trouve décuplée, mais aussi leur insertion sociale qui s’améliore.
Nouer des partenariats multiples
Comment les entreprises peuvent-elles ouvrir de nouvelles voies de collaboration avec les autres acteurs de la Cité ? L’entreprise n’est pas toujours légitime et performante pour entamer, seule, des démarches sociétales. Des associations, des ONG, des institutions travaillent activement sur ces questions et l’entreprise ne peut que bénéficier de leur expertise.
IMS-Entreprendre pour la Cité
Créée et présidée par Claude Bébéar, qui dès 1986 affirmait qu’un environnement sain était plus favorable au développement de l’entreprise, l’IMS accompagne près de 200 entreprises dans leurs démarches sociétales. Mécénat de solidarité, diversité, insertion des jeunes de banlieues ou encore accès des produits et services aux populations pauvres… L’IMS oeuvre pour amener les sphères associatives et économiques à mieux travailler ensemble, afin de favoriser équité et cohésion sociale.
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www.imsentreprendre.com
Dans le champ de l’insertion professionnelle par exemple, Generali a mis en place un réseau de parrains pour favoriser son intégration sur son nouveau territoire d’implantation, Saint-Denis. L’entreprise a choisi comme partenaire une association locale qui prend en charge le pilotage de ces actions, Proxité. Les plus de 50 jeunes, identifiés par l’association, sont ainsi reçus régulièrement à déjeuner par leurs parrains dans l’entreprise pour les aider à rédiger leur CV, leur donner des conseils pour leurs entretiens, leur ouvrir un réseau… Le projet sort donc renforcé de ce partenariat, construit sur des valeurs et une volonté communes d’agir en faveur de la cohésion sociale. Si les initiatives favorisant le lien social portent de meilleurs fruits lorsque entreprise et société s’allient, les bénéfices engendrés sont beaucoup plus importants dans le cadre de programmes qui permettent de conjuguer les forces de frappe de plusieurs entreprises. Tout récemment a, par exemple, été mis en place un projet visant à faire découvrir le monde professionnel à des jeunes issus de quartiers difficiles. 120 collégiens ont ainsi commencé, depuis novembre dernier, à monter leur propre projet de téléphone portable, aidés par cinq entreprises réunies autour de cette initiative : Dassault Systèmes, DLA Piper, IBM, Nokia et SFR. Chaque entreprise leur permet par conséquent de comprendre une étape du cycle de conception d’un produit, pour, à plus long terme, mieux connaître de possibles futurs métiers. L’engagement sociétal exige donc une intégration des problématiques sociétales, au coeur même de la stratégie de l’entreprise, via une approche partenariale avec les autres acteurs de la Cité. Dès lors, réduire l’écart entre besoins sociaux et intérêts économiques représente un levier majeur dans la construction de ce nouvel équilibre, qui aidera tant l’entreprise à reconquérir ou consolider sa légitimité que la Société à renforcer son lien social.