L’équipe du Forum Social : Témoignages

Dossier : L'équipe du Forum socialMagazine N°643 Mars 2009

L’École de Paris, un cercle d’échanges et de réflexions

L’École de Paris, un cercle d’échanges et de réflexions

L’École de Paris du mana­ge­ment n’est pas une école tra­di­tion­nelle : c’est un cercle d’échanges et de réflexions créé en 1993 par Michel Ber­ry, avec le sou­tien de l’X, de l’École des mines de Paris et d’entreprises réunies dans un comi­té de par­rai­nage pré­si­dé par Ber­trand Col­lomb. Elle invite des cher­cheurs ou des pra­ti­ciens à pré­sen­ter des idées nou­velles ou à témoi­gner d’expériences riches d’enseignement. Après un expo­sé d’environ une heure, ils dia­loguent avec un audi­toire, com­pre­nant des per­sonnes d’origines variées mais fami­lières de la vie des orga­ni­sa­tions publiques, pri­vées ou asso­cia­tives. Il s’instaure ain­si un débat carac­té­ri­sé à la fois par la rigueur et la liber­té de pen­sée. Un compte ren­du est ensuite rédi­gé avec grand soin.

Un site Web bilingue

Ces textes sont dif­fu­sés par Le Jour­nal de l’É­cole de Paris (bimes­triel), une publi­ca­tion annuelle Les Annales de l’É­cole de Paris (500 pages) et un site Web fran­çais-anglais très visi­té. Ayant orga­ni­sé près de 800 séances sur des sujets très divers, l’É­cole de Paris est aujourd’­hui consi­dé­rée comme une ins­ti­tu­tion unique par la qua­li­té et l’o­ri­gi­na­li­té de sa pro­duc­tion orale et écrite. Des séances de l’É­cole de Paris, notam­ment de son sémi­naire « Vies col­lec­tives », ont régu­liè­re­ment four­ni la matière à des articles du forum social.

www.ecole.org
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Emmaüs ou l’insurrection de la bonté

C’était en 1949 : l’Abbé Pierre (qui est mort en jan­vier 2007) fonde à Neuilly-Plai­sance la pre­mière com­mu­nau­té des « Chif­fon­niers d’Emmaüs ». En 1954, au milieu du ter­rible hiver de cette année-là, il lance un appel à l’aide et « l’insurrection de la bon­té ». Depuis cette ini­tia­tive, les Chif­fon­niers d’Emmaüs sont deve­nus un vaste mou­ve­ment aux mul­tiples facettes.
À ce jour, le mou­ve­ment Emmaüs, pilo­té par Emmaüs-France, et affi­lié à Emmaüs-Inter­na­tio­nal (qui regroupe quelque 350 asso­cia­tions dans le monde), est une galaxie aux nom­breux soleils regrou­pés en trois branches : la branche Action sociale (la Fon­da­tion Abbé Pierre, les HLM Emmaüs, les centres d’hébergement Emmaüs); la branche Éco­no­mie sociale et inser­tion (Les comi­tés d’amis, le Relais pour l’insertion, etc.) ; et enfin, la branche Com­mu­nau­tés (dont 115 com­mu­nau­tés en France sur le modèle de celle de Neuilly-Plaisance).

Servir d’abord le plus souffrant

Les prin­cipes fon­da­teurs des ori­gines font encore l’originalité et la force du mou­ve­ment : ser­vir d’abord le plus souf­frant en lui don­nant la pos­si­bi­li­té de pas­ser d’un sta­tut d’exclu à un sta­tut de « com­pa­gnon » esti­mable et estimé.
Ain­si, par exemple, les com­mu­nau­tés comptent quelque 3 000 com­pa­gnons, accueillis sans dis­tinc­tion de quoi que ce soit, qui y vivent et y qui tra­vaillent cha­cun selon ses capa­ci­tés (col­lecte, répa­ra­tion et vente). Ces com­mu­nau­tés sont aus­si des lieux d’entraide vers d’autres « plus souffrants ».
Parole de com­pa­gnon : L’arrivée dans une com­mu­nau­té per­met de poser son sac en toute sécu­ri­té. On est accueilli non par réfé­rence à un pas­sé. La pre­mière parole est : « Je te fais confiance. » Alors, toi, l’ex-chômeur, l’ex-licencié, l’ex-exclu, tu réap­prends à être à l’heure, à redé­cou­vrir tes capa­ci­tés per­son­nelles et tu com­mences à te sen­tir utile.
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ATD Quart Monde face à toute détresse

Le Père Joseph

ATD a été créé par le Père Joseph Wre­sins­ki en 1957. L’hiver avait fait appa­raître qu’en rai­son du manque de loge­ments de nom­breuses familles vivaient dans le froid et l’humidité. L’opinion a pris conscience de l’existence de ces familles sou­vent nom­breuses, logées dans des cités d’urgence construites à la fin de la Deuxième Guerre mon­diale. Le Père Joseph a rejoint la cité de Noi­sy-le-Grand, où 262 familles vivaient dans des « igloos » posés à même le sol, avec des toi­tures en tôles ondulées.

Confron­té à ces condi­tions qu’il avait connues dans son enfance, le Père Joseph a posé le prin­cipe que « jamais ces familles ne sor­ti­raient de la misère aus­si long­temps qu’elles ne seraient pas accueillies dans leur ensemble, en tant que peuple, là où débat­taient les autres hommes ». Après avoir créé un jar­din d’enfants, une biblio­thèque, un ate­lier pour les jeunes et les adultes, il a ouvert un débat avec les femmes du camp, auquel sont venus par­ti­ci­per des volon­taires, dont cer­tains se disaient déci­dés à s’engager sur le long terme. Il en est résul­té la créa­tion en 1957 de l’association ATD – Aide à toute détresse – dont le pre­mier pré­sident fut notre cama­rade André Étesse (39).

Le refus de la misère

Le Père Joseph a créé un ins­ti­tut de recherche pour com­prendre la misère et la pau­vre­té et pour étu­dier son éradication.

Nom­mé membre du Conseil éco­no­mique et social, il a pré­sen­té en 1987 un rap­port « Grande Pau­vre­té et Pré­ca­ri­té éco­no­mique et sociale », où il sou­ligne la néces­si­té d’associer les plus pauvres à la défi­ni­tion des mesures qui les concernent.

La même année, l’Assemblée géné­rale de l’ONU a ins­ti­tué le 17 octobre « Jour­née mon­diale du refus de la misère » et une phrase a été gra­vée sur le par­vis du Tro­ca­dé­ro : « Là où des hommes sont condam­nés à vivre dans la misère, les droits de l’Homme sont vio­lés. S’unir pour les faire res­pec­ter est un devoir sacré. »

Cette phrase a été reprise par l’Assemblée géné­rale de l’ONU et ins­crite dans la pierre par 33 pays dans les cinq continents.

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