LES 100 MOTS DE LA CRISE FINANCIÈRE
128 pages sans un graphique, sans une formule mathématique, sans un tableau de chiffres, sans note en bas de page (ou presque on en a vu trois) pour décrire la finance, la crise financière dans ses aspects boursiers, monétaires, bancaires, ainsi que les caractéristiques des titres financiers impliqués. Le défi est difficile. Et brillamment relevé par B. Jacquillat et V. Levy-Garboua. Ce Que sais-je ? n’est pas uniquement réservé aux débutants. On peut parier que très peu de lecteurs n’apprendraient rien à sa lecture.
Une lecture non linéaire est possible, de manière classique via un index en fin d’ouvrage, mais également en suivant les renvois en cours de texte qui dirigent vers d’autres mots. Il est ainsi immédiat d’obtenir une définition des termes apparus dans la presse à l’occasion de la crise financière récente : monolines, conduits, ABS, CDO, covenants, Credit Default Swap par exemple.
Le Que sais-je ? comporte 100 entrées mais le vocabulaire financier utilisé et défini dans l’ouvrage est beaucoup plus riche. Une entrée propose et définit souvent plusieurs mots. Ainsi l’entrée Subprimes introduit et explique très clairement notamment les NINJA, Jumbo, Prime, Alt‑A, le ratio loan to value, les formules de rémunération dites two-twenty eight et three-twenty seven ou la reset period.
Ce Que sais-je ? est mieux qu’un lexique car le rangement des entrées n’est pas alphabétique mais structuré en neuf thèmes principaux : Les acteurs de la crise ; Banques et marchés ; La crise du subprime ; Le crédit : innovation et risque ; Liquidité ; Valorisation et capital ; Le cycle financier ; Les remèdes ; Et l’avenir ?
Le rôle des banques et des institutions financières apparaît directement dans le deuxième volet (Banques et marchés : la finance éclatée) mais est nettement présent tout au long de l’ouvrage. Le rôle des États est également discuté (de manière directe via leur endettement, leur rôle quant au façonnage et au contrôle des institutions financières, le positionnement du curseur entre le laisser-faire et les interventions de l’État dans l’économie : cf. too big to fail, Keynes, structure de défaisance). Le rôle des marchés apparaît davantage du côté des solutions.
L’articulation avec les thèmes de la théorie financière (diversification, prime de risque, courbe des taux, efficience informationnelle) et ceux de l’analyse économique (cycles économiques, trappe de liquidité) permet une mise en perspective et un approfondissement sur le risque, les incitations, les comportements (aléa moral), les conflits d’intérêts, l’asymétrie d’information.
Les prérequis à une compréhension complète ne sont pas négligeables. Le lecteur débutant en finance devra probablement également lire Les 100 mots de la finance (de B. Jacquillat) et Les 100 mots des marchés dérivés de D. Lautier et Y. Simon, dans la même collection, pour une maîtrise plus complète.
Le dernier article (n° 100 donc) s’intitule Finance, et plaide pour davantage de finance, pour une démocratie financière et le développement d’infrastructures pour le plus grand nombre dont le microcrédit et l’accession à la propriété. Cet article cite M. Yunus, M. Nowak et H. de Soto ce qui constitue d’excellentes recommandations de lectures.