Les adieux du général de Nomazy à l’École
Extraits.
Armée de l’air et nucléaire
Extraits.
Armée de l’air et nucléaire
“ Si mon séjour à l’X ne s’est pas trop mal passé, c’est en très grande partie grâce à la formation donnée par l’armée de l’air. Merci Richard (N.D.L.R. : le général Richard Wolsztynski, chef d’état-major) pour tout ce que tu fais pour notre armée de l’air (…). Pendant mes années passées au service du nucléaire militaire, j’ai rencontré des hommes et des femmes passionnés par leur métier, dévoués à leur pays, d’une grande rigueur et d’une parfaite honnêteté intellectuelle. Je pense en premier lieu aux cadres de la Direction des applications militaires du CEA. ”
Entreprise et fonction publique
“ La direction de l’École polytechnique donne à la fois accès à la haute fonction publique et à la direction des grandes entreprises. En cela c’est un observatoire exceptionnel. Un observatoire qui m’a permis de constater combien ces deux mondes sont différents : d’un côté j’ai rencontré une administration brillante, policée, cultivée, souvent feutrée, mais aussi une administration qui, parce qu’elle ne tolère pas l’échec, prend son temps (c’est un euphémisme) et refuse le risque. De l’autre côté j’ai côtoyé le monde de l’entreprise. C’est un monde en rapide et perpétuelle évolution.
Comme le disait ici même le président Jean-Louis Beffa à propos des entreprises : “ Hier le gros mangeait le petit, aujourd’hui le rapide mange le lent. ” Ceci explique sans doute la brutalité dont ce monde fait parfois preuve. Mais c’est aussi un monde où le respect des délais, des coûts et des engagements, même oraux, est considéré comme essentiel. Un monde où le pire c’est de ne rien faire, de ne rien tenter. Je ne peux que constater que loin de se rapprocher, ces deux mondes s’éloignent tous les jours un peu plus. Plus positivement je dois dire que ces deux mondes sont également passionnants, et que leurs représentants qui siègent au conseil d’administration de l’École m’ont beaucoup appris.
Je ne peux que les remercier, vous remercier pour la confiance et le soutien que vous m’avez accordés, je dirais même pour les relations franches et souvent chaleureuses que vous m’avez réservées. ”
État, collectivités et partenaires
“Je voudrais remercier les responsables des institutions et organismes locaux et régionaux sans lesquels l’X n’aurait pu se développer : la préfecture de l’Essonne, la sous-préfecture de Palaiseau, le Conseil régional (de plus en plus présent), le Conseil général et en particulier son président, Michel Berson, toujours là quand nous avons su nous présenter unis, la communauté d’agglomération du plateau de Saclay et les maires qui la composent avec une attention particulière pour son président, qui est aussi notre député-maire, François Lamy, pour son courage et son dynamisme ; l’université Paris-Sud avec qui nous avons passé un accord de coopération, HEC, l’IHES, Supélec, l’INSTN, IOTA, et bien sûr les organismes de recherche avec lesquels nous sommes mariés, le CNRS, le CEA, l’INRIA, l’INSERM et l’ONERA, ainsi que ceux avec lesquels nous entamons une coopération intense, Danone, Thales et demain, je l’espère, l’Institut Pasteur. ”
AX et FX
Général Richard Wolsztynski,
chef d’état-major de l’armée de l’air
“ L’eau coule de la montagne vers la mer, amassant beaucoup de choses au passage” : c’est la métaphore que le chef d’état-major de l’armée de l’air a choisie pour décrire le parcours du général de Nomazy, camarade de promotion qu’il est venu saluer en ouverture de la cérémonie de départ du 23 juin.
“ Le métier militaire permet, grâce à la diversité des fonctions exercées, de porter son regard vers d’autres horizons”, a rappelé le général Wolsztynski, en mentionnant le “ métier difficile et exigeant de pilote de combat ” que le général de Nomazy a d’abord exercé sur les bases de Nancy, Reims, Cambrai mais également à l’étranger, au Canada. Indiquant ensuite la “ vocation qui mène vers les fonctions de commandement ”, il a rappelé que le général de Nomazy avait été par la suite adjoint au chef de cabinet du chef d’état-major de l’armée de l’air, commandant de la base aérienne de Dijon, adjoint au chef de la division “ Emploi des forces ” de l’état-major des armées puis chef de la division “ forces nucléaires ” de cet état-major avant de devenir inspecteur des armements nucléaires et aujourd’hui “directeur général de cette superbe École ”.
Rappelant que “ cette polyvalence fait la force de l’armée de l’air car elle permet de répondre aux situations de crises ”, le général Wolsztynski a souligné des atouts autant professionnels qu’humains : “Capable d’affirmer sans jamais faillir des qualités de chef militaire – dévouement, dynamisme, disponibilité, volonté – Gaby est également fidèle en amitié, exigeant envers lui-même et envers les autres ; c’est un décideur pleinement engagé dans l’exercice de ses responsabilités. Toutes ces qualités ont été déterminantes dans une société en constante évolution. ” Et le général Wolsztynski a conclu : “ Gaby, l’armée de l’air te remercie. ”
“Les anciens élèves m’ont non seulement soutenu dans les réformes que nous avons entreprises mais j’ai aussi senti entre eux et moi un réel courant de sympathie. Quant à la Fondation de l’X, c’est un organisme sans lequel l’internationalisation de l’École n’aurait pas été possible et qui de plus nous apporte le soutien des entreprises, ce dont nous avons absolument besoin. Un grand merci donc à Paul Combeau qui anime avec tant de passion et de dévouement la Fondation, ainsi qu’au président Jean- Martin Folz qui malgré ses très lourdes responsabilités trouve toujours le temps de nous écouter, de nous stimuler et de nous soutenir. ”
Les cadres de l’École
“ Leurs qualités intellectuelles et leur sens de l’intérêt général facilitent beaucoup la tâche du directeur général, je ne saurais l’oublier. J’aurais une mention particulière pour les membres du comité exécutif, toujours solidaires et prêts au changement. ”
Les enseignants et les chercheurs
“ Je voudrais remercier les professeurs de l’École avec lesquels j’ai eu des relations vraiment de confiance. Je dois dire mon admiration pour le sérieux avec lequel 99 % d’entre eux voient leur rôle d’enseignant. Qui sait qu’un professeur de l’X, la veille de ses cours, les répète même après trente ans d’enseignement ? Qui croirait que le même professeur a toujours le trac avant d’entrer en amphi pour délivrer son premier cours (dit amphi zéro) à une nouvelle promotion pourtant a priori composée d’élèves attentifs et bien disposés ?
Il est vrai que plus les élèves sont brillants plus ils sont exigeants et le pire c’est qu’ils ont toujours 20 ans ! Merci aussi aux chercheurs, qui sont d’ailleurs souvent des enseignants. J’ai retrouvé à l’X un monde composé d’hommes et de femmes tout aussi passionnés que ceux que j’ai connus au CEA, mais appartenant à une structure peu directive et vraiment très peu contraignante (celle du CNRS), ce qui en contrepartie favorise la créativité… des meilleurs. Mais pourquoi donc en avoir fait des fonctionnaires ? ”
Le personnel
“ J’ai été particulièrement sensible à son état d’esprit, qui se traduit par un vrai dévouement et une grande disponibilité. J’ajouterai une mention toute particulière pour les représentants du personnel : leurs critiques constructives et leurs propositions fondées sur l’équité et l’intérêt général nous ont permis, ensemble, d’importantes avancées sociales. ”
Les cadres militaires
“ Ils ont une position difficile dans une École qui n’est plus militaire tout en l’étant encore. Je crois cependant que cette courte et délicate affectation est et restera pour eux un moment fort dans leur carrière, ne serait-ce que par l’estime que leur porte la très grande majorité des élèves. ”
Les élèves
“ Merci enfin et tout spécialement aux élèves, à “ mes chers élèves ” comme disait le professeur Jean-Louis Basdevant, si attachants, si accrocheurs (fermez la porte, ils rentrent par la fenêtre), si avides de connaissances, si vifs et souvent si généreux de leur temps.
À ceux qui n’ont pas l’occasion de rencontrer quotidiennement des jeunes, je voudrais dire mon étonnement mêlé d’admiration devant cette génération. En arrivant ici, j’ai découvert des jeunes ouverts, francs et pragmatiques, des jeunes bien dans leurs baskets, mais aussi des jeunes inquiets de la santé écologique de notre planète, des jeunes préoccupés par le chômage et soucieux, une fois dans le monde du travail, de se garder du temps pour leur vie extra-professionnelle.
Globalement, je garderai avant tout le souvenir d’une génération en qui nous pouvons avoir confiance, une génération qui, malgré la morosité ambiante, désire s’impliquer dans le devenir de notre monde. ”
L’avenir
“ Je souhaite simplement à mon successeur, le général Xavier Michel, qu’il puisse se plaire ici autant que moi. Quant à moi, je voudrais dire un mot de mon futur emploi. J’ai finalement choisi de garder un rôle au sein de ParisTech, plus précisément d’en devenir le “ vice-président exécutif ”. ParisTech est un superbe projet qui aboutira car c’est une initiative qui vient du terrain (en l’occurrence des directeurs des écoles) mais aussi car c’est un regroupement d’écoles semblables dans le fonctionnement et dans l’esprit, donc un regroupement qui a vraiment du sens. Je dois également dire que le fort esprit de camaraderie qui nous unit, nous les onze directeurs d’écoles, a beaucoup compté dans mon choix. ”
Généraux et présidents
Le général de Nomazy a remercié Yannick d’Escatha :
“ Je ne peux que te dire, Yannick, combien j’ai été sensible à la confiance et à l’amitié que tu m’as accordées et combien ton soutien indéfectible m’a été utile. ”
Il a aussi salué les trois personnes qui ont pesé dans sa venue à l’X :
“Tout d’abord le général Marescaux, qui m’a fait connaître et aimer l’X. Ensuite le général Thorette qui, alors qu’il était chef du cabinet militaire du ministre de la Défense, a joué un rôle déterminant en faveur de ma nomination à l’École polytechnique.
Enfin, Pierre Faurre qui a eu un rôle décisif pour mon affectation à l’X et pour lequel je ne peux ici que redire toute l’estime, l’admiration et l’amitié que je lui portais.
Vous comprenez ainsi pourquoi j’ai demandé que le plus grand des sept amphis actuellement en construction porte demain son nom. ”
Yannick d’Escatha,
président du Centre national d’études spatiales (CNES),
président du Conseil d’administration de l’École polytechnique
“ Un “ Adieu aux Armes ” qui n’est pas si “ Adieu ” que ça ” : c’est ainsi que le président d’Escatha a qualifié la cérémonie du 23 juin en se réjouissant de retrouver bientôt au sein de ParisTech le général de Nomazy qui quitte cet été ses fonctions de directeur général de l’X pour devenir vice-président exécutif du réseau de grandes écoles d’ingénieurs. Le président d’Escatha a rappelé que la trajectoire du Général avait souvent croisé la sienne avant l’X, l’un et l’autre ayant consacré une partie de leur carrière au nucléaire. Puis en 2001, Yannick d’Escatha a succédé à Pierre Faurre à la présidence du Conseil d’administration de l’X : “ J’en profite pour rendre hommage à Pierre Faurre et rappeler l’action déterminante qu’il a eue dans ce qui est fait à l’École encore aujourd’hui. ” Yannick d’Escatha a ensuite indiqué qu’il avait découvert en Gabriel de Nomazy à l’X “un manager de talent, occupé à se battre sur tous les fronts ”. Yannick d’Escatha a alors énuméré les principaux chantiers dans lesquels le Général s’est investi.
Le contrat pluriannuel
“ Le contrat pluriannuel signé avec l’État fin 2001 constitue notre feuille de route pour les années 2002–2006. Il est d’ailleurs essentiel à présent de signer le suivant. J’en profite pour remercier le ministère de la Défense pour le soutien qu’il nous apporte tous les jours. ”
La réforme X2000
“ Elle fait partie du contrat pluriannuel. C’est une réussite. Les premières promotions issues de cette réforme sortent en ce moment de l’École. Conformément au modèle LM- D, des masters se mettent en place et sont appelés à jouer un rôle déterminant. ”
Le développement du campus
“ Les contacts pris avec Thales depuis l’été 2001 ont été féconds. Je remercie le président Denis Ranque à cette occasion. Le laboratoire est là. Il vient d’ouvrir. Mais le développement du campus, c’est aussi IOTA et Sup Optique, l’ONERA, l’ENSTA, des liens renforcés avec Paris-XI ainsi que le Pôle commun de recherche en informatique (PCRI) qui rassemble l’X, Paris-XI, l’INRIA et le CNRS. Et déjà, Digiteo Labs associe aux acteurs du PCRI le CEA et Supélec. Merci aux élus et aux collectivités qui ont permis de rendre ces projets possibles. Le campus d’aujourd’hui prouve aussi que Gabriel est un grand bâtisseur : nouveaux logements, bientôt de nouveaux amphis. Je remercie le Conseil d’administration de nous avoir soutenus sur ces projets. ”
L’internationalisation
“Gabriel est aussi un grand voyageur. Je tiens à saluer le travail accompli pour le recrutement des élèves étrangers (ceux de la “ voie 2”) et pour leur intégration. Des partenariats ont été signés avec les meilleures universités du monde, avec le soutien de partenaires industriels. ”
ParisTech
“ L’École est entrée dans le réseau en 2001. Gabriel en a été élu président trois ans plus tard. Il y a été si apprécié que ParisTech lui a demandé de rester, au poste “ d’Executive vice-president ”. Je m’en réjouis et je le félicite. ”
La gestion
“Le fonctionnement de l’École a été modernisé. L’X s’est dotée d’un tableau de bord et d’objectifs qui permettent de rendre compte à notre tutelle de notre situation. Nous aurons atteint au moins 100 % de ce qui a été fixé dans le contrat pluriannuel d’ici la fin de l’année prochaine, et cela grâce à l’ensemble des forces vives de l’École unies derrière le projet. L’animation du dialogue social à l’École a permis notamment la réforme du statut des personnels. Gestionnaire, économe de l’argent du contribuable, Gabriel a su faire les bons investissements : le dernier Conseil d’administration, avec des engagements pris sur le réseau haut débit, sur Digiteo Labs et sur le département d’économie le prouve encore. ”
Yannick d’Escatha a d’ores et déjà souhaité la bienvenue au futur directeur général, le général Xavier Michel, “ polytechnicien de la promo 72, qui connaît l’X comme sa poche, qui aime cette École, d’autant plus que l’un de ses fils vient d’en sortir ”. Ensuite, la Kès a remis symboliquement au Général un bicorne et une épée et la Khomiss, avec humour, s’est empressée de le nommer “ missaire d’honneur ”.