Les Annales de l’École de Paris
Un ami déplorait récemment devant moi que tout ce qui s’écrit sur le management soit d’origine américaine. Dans le cinéma, la littérature, la musique, etc., l’Europe tient toute sa place. Mais, dans la recherche et l’innovation en management, en marketing…, la domination américaine semble sans limites.
Et pourtant, quelques villages gaulois résistent toujours. L’École de Paris1 est de ceux-là. C’est une école sans professeur ni élève : en fait, un forum de discussion de haut niveau où se retrouvent les praticiens de diverses origines et des chercheurs. Je la suis fidèlement depuis une dizaine d’années, sans me lasser tant sont variés les sujets abordés, excellents les hommes qui débattent et toujours bien trouvés les titres des rubriques.
Ceux qui se procureront ce volume VIII consacré à l’année 2001 ne seront pas déçus. Tous les sujets sont traités de façon concrète et par de vrais praticiens de haut n i v e a u : c’est Henri Lagarde lui-même qui narre l’aventure de Royal Canin, “ le L’Oréal des animaux”, c’est Driss Alaoui Mdaghri, ancien ministre marocain, qui parle de management et religion, c’est Thierry Sortais qui expose la révolution Michelin : le “Pax system” qui remplace le pneu traditionnel.
Je ne peux citer tout le monde. Ce simple échantillon montre à quel point les sujets sont variés. J’ai eu plaisir à voir la place qu’y tenait l’informatique : un sujet est même intitulé “Comment gagner de l’argent avec des logiciels gratuits ? ” J’ai aimé aussi les présentations relatives au consulting, y compris celles d’un “ acheteur de conseil ” , qui avoue sa perplexité face aux diverses offres.
Pour rebondir sur mon introduction, comment caractériser cette École de Paris par rapport aux études traditionnelles des business schools?
La première caractéristique saute aux yeux : presque tous les exemples sont français ou européens, tirés de la vie d’aujourd’hui. Pour moi, je l’avoue, ils sont bien plus faciles à comprendre et à méditer qu’un exemple tiré de la vie des banlieues américaines.
La deuxième caractéristique est également précieuse : il s’agit de fait brut, d’exemple réel, pas nécessairement en phase avec les grandes théories du moment. C’est donc une source d’information indépendante, alors que bien souvent les experts se répètent les uns les autres.
La troisième caractéristique est que ces colloques sont off record, pas de journalistes ni de médias à l’affût d’une petite phrase. Le conférencier se sent libre de livrer le fond de sa pensée. Lisez l’article sur “ Renault Vilvoorde” , vous serez surpris.
Pas d’endoctrinement, des faits d’aujourd’hui présentés dans leur diversité, sans fard, pour permettre aux responsables de nourrir leurs réflexions personnelles.
N’est-ce pas ce que souhaitent secrètement tous les présidents de société ?
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1. École de Paris du management, 94, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris.