Les cinq concertos pour piano
Le pianiste François-René Duchâble ne se produit plus en concert. Cet ensemble de DVD où on le voit interpréter les Cinq concertos pour piano de Beethoven est largement de nature à nous le faire regretter.
Le pianiste François-René Duchâble ne se produit plus en concert. Cet ensemble de DVD où on le voit interpréter les Cinq concertos pour piano de Beethoven est largement de nature à nous le faire regretter.
En effet cette production est parfaitement emblématique des possibilités offertes par ce nouveau médium de diffusion de la musique classique qu’est le DVD musical. On a rarement vu une parution discographique autant réfléchie et construite, avec un tel impact et un tel niveau de réussite.
Des œuvres elles-mêmes, on parlera peu ici. Les Cinq concertos de Beethoven sont le pont entre les chefs‑d’œuvre de Mozart et les grandes pièces du répertoire romantique, la transition entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Le quatrième et le cinquième, le célèbre Concerto de l’Empereur, symbolisent tout ce que Beethoven a pu apporter comme rupture et nouveautés au style classique, pour amener la musique à un niveau d’expression inouï jusque-là. Après cela, les transitions vers Berlioz, Brahms et même Wagner ne seront qu’évolutions en douceur.
L’interprétation mérite tous les éloges, qu’elles ont d’ailleurs reçus lors de leur parution en disque en 2003. John Nelson dirige sans baguette un Ensemble Orchestral de Paris, dynamique, précis, léger et efficace. François-René Duchâble, l’initiateur de cette parution, livre une interprétation pianistique parfaite, toujours lisible et claire. Les atmosphères distinctes de ces concertos sont parfaitement rendues.
Mais comme nous le disions en introduction, c’est l’ensemble qui fait le prix de cette production : les œuvres, l’interprétation, mais aussi la réalisation. Et sur ce dernier point, ce que l’on voit est exceptionnel.
En effet, ces enregistrements ont été pensés et réalisés spécialement pour le DVD. Tout est fait pour permettre une parfaite « compréhension » de ce que l’on voit et entend : les prises de vue, les décors, les commentaires (facultatifs naturellement), la prise de son, la qualité des images et les compléments de programme.
La réalisation vidéo est remarquable, mettant l’accent chaque fois sur ce que l’on aurait souhaité regarder durant le concert. La part belle est faite au pianiste, mais l’on voit parfaitement le chef, les solistes et les groupes instrumentaux lorsque c’est pertinent. De plus, tout ceci est filmé dans le magnifique et extrêmement télégénique site de l’opéra royal du Château de Versailles. Cela donne, également grâce aux tenues sobres et adaptées des instrumentistes, des images d’une très grande beauté, avec une superbe définition, même sur un très grand écran.
La qualité du son est elle aussi à mentionner. En particulier, le son multicanal en codage DTS est d’une remarquable finesse pour un DVD de musique classique.
Tous ces éléments font que, sur un écran suffisamment large, on a rarement été aussi près chez soi de l’impression et de la sensation d’un concert réel, à une très bonne place. Bien entendu, c’est le plus beau compliment que l’on pouvait faire à ces disques.
Mais, au-delà du réel plaisir du concert que procurent ces DVD, F.-R. Duchâble nous offre un grand moment de pédagogie. Pendant les concertos, le spectateur peut lire en sous-titre l’architecture du mouvement qu’il regarde, ou bien écouter en superposition les commentaires de Duchâble lui-même sur les passages en question. De plus, les suppléments de programme offrent des entretiens passionnants avec le chef et le pianiste, concernant les œuvres, leur interprétation et la production.
Vous l’avez compris, ces DVD sont une étape indispensable pour pénétrer l’univers des concertos de Beethoven et celui de la musique filmée.