« Les clés de la prospérité sont le capital humain et l’ouverture au monde »
Créé il y a quinze ans sous le nom de « Groupe X‑Démographie-Économie-Populations » et s’intéressant surtout aux problèmes de géopolitique, le groupe s’oriente aujourd’hui vers les sujets économiques et démographiques d’actualité. Son nouveau responsable, Jean-Claude Prager (64), explique ici cette évolution.
« Notre groupe n’est pas un groupe professionnel, rappelle d’emblée Jean-Claude Prager, mais un groupe de camarades, aux préoccupations communes, intéressés à discuter de sujets d’économie et de société, en faisant appel à des conférenciers de toutes origines, dès lors qu’ils ont une compétence reconnue dans leur domaine.
La mort de la mort ?
Organisée en liaison avec le groupe « X‑Biotech », une très belle conférence a été prononcée l’an dernier par Laurent Alexandre, médecin, énarque, créateur du site Doctissimo et d’une société de séquençage génétique. Il a insisté sur le fait que la lutte contre le vieillissement de l’homme basée sur le séquençage, en s’appuyant sur la lecture du code génétique, demande une compréhension systématique de la régulation biologique et requiert une capacité de traitement informatique qui pourrait être franchie avant 2020.
« Je n’ai pas changé la méthode, fondée sur l’accueil d’un conférencier tous les mois, mais je souhaite orienter le groupe, centré jusqu’à maintenant sur la dimension géopolitique de la démographie, vers une plus grande diversification des sujets, en s’intéressant aux clés de la prospérité économique et de la compétitivité de notre pays, qui sont principalement son capital humain et son ouverture au monde.
« Il s’agit d’élargir un cercle d’amis animés d’une même vision géopolitique des fondamentaux de la société européenne, et de nous poser un large ensemble de questions très ouvertes sur les principaux sujets économiques et démographiques d’actualité, en profitant souvent de la parution d’ouvrages écrits par nos camarades, car la communauté polytechnicienne est riche de nombreuses compétences de niveau mondial dans ces domaines. »
Économiste et démographe
Ce goût pour les débats sur l’économie, Jean-Claude Prager l’a manifesté dès son passage à l’École. « Comme co-respon conférences, j’avais à contribuer à l’organisation chaque mois de l’accueil d’une personnalité, rappelons-nous, dans un contexte où nos promotions étaient confinées le lundi dans l’enceinte de la rue Descartes. C’était une situation privilégiée car notre public était captif, sauf ceux qui faisaient le mur.
« J’ai enseigné très tôt l’économie, et cela a toujours été ma passion. C’est elle qui a motivé mon intérêt pour la présidence du groupe au départ de Christian Marchal (58).
« Ma carrière s’est déroulée autant dans des responsabilités très opérationnelles que comme économiste, et j’ai eu l’occasion de rédiger quelques ouvrages et rapports, centrés sur la politique économique et le rôle des territoires dans le développement économique. »
Ouvert à tous
« Le groupe X‑Économie-Démographie compte aujourd’hui une soixantaine de camarades, beaucoup de jeunes, et nos conférences sont ouvertes à tous. Il n’est pas rare qu’elles réunissent jusqu’à cent participants, même plus, à la Maison des Polytechniciens.
« L’accès est gratuit. Ceux qui souhaitent prolonger le débat avec le conférencier peuvent le faire en petit comité autour d’un dîner en réglant individuellement leur participation. « Nos sujets rejoignent parfois les préoccupations d’autres groupes professionnels spécialisés ; il nous arrive aussi d’organiser des conférences en collaboration, ce qui élargit l’audience et permet de tirer le meilleur bénéfice collectif du temps que les personnalités veulent bien accorder à notre communauté.
« Enfin, nous avons pu supprimer la cotisation, d’ailleurs modeste, nécessaire pour couvrir les frais d’envoi par le courrier classique, grâce à l’excellent site polytechnique.org qui nous permet de diffuser nos programmes par infolettres numériques. »
Une conférence par mois
« L’âge moyen actuel de nos adhérents se situe en dessous de quarante ans, alors que le groupe initial était plutôt constitué de retraités.
Pour l’instant, précise Jean- Claude Prager, je garde la formule d’une conférence par mois, en attendant de mieux appréhender les attentes de nos nouveaux adhérents, et on peut envisager différentes formules, des dîners, petits-déjeuners, en recevant une personnalité, ou même des contributions collectives.
« Je souhaiterais aussi intéresser nos plus jeunes camarades, pourquoi pas ceux qui sont encore à l’École, mais ce n’est pas très facile, pour des raisons à la fois d’horaire et de lieu, et également parce qu’ils sont déjà très sollicités. »
De l’éthique à la réforme de l’entreprise
La conférence de rentrée
La conférence de rentrée d’octobre prochain sera animée par Hervé Le Bras (63), démographe et historien, auteur de Le Mystère français, un des grands livres de l’année, sur le thème Tradition et modernité dans la société française. Elle se tiendra le 1er octobre 2013, à la Maison des X, à 19 heures.
Quels sont les principaux sujets abordés aujourd’hui ?
« Au début de l’année 2013, nous avons fait intervenir Roger Godino (51), créateur de l’INSEAD et de la station des Arcs, sur le thème de La réforme de l’entreprise.
« Ensuite, Grégoire Postel-Vinay est venu nous parler de La politique industrielle de la France après la publication du rapport Gallois. Pierre Veltz (64) a présenté les problèmes de Développement de la métropole de Paris, devant une assistance très fournie.
Plus récemment, battant les records d’assistance, le thème Éthique et finances a été illustré par François Villeroy de Galhau (78) et Dominique Peccoud, jésuite, ancien haut fonctionnaire international. »
Au service de la communauté
« Tous ces débats méritent évidemment d’être portés à la connaissance de la communauté polytechnicienne, bien au-delà de notre petit cercle d’adhérents.
Mon prédécesseur a réalisé pour notre revue plusieurs dossiers et nous lui savons tous gré du travail considérable que cela a représenté. Certains articles récents ont pu soulever des réactions en raison d’options marquées sur des questions brûlantes et du style un peu carré qui lui est cher.
Je crois que c’est la rançon de la nécessaire liberté d’expression, essentielle à notre communauté et à notre revue. Je réfléchis dès à présent au prochain dossier, dont la responsabilité m’incombera entièrement, et qui sera plus orienté vers l’économie. »
Propos recueillis par Jean-Marc Chabanas (58)