LES CROIX DE CHEMIN ET DE VILLAGE DU CANTON DE BLIGNY-SUR-OUCHE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°642 Février 2009Par : Jean Salat (54)Rédacteur : Jean-Daniel Le Franc (53)Editeur : Centre beaunois d’études historiques CBEH, 1, rue du Tribunal, 21200 Beaune. Tél. : 03.80.22.47.68.

Couverture du livre du Centre Beaunois d'étudesJean Salat est un membre actif du Centre beau­nois d’études his­to­riques (CBEH). C’est dans ce cadre qu’il vient de publier cet ouvrage qui lui a valu le prix Lucien Per­riaux décer­né chaque année à des tra­vaux de recherche his­to­rique dans le pays beaunois.

Sur le ter­ri­toire d’un can­ton bour­gui­gnon cou­vrant près de 23000 hec­tares, au nord-ouest de Beaune, l’auteur a d’abord repé­ré sur les docu­ments et les cartes dis­po­nibles les croix de plein air éri­gées dans les vil­lages, le long des che­mins ou à leurs carrefours.

Puis, pen­dant deux ans et demi, il a fouillé les archives dépar­te­men­tales et dio­cé­saines et visi­té les 23 com­munes de ce can­ton, recher­chant sur le ter­rain les croix héri­tées du pas­sé. La plus ancienne remon­te­rait à l’année 1536, la plus récente à la fin du siècle der­nier. L’auteur en a réper­to­rié 140, soit plus de cinq pour cent habi­tants. Cha­cune fait l’objet d’une fiche détaillée qui la décrit minu­tieu­se­ment, illus­trée par une ou plu­sieurs pho­to­gra­phies prises par l’auteur.

Dans la syn­thèse qui pré­cède ce cata­logue, Jean Salat nous apporte des pré­ci­sions inté­res­santes. Certes, ces croix témoignent d’une pié­té popu­laire, d’ailleurs variable au cours des temps. Plus des deux tiers des croix qui portent des dates remontent au XIXe siècle. Après la loi de sépa­ra­tion de l’Église et de l’État, il est deve­nu impos­sible d’élever une croix, sym­bole reli­gieux, dans un lieu public. Mais, nous appre­nons qu’à côté de leur sens spi­ri­tuel leurs fonc­tions pou­vaient être mul­tiples. L’auteur dis­tingue ain­si les croix qui balisent des che­mins, celles qui, aux car­re­fours, orientent les voya­geurs, celles qui marquent des limites : limites entre deux com­munes, entre deux ter­ri­toires de jus­tice… Cer­taines de ces croix indiquent les sources, c’està- dire la vie, ou coiffent les som­mets à par­tir des­quels le pano­ra­ma invite à la pause, à la médi­ta­tion. D’autres rap­pellent aux vivants le sou­ve­nir d’événements indi­vi­duels (les morts) ou col­lec­tifs (les mis­sions paroissiales).

Lors de ses rele­vés, l’auteur a été frap­pé par l’attachement des popu­la­tions à ces sym­boles dont la proxi­mi­té quo­ti­dienne n’avait pas émous­sé la pré­sence qu’elle soit com­mé­mo­ra­tive ou tutélaire.
Ain­si la lec­ture de cet ouvrage fait-elle revivre, au sein de ce ter­roir bour­gui­gnon qu’une auto­route tra­verse sans s’y arrê­ter, non seule­ment d’antiques croyances mais aus­si des noms et des images gra­vés, tou­jours visibles sur les pierres. Ce sont là quelques-unes de nos racines. Par­mi d’autres, elles sou­tiennent notre culture.

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