Les détectives privés de l’IT
Rencontre avec Anis Zouaoui, Président Directeur général d’Adservio, qui nous en dit plus sur les applications performantes et les principaux besoins et problématiques auxquels les entreprises sont confrontées en matière de performance.
Les applications performantes sont au coeur de de votre métier. Comment cela se traduit-il concrètement ?
Aujourd’hui, la performance des applications est un élément primordial qui impacte fortement la compétitivité des entreprises. Toutefois, il est nécessaire de préciser que cette performance, se traduit par :
- La productivité ;
- L’image de l’entreprise : une application, système information ou un site web public accessible même en interne, image, expérience salariés, expérience utilisateurs… ;
- Le plan économique : le coeur de métier et les préoccupations des entreprises.
Initialement, l’informatique avait pour mission d’amener de l’automatisation, de la productivité et accélérer les lignes métiers. Cela étant, la moindre indisponibilité ou ralentissement influe directement sur cette promesse et touche à la confiance des utilisateurs et des équipes métiers.
Concrètement, quels sont les principaux besoins et problématiques des entreprises qui se tournent vers vous ?
Avec la complexité des architectures, la démultiplication des couches (SOA, Microservices, Cloud, etc.), il est de plus en plus difficile d’identifier les causes d’origine des problèmes de performance. L’approche classique consistait à valider la performance des solutions avant les mises en production, parfois, il incombe au rôle des meilleurs développeurs de gérer l’aspect performance.
Généralement, cela génère un problème de performance à des stades avancés du cycle de vie, où le problème peut être conceptuel et très couteux à résoudre. C’est en effet pour cette raison qu’aujourd’hui, les entreprises ont besoin d’un point de vue proactif mais également réactif en matière de performance :
- L’aspect proactif : Il s’agit de la manière de quantifier et d’identifier la performance pour contractualiser les niveaux de services et la mesurer tout au long du cycle de développement. C’est en effet bien plus qu’une simple question de temps de réponse ou de traitement, il s’agit également de savoir comment utiliser les déficiences et les ressources qui sont à disposition. Par ailleurs, aujourd’hui avec l’arrivée des méthodologies agiles et des livraisons régulières, il est impératif d’intégrer cette composante de la performance dans le code, la configuration et l’architecture (built-in) ;
- L’aspect réactif : Les applications vivent, les données se démultiplient et les dettes techniques augmentent en production, là où surviennent la plupart des problèmes de performance. Nous devons être réactifs pour identifier les causes d’origines et analyser la performance de bout en bout. Dans ce cadre, nos experts interviennent directement pour proposer les solutions adéquates en cas de problème de performance, à travers des processus éprouvés et des produits rodés.
Bien évidemment, il existe d’autres problématiques liées à des sujets plus vastes, notamment l’aspect futur ou encore les capacités planning que nous sommes en mesure de résoudre, voire de prédire.
Aujourd’hui, la performance est un axe stratégique pour les entreprises. Au niveau applicatif, qu’est-ce que cela implique ? Comment les accompagnez-vous à ce niveau ?
Parfois, on croit à tort que la performance est une question de ressources. Il est vrai que la performance est étroitement liée aux ressources telles que la cpu, la mémoire, la redondance des serveurs, ou encore le réseau. Cependant, nous avons tendance à croire qu’en augmentant la capacité des SI par rapport à ces ressources, nous allons résoudre toutes les problématiques en matière de performance, ce qui n’est pas forcément le cas.
Aujourd’hui, l’aspect applicatif a différents niveaux d’abstraction. En effet, il y a une séparation entre l’applicatif, l’infrastructure et l’usage. Avec l’émergence du « DevOps », cette nouvelle approche unit les développeurs et les opérationnels. Il est désormais important d’avoir une visibilité sur la performance de bout en bout (applicative et infrastructure). Toutefois, les entreprises doivent également s’adapter continuellement pour proposer des architectures robustes et adaptées pour des nouveaux services métiers ou business modèles.
Dans ce cadre, nos services de diagnostic et de monitoring s’inscrivent dans la continuité des tests de performance. Grâce à ces derniers, nous pouvons non seulement identifier en amont les problèmes de performance, mais aussi les analyser et proposer des solutions, tout au long du cycle de vie des applications de nos clients. L’objectif de ces services étant de permettre l’accroissement de la performance et la capacité de production des unités, tout en effectuant un travail de mesure et une veille permanente des systèmes. Cela permet de prédire les futurs problèmes de performance.
En parallèle, quels sont les autres sujets qui vous mobilisent ?
Tout d’abord, le premier sujet sur lequel nous travaillons et que nous considérons aussi comme le moteur de notre croissance est le traitement de ces problématiques de performances à des stades avancés du cycle de vie des projets. Il n’est plus question de simplement mesurer la performance à la fin d’un projet. Nous devons pouvoir l’intégrer dans le code et ainsi inscrire de bonnes pratiques et des approches qui permettent de coder. Nous avons à coeur de proposer des ressources aux développeurs pour intégrer la composante qualité avec des méthodologies agiles. En effet, la pérennisation des applications est aujourd’hui primordiale. Par ailleurs, après avoir optimisé les applications, nous devons aussi améliorer les processus. La RPA (Robotic Process Automation) est une technologie d’automatisation de tâches d’entreprises reposant sur l’intelligence artificielle que nous utilisons de plus en plus.
Il s’agit principalement de l’automatisation et de l’industrialisation des processus qui permettent d’offrir à nos clients plus de productivité et un gain de temps exceptionnel. Dans ce cadre, en partenariat avec des auditeurs et certains de nos clients, nous mettons en place de nouveaux concepts pour lancer des projets d’automatisation de processus et mesurer la réelle valeur de l’apport en termes de gains.
Vos enjeux ? Vos perspectives ?
Notre principal enjeu est de pouvoir recruter les talents dont nous avons besoin et de les former pour proposer nos services. Aujourd’hui, aucune formation d’école ne correspond à notre métier. Il s’agit en effet d’un domaine qui nécessite de multiples compétences, notamment en matière de codes, d’infrastructure, de configuration et de maturité technique. Il est important d’être passionné. Nous sommes les détectives privés de l’IT. Notre mission est de trouver des optimisations et amener la paix sociale parfois. Pour cela, nous devons en effet, consolider notre socle le plus précieux : notre capital humain.
Nous accompagnons nos collaborateurs qui viennent du monde du développement ou des infrastructures pour les accompagner dans cette réorientation vers l’ingénierie de la performance et de la qualité. Actuellement, dans de nombreuses écoles, nous réalisons des présentations de notre métier pour stimuler cette curiosité vis-à-vis de la performance. Par ailleurs, nous veillons à construire des collaborations pérennes et longèves avec nos clients afin de les aider à mettre en place ces bonnes pratiques de performance, ce qui s’avère bien plus rentable pour eux que des interventions isolées sur des problématiques certes ponctuelles mais récurrentes.