Hydrolienne DCNS, test en rade

Les énergies marines, une opportunité pour la construction navale

Dossier : LA MER : Énergies et ressourcesMagazine N°714 Avril 2016
Par Thierry KALANQUIN

Pour un constuc­teur naval, la mer est son domaine natu­rel. Pour ceux qui y tra­vaillent, c’est sou­vent une pas­sion. Ce lien natu­rel se tra­duit aus­si par un tro­pisme actif en faveur des ques­tions environnementales. 

“ Un constructeur naval maîtrise un très large éventail de solutions ”

D’autre part, l’examen du sec­teur des éner­gies marines renou­ve­lables (EMR) montre qu’il y a, d’un point de vue tech­no­lo­gique et indus­triel, de grandes syner­gies avec le naval de défense, syner­gies qui s’expriment dans trois types d’énergie :

  • l’énergie ther­mique des mers (ETM), qui uti­lise la dif­fé­rence de tem­pé­ra­ture entre l’eau de sur­face, chaude dans les mers tro­pi­cales, et l’eau froide des pro­fon­deurs, pour pro­duire du cou­rant élec­trique 24 heures sur 24, 365 jours par an ; 
  • l’énergie du vent en mer, cap­tée à l’aide d’éoliennes flot­tantes ins­tal­lées au large ; 
  • et enfin, l’énergie des cou­rants de marées, cap­tée à l’aide de tur­bines sous-marines appe­lées hydro­liennes, qui trans­forment l’énergie des cou­rants marins en élec­tri­ci­té, comme les éoliennes avec le vent. 

REPÈRES

En décembre 2015, la France accueillait à Paris la COP 21, couronnée par la signature d’un accord international pour l’environnement visant à limiter le réchauffement climatique en deçà de 2 °C.
La combinaison de volontés politiques partagées par les 195 pays signataires de la COP 21 ainsi qu’une équation économique de l’énergie en pleine évolution sont deux facteurs essentiels favorables à l’émergence du marché des énergies marines renouvelables.

Les atouts d’un constructeur naval

Le pre­mier atout d’un construc­teur naval, en par­ti­cu­lier lorsqu’il four­nit des uni­tés pour le sec­teur très exi­geant de la défense, est de maî­tri­ser un très large éven­tail de solu­tions dans ce domaine. 


L’énergie des cou­rants marins est cap­tée à l’aide de tur­bines sous-marines appe­lées hydro­liennes (ici, test en rade). © DCNS

C’est pour­quoi il peut avoir l’ambition légi­time de jouer un rôle moteur dans le déve­lop­pe­ment de nou­velles filières indus­trielles créa­trices d’emplois et de valeur ajou­tée dans le sec­teur des EMR. Cette ambi­tion s’appuie sur les excep­tion­nelles com­pé­tences humaines et les moyens indus­triels dont il peut disposer. 

Conce­voir, construire et main­te­nir en ser­vice cer­tains des pro­duits les plus com­plexes réa­li­sés par l’homme, au pre­mier rang des­quels le sous-marin requiert des com­pé­tences humaines excep­tion­nelles et des moyens indus­triels que très peu d’entreprises dans le monde peuvent réunir, sur­tout dans des domaines d’excellence variés – depuis la struc­ture des navires armés jusqu’aux sys­tèmes qui per­mettent de les commander. 

L’expérience de la construc­tion navale mili­taire consti­tue donc une excel­lente base pour déve­lop­per une exper­tise dans le domaine de l’énergie.

La maîtrise des grands projets

Dans le domaine des EMR, un construc­teur naval peut donc s’appuyer sur des savoir-faire uniques, enri­chis au cours de son his­toire, pour maî­tri­ser des pro­jets indus­triels tou­jours plus com­plexes et nova­teurs. Aujourd’hui, il dis­pose des moyens indus­triels, de l’expertise et de la connais­sance du milieu marin néces­saires pour jouer un rôle de pre­mier plan sur ce mar­ché, depuis la concep­tion jusqu’à la main­te­nance, sans oublier la construc­tion de ces nou­velles technologies. 

“ Offrir des systèmes clés en main, maintenance comprise ”

DCNS peut ain­si s’appuyer sur son savoir-faire unique acquis dans la construc­tion navale pour se déve­lop­per dans les EMR. Les syner­gies se situent à plu­sieurs niveaux : bureaux d’études déjà spé­cia­li­sés dans les struc­tures chau­dron­nées, savoir-faire pour for­ger des pièces de grande dimen­sion, maî­trise de la cor­ro­sion (la cor­ro­sion marine et la sali­ni­té sont des domaines tech­niques essen­tiels pour l’intégrité des struc­tures), capa­ci­té à réa­li­ser des ins­tal­la­tions dans le milieu dif­fi­cile de la mer. 

Il a éga­le­ment une exper­tise dans le domaine de la maî­trise des maté­riaux, métal­liques ou com­po­sites, et du sou­dage. La maî­trise de l’ensemble de ces domaines tech­niques est essen­tielle pour réus­sir dans les EMR. 

Des systèmes clés en main

DES PROJETS DANS TOUS LES DOMAINES

En France, DCNS, acteur majeur du naval de défense et innovateur dans l’énergie, développe actuellement trois technologies d’énergies marines renouvelables : l’hydrolien, l’éolien flottant et l’énergie thermique des mers (ETM).
L’hydrolien, ou énergie des courants, est en phase préindustrielle. DCNS installe actuellement des fermes de démonstration en France et au Canada avec des turbines de 2 MW, qui seront connectées au printemps au réseau électrique.
Concernant l’éolien flottant, DCNS a noué une coopération avec General Electric, pour offrir un système intégré de turbines flottantes. Dans ce secteur, la France, avec le lancement des fermes pilotes, offre des perspectives de développement très intéressantes.
Dans le domaine de l’ETM, après des avancées significatives en 2015, DCNS poursuit ses développements afin de faire aboutir son projet de centrale flottante en mer NEMO. Ce projet, soutenu par l’Europe, consiste en une centrale flottante de 10 MW prévue pour entrer en service en 2020 au large de la Martinique.

Le groupe sou­haite com­mer­cia­li­ser une offre de pro­duits et ser­vices dans le sec­teur des infra­struc­tures d’énergie de taille inter­mé­diaire (quelques dizaines de méga­watts) pour sites iso­lés, et de grande taille (quelques cen­taines de méga­watts) pour sites très indus­tria­li­sés, sur les zones à fort poten­tiel énergétique. 

Les condi­tions de la réus­site passent par un cadre poli­tique favo­rable, un sou­tien des col­lec­ti­vi­tés locales, des par­te­na­riats avec des PME locales ou natio­nales et des ins­ti­tuts de recherche. 

Par ailleurs, DCNS tra­vaille en amont avec ses clients et par­te­naires éner­gé­ti­ciens, notam­ment sur le déve­lop­pe­ment des sites, pour à la fois pré­emp­ter les meilleurs sites, les plus éner­gé­tiques, et sur­tout maî­tri­ser la res­source, et donc fia­bi­li­ser la don­née d’entrée du productible. 

Ensuite, au-delà de la concep­tion et de la fabri­ca­tion des équi­pe­ments, DCNS, qui tra­vaille tou­jours dans des milieux hos­tiles, comme des zones de très fort cou­rant dans l’hydrolien ou des zones tro­pi­cales cyclo­niques dans l’ETM, maî­trise l’installation et le réseau élec­trique sous-marin per­met­tant de rame­ner l’énergie pro­duite à terre. 

Dans ces envi­ron­ne­ments, la capa­ci­té du groupe à offrir des sys­tèmes clés en main, main­te­nance com­prise, est un fac­teur dif­fé­ren­ciant impor­tant, sécu­ri­sant les pro­jets et per­met­tant de maî­tri­ser par­fai­te­ment le coût de l’énergie.

Projet DCNS de centrale flottante NEMO au large de la Martinique
La cen­trale flot­tante en mer NEMO devrait entrer en ser­vice en 2020 au large de la Mar­ti­nique © DCNS

Poster un commentaire