Les entreprises reconnaissent la valeur du bénévolat
Les bénévoles sont acteurs de la société, c’est bien connu. Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est la mobilisation des entreprises à reconnaître les valeurs de ce bénévolat et à pousser leurs collaborateurs à y consacrer du temps. L’entreprise entre ainsi dans le nouveau siècle, avec un essai de redéfinition de son lien social au moment où elle devient globale, avec la valorisation de ces échanges qui changent le monde.
Demandez à un bénévole ; pourquoi t’engages-tu ? Il répondra intuitivement : s’impliquer c’est accepter de donner et en fait déjà recevoir. Un échange qui se vit et se comprend sans se mesurer. En prenant du temps ainsi, on est très loin du monde virtuel où risquent de se perdre de nombreux jeunes, occupés à nourrir leur hérisson virtuel sur Internet, à aménager leur île sur second life, à jouer au tennis ou au bowling, sur leur WII, avec des victoires bien plus faciles que sur le court ou le parquet.
Un lien social et un engagement
Désirer le monde autrement et s’y employer engage le bénévole à quelque niveau de responsabilité qu’il soit. En aidant celui-ci à réapprendre à vivre, celui-là à aller au fond de lui-même, cet autre à remettre le pied à l’étrier ou en contribuant à rendre la planète plus accueillante, le bénévole s’inscrit dans une chaîne ininterrompue d’engagements et d’échanges.
Le bénévole s’inscrit dans une chaîne ininterrompue d’engagements et d’échanges
Par exemple, le phénomène des banlieues a montré depuis longtemps que l’insertion des jeunes était un axe stratégique. L’accompagnement des anciens dans leur quatrième âge, avec ses défaillances, s’inscrit dans une grande chaîne de respect. Tailler et entretenir les sentiers de découverte offre l’occasion de vivifier sa propre santé en ouvrant à d’autres les joies de la découverte. Le bénévole s’inscrit ainsi dans la tenue d’un lien social par un engagement qui donne un sens à sa vie. Ce n’est pas l’apanage des anciens. Regardons le nombre de jeunes qui se mobilisent dans des actions humanitaires, dans la durée, ou en offrant une année de césure ou de volontariat. C’est en s’investissant qu’on apprend et qu’on développe un sentiment d’utilité. C’est fondamental. Chaque jour qui passe façonne différemment le regard et l’expérience du bénévole.
L’entreprise attentive
Henri de Castries définit le scoutisme comme la première école de management, avec chaque année ses quelques dizaines de milliers de jeunes chefs, souvent étudiants, qui, en se mettant au service de plus jeunes, apprennent déjà pour eux et saisissent l’opportunité d’enrichissement de leur expérience. C’est encore une histoire de bénévolat, avec déjà la compréhension de l’intérêt pour l’entreprise. L’entreprise ne s’y trompe pas. Pour preuve, sa mobilisation pour la promotion d’actions citoyennes souvent menées en accompagnement du bénévolat des collaborateurs. Vingt ans après les premières initiatives, de nombreuses études analysent ce nouvel état d’esprit. Citons par exemple La Société, une affaire d’entreprise, aux éditions d’Organisation, ou Ce qui motive les entreprises mécènes, aux éditions Autrement. Pourquoi Axa, Vinci, France Télécom, la SNCF, Aventis, le Club Med choisissent-ils de tels programmes bien loin de leur propre utilité sociale ? C’est parce que ces expériences de mécénat sont aujourd’hui autant de sources vivifiantes du lien social en entreprise et ne se comprendraient plus sans l’intérêt objectif de pousser, individuellement ou collectivement, les collaborateurs dans des activités bénévoles. C’est, en fait, très simplement pour féconder un esprit maison devenu indispensable au moment où s’engage la guerre des compétences et où l’attractivité de l’entreprise s’inscrit dans des éléments bien plus élaborés que le simple niveau de salaire à l’embauche. C’est un investissement bien compris pour mener ensemble de nombreux challenges : créer un lien culturel entre des collaborateurs aujourd’hui répartis sur tous les continents, ouvrir les fenêtres de l’entreprise sur la société pour mieux saisir son évolution, rester en prise, féconder l’esprit d’équipe et d’innovation, attacher les valeurs managériales à un certain sens des valeurs. Quand une entreprise pousse ses collaborateurs à partager volontairement leur savoir-faire avec des populations » Bottom of the pyramid » à l’autre bout du monde, c’est une équation gagnante pour tous. Elle fait entrer l’entreprise dans le monde. Chaque exemple est une contribution à la richesse collective, en accroissant le savoir et savoir être des jeunes, en redonnant la chance d’être du jeu économique et de travailler pour vivre, en oeuvrant pour un territoire accueillant et à nouveau vivant.
Une citoyenneté en acte
On le voit, s’il fallait calculer l’indice du » bonheur subjectif » comme le propose la New Economics Foundation, les bénévoles seraient les plus nombreux à répondre positivement à cette mesure de la » satisfaction de leur condition « , choisissant l’être mieux à l’avoir plus. Et c’est important des collaborateurs heureux. Nous ne pouvons gagner dans notre vie, y compris notre vie professionnelle, qu’en dépassant nos frontières. C’est le fabuleux destin du bénévolat.
L’exemple de Schneider Electric
On peut citer l’exemple de Schneider Electric, entreprise d’ingénieurs de 130 000 collaborateurs répartis en 130 pays. Sa démarche est la suivante. D’abord, mobiliser chacun de ses 450 sites répartis sur tous les continents afin qu’ils instaurent un partenariat local autour des questions d’insertion des jeunes (dans l’avenir sera envisagé l’accès à l’énergie des plus pauvres).
Ici, ce sera l’accompagnement de 50 filles turques isolées et en déperdition pour qu’elles entrent dans des formations diplômantes, là la construction d’une école technique pour donner la formation utile à des jeunes d’Antofagasta dans le désert chilien.
À Pralognan, l’accompagnement par plus de cent collaborateurs des chantiers d’aménagement d’une structure accueillant des personnes handicapées pour qu’elles connaissent la joie de la montagne et du ski.
Là, le soutien à de jeunes Nord-Africains venus s’échouer à Barcelone dans l’espoir d’une vie meilleure afin qu’ils apprennent un métier et s’engagent dans un projet constructif de retour au pays avec ce nouveau bagage.
Ensuite, mesurer le nombre de sites engagés et faire figurer cette mobilisation dans le tableau de bord de l’entreprise au même titre que la rentabilité et les indicateurs sociaux, environnementaux, industriels.
Enfin, en organisant au jour de l’été un événement festif sur chaque site pour mettre en valeur cet engagement et pour l’accroître, l’occasion d’une convivialité promue.
En savoir plus :
www.barometre.schneider-electric.com