Les femmes doivent prendre leur destin en charge
Le Club » X et Mines au féminin » vient d’être officiellement créé. Il élargit l’action du groupe » Polytechnique au féminin « , lui-même agréé par l’AX en septembre 2007 et qui compte déjà près de huit cents membres. Objectif prioritaire : favoriser la promotion des femmes diplômées de l’X et des Mines dans le monde professionnel et l’élite dirigeante. Sa présidente, Avra Tzevelekis, explique son organisation.
Ivan saura ce que s’engager veut dire. À deux mois à peine, il n’hésite pas à parcourir les rues de la capitale, en sac à ventre et sac au dos, pour venir rencontrer dans un bistro louche quelque vieux renard de la presse. C’est que le temps est compté. Sa maman, Avra Tzevelekis, présidente avec un mandat d’un an, croit en l’action sur le terrain pour que les choses bougent. Elle fait équipe avec douze autres jeunes femmes, afin d’aider les femmes diplômées de l’X et des Mines à trouver les clés qui régissent les promotions et des pistes pour résoudre les équations de l’équilibre personnel.
Un réseau de femmes
Mais comment devient-on présidente d’un » Club au féminin » ? » En débutant chez General Electric (GE), où j’exerçais des fonctions de chef de projet dans une branche industrielle, à dominante masculine, j’ai découvert un réseau de femmes, le GE Women Network, dont la préoccupation première était de donner un cadre d’échanges permettant de décoder l’entreprise. Quelques années plus tard, j’ai retrouvé à L’Air Liquide, en même temps qu’un travail correspondant à mes aspirations, le même esprit d’ouverture et d’aventure s’efforçant de donner aux femmes l’opportunité d’exprimer leur plein potentiel. » J’étais donc bien convaincue de l’utilité de tels réseaux pour aborder les vies privée et professionnelle avec lucidité et agir ou faire des choix en connaissance de cause. Ainsi, lorsque Nathalie Charles (84, vice-présidente de X et Mines au féminin), en marge d’une enquête du GEF (Grandes écoles au féminin) fit une ouverture, tous les éléments étaient réunis pour que je m’engage avec conviction dans l’animation d’un réseau de diplômées. C’était en 2002 et nous avons atteint un régime de croisière en 2006. »
Une prise de conscience
Mais, comment promouvoir les femmes ? » D’abord, en agissant pour une prise de conscience générale de la situation. Ensuite, en construisant des réseaux informels. Puis, en mobilisant les diplômées de nos deux écoles autour des thèmes qui les touchent et en partageant nos expériences et nos points de vue. Enfin, en se rapprochant des diplômées d’autres grandes écoles pour enrichir nos recherches et nos réflexions. » En pratique, ce sont des réunions qui permettent aux diplômées de même formation d’échanger leurs expériences. » Il est important, souligne Avra Tzevelekis, de ne pas se sentir seule, de découvrir que son cas n’est pas unique, de pouvoir s’inspirer de l’exemple d’autres, et d’envisager et discuter diverses solutions avec des pairs qui n’auront pas de préjugé. »
Gérer des temps de vie, situer son ambition, gérer son image
Les membres du Club traversent toutes diverses étapes dans leur vie de femme. » Les plus jeunes, disons jusqu’à trente-cinq ans, se préoccupent de leur image et de leur promotion dans leur première ou leur deuxième entreprise. Une femme doit oser se mettre en avant et communiquer sur son ambition, ses valeurs, ses capacités, sans se sous-estimer et s’autocensurer. » » Arrivent ensuite ce qu’on peut appeler » des virages de la vie « . Les enfants ou, un peu plus tard, les parents âgés et souvent à charge. Entre-deux il a pu y avoir expatriation et retour à gérer. » De façon générale il faut en permanence équilibrer sa vie privée et sa vie professionnelle. » » Tout cela est également vrai pour les hommes, mais il faut reconnaître aux femmes une mobilisation sur le volet famille – voire une culpabilisation – traditionnellement plus forte, qui oriente vers des parcours de carrière moins linéaires. »
Des événements mensuels
Le fonctionnement pratique du Club est simple. Le Bureau, qui se renouvelle tous les ans, se réunit une fois par mois, alternativement en session de travail et dîner convivial. Les douze membres s’engagent à proposer et organiser chacune un » événement » par an et à participer aux réunions au moins une fois sur deux. L’événement est une conférence, un atelier ou des témoignages, le soir à partir de 19 heures, suivis d’un cocktail – généralement dans un local prêté par l’École des mines ou le Boston Consulting Group, cabinet de conseil en stratégie qui s’intéresse de près au sujet, ou alors sous forme de dîner. Entre trente et quarante personnes s’inscrivent chaque fois et participent aux frais à hauteur de dix à vingt euros par personne, ou pour le prix du dîner.
Et les hommes ?
» Mon mari, lui-même ingénieur et manager chez France Télécom, m’a toujours soutenue. Au début, mes réunions » de femmes » lui paraissaient aimablement gentillettes. Maintenant, il nous prend beaucoup plus au sérieux. Il reconnaît même qu’il s’est enrichi lui-même à notre contact. La gestion de carrière tout en réussissant l’équilibre » vie privée-vie professionnelle » qui convient à l’individu est aussi un souci masculin et l’on peut très bien imaginer qu’un homme mette sa carrière en veilleuse pour aider sa femme à réussir la sienne. Mais, peut-on réellement concilier carrière féminine et vie de famille ? » C’est une question de bonne gestion. Je veux avoir trois enfants, mais j’ai aussi l’ambition d’avoir une carrière professionnelle et des responsabilités opérationnelles importantes. Il est bien connu que les enfants sont d’autant plus épanouis que leur maman (et leur papa) l’est ! ça se planifie avec lucidité, ça s’organise avec minutie et ça se met en œuvre avec enthousiasme et conviction, le tout à deux. » Ivan opine du chef, en finissant sa bière…