Les grands vins de la rive gauche (Médoc)
La taille de cette région, le nombre de châteaux ont rendu nécessaires des classements, comme le classement de 1855 qui n’a connu qu’une seule modification, en 1973, quand Mouton-Rothschild est passé du statut de second cru classé à celui de premier cru classé. L’arrêté a été signé par le ministre de l’Agriculture d’alors, un certain Jacques Chirac… Cette hiérarchisation des vins rouges et blancs de la Gironde (concernant en fait uniquement le Médoc et Sauternes et Barsac, à la seule exception de Haut-Brion, situé dans les Graves) était basée sur le prix des vins sur une période de trente ans. C’est donc un classement entièrement fondé sur les réalités du marché, ce qui explique sa pérennité, bien qu’il mériterait aujourd’hui quelques adaptations. Malheureusement, c’est un classement sans clause de révision, ce qui rend tout changement très difficile.
Ces crus prestigieux sont chers, mais ils deviennent plus abordables si on achète le second vin produit par chaque propriété. Le second vin est fait à partir d’assemblages qui ont été écartés pour le grand vin, qui est le résultat d’une sélection impitoyable. Il n’en reste pas moins qu’il provient du même terroir que le grand vin et bénéficie du savoir-faire de l’équipe technique d’un grand château. Dans toutes les propriétés que nous citons et où nous recommandons l’achat du second vin, nous citons son nom entre parenthèses, après celui du grand cru. On trouve ces seconds vins entre 10 et 50 euros, selon le millésime et la réputation du cru.
Dans le Médoc, les quatre communes qui abritent la quasi-totalité des crus classés sont Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe.
D’une superficie de 1 350 hectares (9 % du vignoble du Médoc), l’appellation Margaux rassemble 21 crus classés en 1855, dont un premier (Château Margaux) et cinq seconds. Cette appellation présente la particularité de figurer à chacun des cinq degrés du classement de 1855. Les crus classés représentent 69% de la production. Délicats et élégants, les Margaux, qui développent souvent des arômes de violette, sont également des vins solides et de grande garde.
Meilleurs vins : Château Margaux (Pavillon Rouge de Château Margaux), Château Palmer (Alter Ego de Palmer), Château d’Issan (Blason d’Issan), Kirwan (Les Charmes de Kirwan), Brane-Cantenac (Baron de Brane) et Cantenac-Brown (Canuet).
Située au centre du Médoc, entre Margaux et Pauillac, l’appellation Saint-Julien peut être considérée comme relativement peu étendue, avec 900 hectares, mais elle rassemble une des plus importantes concentrations de crus classés dans le Médoc (11 crus classés dont 5 seconds). On dit des vins de Saint-Julien qu’ils ont “ la force des Pauillac et la finesse des Margaux”. Ce sont des vins rouges racés et puissants, qui ont beaucoup de distinction. Ils s’expriment pleinement après quelques années de garde.
Meilleurs vins : Château Léoville-Las Cases (Clos du Marquis), Château Léoville-Poyferré (Moulin-Riche), Château Gruaud-Larose (Le Sarget de Gruaud-Larose), Château Lagrange (Fiefs de Lagrange), Château Branaire (Duluc).
L’appellation Pauillac, d’une superficie de 1 200 hectares, est entre Saint-Julien et Saint-Estèphe. C’est l’appellation la plus prestigieuse du Médoc. Dix-huit châteaux situés de cette commune figurent dans le classement des vins de Bordeaux de 1855, dont trois des cinq premiers crus classés. Les vins de Pauillac représentent à bien des égards l’archétype du grand cru de Bordeaux. Ce sont des vins rouges très pleins, austères quand ils sont jeunes, mais qui s’assouplissent avec l’âge. Dans les grands millésimes, ils ont un fabuleux potentiel de vieillissement.
Meilleurs vins : Château Lafite-Rothschild (Carruades de Lafite), Château Mouton-Rothschild (Le Petit Mouton de Mouton-Rothschild), Château Latour (Les Forts de Latour), Pichon-Longueville Comtesse de Lalande (Réserve de la Comtesse), Pichon-Longueville Baron (Les Tourelles de Longueville), Lynch-Bages (Haut- Bages-Avérous), Duhart-Milon (Moulin de Duhart), Pontet-Canet (Les Hauts de Pontet).
Saint-Estèphe est l’appellation la plus septentrionale et – avec 1 245 hectares –, la plus étendue des appellations communales du Médoc. Elle compte cinq crus classés en 1855 (dont deux seconds crus classés : Cos d’Estournel et Montrose, qui figurent parmi les meilleurs vins du Médoc) et de nombreux crus bourgeois. Les vins de Saint-Estèphe sont des vins puissants, charnus et fruités. Ils peuvent vieillir longtemps tout en conservant jeunesse et fraîcheur.
Meilleurs vins : Château Cos d’Estournel (Les Pagodes de Cos), Château Montrose (La Dame de Montrose), Château Calon-Ségur (Marquis de Calon), Château Phélan-Ségur (Franck Phélan), Château Les Ormes de Pez.